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Économie

Tout financement de l'innovation est valable tant qu'il va dans l'intérêt du patient

Petites entreprises développant des outils e-santé, industriels et institutions de santé se sont regroupés au congrès Innov'inMed afin d'échanger sur des projets respectifs et de mettre en relation les acteurs qui développent les outils, ceux qui les financent et ceux qui les utilisent. Tous souhaitent voir se développer les projets et leur utilisation.Présidé par Dario Mougel, directeur général de MCO Congrès, spécialisé dans la santé, le congrès Innov'inMed s'est tenu ces 26 et 27 octobre à Marseille, et a notamment mis l'accent sur les moyens mis en œuvre pour développer les projets et les pratiques de la e-santé. Hospimedia s'est rendu sur place pour interroger les intervenants sur la question des financements des projets e-santé et de leur exploitation. "L'objectif est que les entreprises repartent avec des rendez-vous de contrats", appuie le directeur. Pour Françoise Dignat-George, doyenne de la faculté de pharmacie d'Aix-Marseille (Bouches-du-Rhône), "la recherche progresse grâce à des partenariats entre des organismes publics et privés", et c'est bien l'idée de décloisonnement que tous les intervenants veulent faire passer. Avec le développement de la médecine 4P (prédictive, préventive, personnalisée et participative), des interfaces d’intervenants en recherche sont nécessaires et l'évolution de la recherche doit se faire dans le sens du patient vers la paillasse du chercheur, "from patient to bench", estime-t-elle. "Les centres de recherche et les établissements ont besoin de fonds supplémentaires du ministère chargé de la recherche, qui doit développer des partenariats avec des fondations et organismes privés, nécessaires pour créer des passerelles entre organismes académiques, universitaires et privés."

Utiliser l'innovation pour générer des économies

Dans l'hôpital public, l'innovation en e-santé est perçue comme une source d'économies sur certains actes permettant l'autofinancement de nouveaux dispositifs par les établissements eux-mêmes. Pascal Thomas, président du centre de gestion des blocs opératoires de l'hôpital Nord de l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM), estime que le parcours des outils de la e-santé doit se faire à partir du patient, et que tous les moyens disponibles doivent être étudiés et exploités s'ils répondent à leurs intérêts. Ainsi, "que ce soient les institutions publiques ou des petites entreprises privées qui initient les projets, il faut saisir les opportunités de faire avancer la recherche pour l'hôpital public. Les financements privés offrent une souplesse qui n'est pas présente dans les administrations publiques, trop lourdes administrativement". Il considère, comme l'ensemble des professions médicales, que la e-santé offre des outils au service d'organisations humaines, et qu'ils ne les influencent pas. "Ce sont les compétences humaines qui permettent des avancées, pas les outils eux-mêmes".

Dans l'hôpital où il exerce, c'est l'organisation humaine qui est réellement coûteuse, le déploiement des compétences pour l'exploitation des outils, "il faut penser aux économies générées par l'innovation, qui permettent le financement de projets faisant évoluer les pratiques". Éric Berton, vice-président de l'université Aix-Marseille, souhaite sensibiliser les chercheurs et les étudiants à l’innovation avec des cours sur l’entreprenariat et la propriété intellectuelle afin que les professionnels de la santé ne soient plus uniquement spécialistes des pathologies mais également de l'environnement socio-économique des établissements qui les traitent. Il met en avant la nécessité de faire évoluer les cursus, et pour cela, il faut mobiliser les investissements publics dans l'université. Sa volonté est de tendre vers la mise en place de chaires avec de grands industriels qui sont en mesure de développer les outils à grande échelle, en coopération avec les professionnels formés à leur utilisation.

Des sources de financement variées mais pas toutes exploitées

Certains acteurs privés prônent la position centrale du patient dans le parcours de soins, à l'image de la société Bepatient. Loïc Le Tallec, cardiologue et membre de la société française, explique qu'il est important de savoir saisir les opportunités de financement lorsque l'on souhaite voir un projet se développer. Il existe de nombreuses sources d'investissement, "chacune proposant un financement dans le but de récolter un intérêt non seulement pour elle-même, mais aussi pour la société, le patient. C'est sa caution de pérennité." Ainsi, les investisseurs peuvent venir du cadre associatif par des dons ou dotations, être insérés dans le parcours de soins, comme les établissements hospitaliers publics, ou encore émaner de groupes de santé privés investis dans l'innovation, présente-t-il en donnant l'exemple du groupe Elsan qui a investi dans la société Bepatient sur les dispositifs de suivi de l'insuffisance cardiaque à la suite du décret du 19 octobre 2010 sur la télémédecine. D'autres sources plus conséquentes mais encore peu valorisées en France sont également possibles, telles que les fournisseurs industriels, à l'image de laboratoires pharmaceutiques, les assurances et mutuelles de santé, et enfin les groupements de coopération sanitaire (GCS), qui développent de nombreuses applications pour une meilleure cohésion entre les services médicaux.

Charles Deyrieux, à Marseille

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