Un sondage vient à point nommé conforter les propositions de réforme du système de santé de la FHF
C'est un sondage qui, selon la FHF, vient conforter ses positions en faveur d'une profonde réforme du système de santé. C'est aussi un sondage qui arrive "à point nommé", aux dires du président de la Fédération, Frédéric Valletoux. Soit à la veille des Salons santé autonomie inaugurés ce 20 mai à Paris en présence de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, mais surtout "à quelques jours (...) de certaines annonces sur la loi d'orientation sur l'hôpital".
Ce
sondage FHF-Ipsos sur les Français et le système de santé a été
réalisé du 28 avril au 6 mai auprès d'un panel de 1002 personnes
interrogées en ligne. Présenté lors d'une conférence de presse
lundi 19 mai au siège de la FHF à Paris, il révèle que 9 Français sur 10
estiment que les hôpitaux français offrent des soins de qualité.
Ils sont même 73 % à considérer que leur système de santé
est le meilleur du monde. Pour autant, 50 % des sondés pensent
qu'"il y a de plus en plus d'erreurs médicales, de problèmes
de sécurité et de qualité des soins à l'hôpital".
On se ferait mieux soigner quand on a de l'argent
Le
système de santé en France est menacé pour 94 % des sondés
par "les problèmes de financement des dépenses de santé" ;
pour 91 % par la "mauvaise répartition des médecins sur
le territoire" ; pour 88 % par "l'augmentation du
reste à charge pour les patients" ; pour 88 % par "les
fraudes et abus". Par ailleurs, 92 % jugent que "ceux
qui ont de l'argent ont plus de possibilités de se faire bien
soigner" et 74 % acquiescent à l'idée que "les
innovations et les meilleurs traitements ne sont pas proposés à
tous les patients". Ils sont seulement 42 % à penser que
"tous les patients sont traités équitablement".
Autre
pourcentage à noter : 48 % des personnes interrogées ont
déjà renoncé à consulter, réaliser des soins ou des examens pour
des raisons financières. Le questionnaire invitait également les
sondés à préciser leur délais d'attente lors de la prise de leur
dernier rendez-vous médical. Il se monte à 55,7 jours pour un ophtalmologiste ; 30,7 jours pour un
médecin spécialiste de l'hôpital ; 26,8 jours pour un
médecin spécialiste en ville ; 21,5 jours pour un IRM et 2,1
jours pour un médecin généraliste.
Mesures gouvernementales jugées insuffisantes
1
Français sur 2 juge que les mesures gouvernementales qui vont être
prises prochainement "ne vont pas s'attaquer au fond des
problèmes". Pour 30 %, elles représentent même une
menace. Alors que les Français étaient traditionnellement peu
enclins à réformer leur système de santé, ils en appelleraient
aujourd'hui "au changement", selon Laïla Idtaleb, directrice du département santé d'Ipsos Public affairs. 97 % des sondés aspirent à une meilleure
coopération entre l'hôpital et les maisons de retraite. Pour 77 %
d'entre eux, les médecins de ville et les médecins à l'hôpital
communiquent mal entre eux. 96 % sont favorables à des
coopérations entre hôpitaux au sein d'un même territoire. 83 %
sont pour une participation aux soins les jours fériés, week-ends
et nuits des structures de soins et médecins bénéficiant de
financements publics.
Un salon avec toutes les fédérations à Marseille
Ce serait une bonne chose que les équipes médicales se déplacent là où il y a moins d'hôpitaux pour 83 % de sondés ou que l'hospitalisation puisse se faire à domicile pour 62 % d'entre eux. En revanche, pour 40 %, ce serait une mauvaise chose que la sortie de l'hôpital se fasse le jour de l'opération. 37 % ont déjà eu à faire des examens inutiles ou redondants. Enfin, 75 % des personnes interrogées pensent que les hôpitaux publics devraient récolter plus de financements privés (dons, partenariat avec les entreprises, prise en charge de malades étrangers).
"Nous
défendons depuis longtemps cette idée qu'il faut élargir les modes
de financement", a commenté Frédéric Valletoux. Avant de
s'attarder brièvement sur le cas de
l'hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt
(Hauts-de-Seine), établissement de l'Assistance publique-hôpitaux
de Paris (AP-HP), qui a réservé du
8 au 13 mai dernier, une dizaine de chambres ainsi qu'une salle de
repos pour un émir accompagné de sa garde rapprochée (lire
ci-contre). "Si
c'est une source de financement, je ne vois pas pourquoi il faudrait
s'en priver",
a
déclaré le président de la FHF. Gérard Vincent, délégué
général de la FHF, a annoncé dans la foulée : "On
lance au mois de décembre prochain à Marseille le premier Hôpital
expo Méditerranée avec pour objectif de vendre le savoir-faire
français."
Une
initiative à laquelle participeront FHF, FHP, Fehap et Unicancer.
Rendre obligatoires les coopérations
Ce sondage tombe décidément à pic pour la FHF. Il lui donne l'occasion de bien remettre sur le devant de la scène ses propositions pour économiser 5 à 7 milliards d'économies en 5 ans dévoilées il y a un peu plus d'un mois (lire ci-contre). Pour rappel, la Fédération voudrait rendre obligatoires les coopérations entre établissements, développer l'HAD, lutter contre les actes et prescriptions inutiles, réguler le premier recours...