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Politique de santé

Le nombre de passage aux urgences diminue grâce à la hausse de l'activité des généralistes

La première étude nationale sur le recours aux urgences selon les habitudes des usagers, dont Hospimedia dévoile les résultats en exclusivité, souligne les inégalités territoriales d'accès à ces services hospitaliers et aux médecins généralistes.Sans surprise, il existe une "corrélation significative" entre le nombre de consultations chez les médecins généralistes par habitant et le nombre de passages aux services des urgences sans hospitalisation par habitant. Les hôpitaux et cliniques sont ainsi moins sollicités quand les consultations chez un médecin généraliste sont plus courantes. Cette conclusion fait partie des résultats de la première étude nationale sur le recours aux urgences hospitalières réalisée par Jean-Marc Macé, géographe et professeur des universités au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) avec la collaboration d'Albert Da Silva Pirès, responsable des partenariats institutionnels chez Geoconcept.

Les inégalités selon les habitudes des usagers

Hospimedia dévoile les premières conclusions de ce travail de recherche qui met en exergue les inégalités d'accès aux soins sur le territoire métropolitain. La désertification médicale est en effet plus sévère dans certaines régions. L'approche de Jean-Marc Macé diffère des analyses plus courantes dans le sens où il travaille autour de "territoires vécus". Ces derniers sont dessinés à partir des habitudes des usagers du système de santé et de leur commune d'origine. Il recense 452 bassins autour de services d'urgences sur l'ensemble de la France. Les inégalités d'accès aux soins sont ainsi évaluées à cette échelle.

452 "territoires vécus" de taille différente

Les flux d'usagers vers les services d'urgences dessinent 452 "territoires vécus" selon les travaux de Jean-Marc Macé, géographe au Conservatoire national des arts et métiers. D'après son étude, ces "territoires suivent une logique populationnelle, c'est-à-dire que les grands territoires sont situés dans les grandes villes comme celles de Lyon (Rhône), de Nantes (Loire-Atlantique), de Toulouse (Haute-Garonne), Rennes (Ille-et-Vilaine) ou Lille (Nord)". Le territoire le plus dense dessiné par les pratiques spatiales des usagers est celui de l'agglomération de Lyon, avec un bassin de 1,3 million d'habitants. À l'inverse, le moins peuplé est celui de Die (Drôme) avec moins de douze habitants.

Une offre de premier recours inégalement répartie

Le recours moyen est de 23 passages aux urgences pour 100 habitants mais Jean-Marc Macé relève des disparités infra-régionales et infra-départementales. Un tiers de la population, soit 22,2 millions d'habitants, réparti dans 135 territoires de santé ont ainsi une consommation inférieure à la moyenne de passages aux urgences. Il s'agit, par exemple, des bassins de Bordeaux (Gironde), Pessac (Gironde), Bastia (Haute-Corse) ou encore Nantes (Loire-Atlantique).

À l'inverse, dans 123 territoires vécus de 15,1 millions de patients potentiels, le recours aux urgences est supérieur à la moyenne nationale. "Les huit premiers territoires des plus fortes consommations de services des urgences abritent des populations franciliennes plutôt défavorisées", souligne Jean-Marc Macé, géographe au Cnam, dans son étude, avec des moyennes oscillant entre 42 et 55 passages pour 100 habitants. Le territoire vécu le plus consommateur est celui de Marseille Nord avec 62,5 passages pour 100 personnes. Ces données sont cartographiées avec le nombre de médecins généralistes et le nombre moyen de consultations dans chaque territoire vécu. Là encore, des inégalités territoriales sont présentes. 30 territoires vécus, éloignés des métropoles et des littoraux ou parmi la grande couronne parisienne, sont particulièrement défavorisés avec une faible densité de médecins généralistes.

Des temps d'accès qui manquent d'homogénéité

Ce croisement de données permet de souligner la corrélation entre l'activité des généralistes et celle des urgences. Ces inégalités en termes d'offre ne sont pas pleinement compensées par un temps d'accès homogène sur l'ensemble du territoire. Le réseau des urgences est en effet structuré et réparti sur l'ensemble du territoire mais 8% de la population métropolitaine est située à plus d'une demi-heure d'un service en temps de route. À l'inverse, 59% de la population habite à moins de 15 minutes d'un service d'urgences et 33% entre quinze et trente minutes. L'analyse en territoire vécu relève que 59 000 personnes habitent à plus d'une heure et demi d'un service des urgences en temps de trajet routier. L'île d'Yeu (Vendée), les vallées de Sallanches (Haute-Savoie) et de Corte (Haute-Corse) figurent parmi ces territoires.

La méthodologie utilisée

Ces travaux s'appuient sur les données de remboursement du système national d'information inter-régimes de l'Assurance maladie (Sniiram), de la statistique annuelle des établissements (SAE) et du programme de médicalisation des systèmes d'informations (PMSI) pour l'année 2015. Les premières sont les plus exhaustives sur les passages sans hospitalisation. Cette étude se concentre sur cette activité des urgences. Jean-Marc Macé estime qu'il existe un "delta de 3 à 5%" de patients non pris en compte, à savoir ceux qui ne se font pas rembourser après leur passage. 

Enfin, l'activité de certains sites n'est pas identifiable lorsque cette activité est regroupée dans l'établissement du siège social. C'est le cas, par exemple, du centre hospitalier intercommunal de Cornouaille (Chic), pour lequel l'activité de Concarneau (Finistère) est regroupée avec celle de Quimper (Finistère).

Jérôme Robillard

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