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Les acteurs de la santé s'organisent pour répondre aux cas de coronavirus

Fermeture temporaire de la réanimation du CH de Creil, circuit dédié au CH d'Annecy, ARS sur le front... Le monde de la santé s'organise pour prendre en charge les personnes atteintes du Covid-19. Les professionnels de santé libéraux s'inquiètent pour leur protection. Des mesures sont à prendre à destination des personnes âgées et fragiles.Au 27 février à 19 heures, la France enregistre trente-huit cas de personnes atteintes du Covid-19, selon le dernier point de situation effectué par le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran. Plus tôt dans la journée, ce chiffre s'élevait à dix-huit. Cinq patients atteints de ce nouveau coronavirus étaient alors hospitalisés et onze personnes ont été soignées et sont sorties de l'hôpital, est-il précisé. En outre, deux décès liés au Covid-19 ont été constatés : un homme de 81 ans hospitalisé à Paris et un homme de 60 ans diagnostiqué fin février 2020, également hospitalisé à Paris.

Pour ce dernier cas, l'ARS Hauts-de-France explique que la dégradation préoccupante de son état de santé "a conduit à procéder à un test de coronavirus et au transfert du patient le 25 février [du CH de Creil (Oise) vers] la Pitié-Salpêtrière (Assistance publique-hôpitaux de Paris)". Il est décédé dans la nuit du 25 au 26 février. Cette personne ne s'étant pas rendue dans des zones d’exposition à risque, elle n'a dans un premier temps pas été identifiée "comme [un] cas possible de coronavirus". Une seconde personne, hospitalisée dans un état grave dans le service de réanimation du CHU Amiens-Picardie (Somme) et auparavant au CH Compiègne-Noyon (Oise), se trouve aussi dans cette situation. Des investigations sont donc en cours "pour déterminer la source de ces deux contaminations", ajoute l'ARS.

Le SML demande des moyens pour les médecins libéraux

En première ligne pour répondre aux inquiétudes des patients sur le coronavirus, les médecins libéraux ne sont pas préparés et "ne disposent pas encore des moyens de protection qui leur sont nécessaires". Dans un communiqué de presse, le Syndicat des médecins libéraux (SML) explique qu'ils ne disposent "d'aucun stock préventif de matériel de protection pour eux-mêmes et leur personnel". Le syndicat demande au ministère des Solidarités et de la Santé "d'accélérer le déblocage de matériel en lien avec les pharmacies d'officine dans le cadre de la coordination de proximité". Le Conseil national de l'ordre des pharmaciens (Cnop) a diffusé le 26 février un message aux pharmacies d'officine via le dossier pharmaceutique pour indiquer que, conformément aux annonces d'Olivier Véran, ministre de la santé, des masques chirurgicaux seront mis à disposition par les grossistes-répartiteurs dans le courant de la semaine prochaine destinés "aux seuls professionnels de santé sur présentation d'un bon de l'Assurance maladie". Olivier Véran lors de la conférence de presse du 26 février a en effet annoncé que 15 millions de masques seraient déstockés et répartis dans les officines pour les professionnels de santé et les personnes à risque.

Fermeture temporaire de la réanimation à Creil

Une cellule de crise a été immédiatement mise en place hier soir par l'ARS Hauts-de-France, en lien avec la cellule régionale de Santé publique France, les Samu, le centre d'appui pour la prévention des infections associées (Cepias) de la région et les établissements de santé concernés (Creil, Compiègne, Amiens). Elle travaille depuis le 25 février à l’identification des personnes avec lesquelles les deux personnes ont été en contact rapproché. De plus, les patients et soignants des CH concernés "sont en cours d'évaluation quant à leur niveau de risque en termes d'exposition". Les patients ont également consulté des médecins généralistes, auprès desquels les mêmes investigations sont en cours, signale l'ARS.

Au CH de Creil, une cellule de crise a été activée dans la nuit du 25 au 26
 février ainsi qu'un plan blanc "afin de rappeler du personnel hospitalier pour la mission de recherche de cas de contacts hospitaliers", explique l'ARS à Hospimedia. Une évaluation du risque pour les soignants du service de réanimation a également été menée en présence de Santé publique France et du Cepias. "À l'issue de cette évaluation [...], il a été décidé la fermeture du service de réanimation pour quatorze jours", à compter du 26 février, ajoute-t-elle. Le groupe hospitalier Sud-Oise indique à son tour dans un communiqué que cette fermeture temporaire concerne le service de réanimation adultes et l'unité de soins continus jusqu'au 10 mars inclus, due à la mise en confinement d'une grande partie des professionnels qui ont été en contact direct avec le patient.

Circuit dédié à Annecy

Du côté du CH Annecy-Gennevois (Haute-Savoie), un nouveau cas d'infection par le Covid-19 a été confirmé chez un patient le 26 février. L'établissement rappelle dans un communiqué qu'un circuit a été mis en place avec le Samu 74 et a permis sa prise en charge après appel au Centre 15. Désormais, l'équipe spécialisée en maladies infectieuses s'en occupe selon les protocoles de soins en vigueur. "Il est confiné en chambre dédiée" et ne présente "aucun signe de gravité et son état n'inspire pas d'inquiétude", note le CH. Une cellule de crise a été activée en parallèle pour adapter, en lien avec l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes et le ministère des Solidarités et de la Santé, la stratégie en fonction de l'évolution de la situation. En outre, il a revu son organisation interne pour mieux accueillir les patients. Le CH cite notamment une augmentation des capacités dédiées exclusivement au Covid-19 dans le service des maladies infectieuses avec un passage à dix lits puis, dès le 27 février, à vingt-deux lits.

Épidémie probable

En visite à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière ce 27 février, le président de la République, Emmanuel Macron, a déclaré devant les personnels et professionnels de santé que "l'on a devant nous une épidémie, une crise qui arrive ce qui suppose de s'organiser à chaque étape, différemment, et l'affronter au mieux". À l'issue d'un point avec les présidents des assemblées, les présidents des groupes parlementaires, les chefs de partis et les présidents des grandes associations d'élus ce 27 février, le Premier ministre, Édouard Philippe, a indiqué que, même si l'épidémie est probable, la France se trouve actuellement au stade un. C'est-à-dire, précise-t-il dans un communiqué, que le virus "n'est pas en circulation générale dans la population, comme c'est le cas pendant une épidémie de grippe par exemple". Et aujourd'hui, la meilleure façon de se protéger est "d'adopter les gestes simples recommandés par nos médecins pour lutter contre la propagation du virus" : se laver les mains aussi souvent que possible, une fois par heure ; tousser dans son coude ; utiliser des mouchoirs à usage unique. Et d'insister sur le fait que 108 hôpitaux "se tiennent prêts à recevoir des malades". Tous les territoires étant couverts, en ville comme à la campagne, en métropole et outre-mer. Par ailleurs, 200 millions de masques supplémentaires ont été commandés s'ajoutant aux réserves déjà constituées. De même, les capacités de diagnostic, pour produire le nombre de test suffisants notamment si l'épidémie se développe, ont été augmentées.

Accompagner les personnes âgées et fragiles

Dans un communiqué, le Synerpa souhaite que des directives de prévention claires pour l'accompagnement des personnes âgées soient données par le Gouvernement. À l'instar de ce qui a été mis en place par le ministère de l'Éducation nationale pour les écoles, il semble impératif notamment que l'accès aux établissements accueillant des personnes âgées soit limité et réglementé "pour toute personne provenant de Chine, Corée du Sud, Macao, Hong Kong, Singapour et Italie (Lomardie et Vénétie) ou toute personne ayant été en contact avec un voyageur venant de ces pays". Citée dans le communiqué, la déléguée générale de la confédération, Florence Arnaiz-Maumé, rappelle que les personnes âgées en établissement ou à domicile "sont les plus fragiles face à ce virus". "C'est pourquoi, nous demandons au Gouvernement des directives claires et précises afin de prévenir une crise sanitaire majeure."

Même tonalité pour France Assos santé qui dans un communiqué rappelle que la contamination au Covid-19 peut être plus grave pour les personnes malades et âgées et les personnes présentant une maladie chronique ou une immunité affaiblie. "Ces personnes plus vulnérables doivent être identifiées au plus vite, en mobilisant tous les acteurs de soins, y compris les professionnels de santé de terrain et les établissements médico-sociaux", indique-t-elle. Et d'ajouter que la prévention "est la seule arme disponible actuellement afin d'éviter que des populations déjà fragiles restent au bord de la route". France Assos santé a dans ce cadre publié une note d'information rappelant les comportements adaptés.

Géraldine Tribault

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