Gestion des risques
Le secteur handicap est invité à protéger les plus fragiles contre le coronavirus
Mis à jour le
Inciter quand cela est possible au retour à domicile en maintenant, voire en renforçant les accompagnements, adopter des mesures de confinement identiques aux Ehpad dans les internats, mobiliser les accueils temporaires pour les personnes dont un proche serait touché par le coronavirus... le secteur handicap bénéficie enfin de consignes claires.
Entre l'annonce du confinement des Ehpad le 11 mars, celle du président de la République le 12 actant la fermeture des établissements scolaires sans préciser si l'éducation spécialisée était concernée, les gestionnaires du secteur handicap ont dû attendre une téléconférence avec Sophie Cluzel, secrétaire d'État en charge des Personnes handicapées le 13 en milieu d'après-midi pour bénéficier de consignes claires sur la gestion du coronavirus.
Pendant plusieurs jours les gestionnaires et les familles ne savaient plus sur quel pied danser entre les consignes contradictoires d'une ARS à l'autre — en dehors de la gestion des clusters qui nécessite des mesures particulières — voire l'absence totale de consignes dans de nombreux cas. Le Groupe polyhandicap France (GPF) avait même écrit dès le 11 mars au ministre de la Solidarité et de la Santé et à la secrétaire d'État pour demander des mesures de prévention et de prise en charge dédiées puisque, pour le Samu, les personnes polyhandicapées non âgées n'étaient pas jugées prioritaires alors même qu'elles font partie des publics les plus à risque au vu des problèmes respiratoires qu'elles rencontrent au quotidien.
Les pouvoirs publics précisent qu'en dehors des clusters '"un délai de huit jours est laissé aux externats accueillant des enfants et des jeunes en situation de handicap pour organiser les conditions du maintien à domicile, avec continuité de l'accompagnement et garantir aux enfants ne pouvant être pris en charge par les familles des solutions adaptées". Les parents concernés bénéficieront, comme les autres, du système d'indemnités journalières mis en place par la Sécurité sociale.
En cas d'hospitalisation, les personnels médico-sociaux interviendront en appui des professionnels de santé, notamment pour les personnes polyhandicapées. Une mesure jugée insuffisante pour Marie-Christine Tezenas, secrétaire générale du GPF interrogée par Hospimedia. Elle regrette que des consignes claires sur la priorité absolue des personnes polyhandicapées n'ait pas été donnée aux soignants et s'interroge sur la possibilité pour des associations, souvent spécialisées dans le polyhandicap et donc ne pouvant pas mobiliser d'autres ressources, d'assurer un accompagnement renforcé durant la période.
Aucune mesure particulière n'a été annoncée pour les établissements et services d'aide par le travail (Esat) mais d'après Jean-Louis Leduc, Sophie Cluzel, s'est engagée à ce qu'ils soient éligibles aux compensations économiques liées à la perte d'activité, au même titre que les entreprises adaptées. Enfin, les professionnels médico-sociaux sont considérés, tout comme les professionnels de santé, prioritaires pour la mobilisation des systèmes de garde organisés par l'Éducation nationale et leurs partenaires (lire notre article).
Information mise à jour : à la suite des annonces du Premier ministre du 14 mars, le secrétariat d'État en charge des Personnes handicapées a actualisé ses recommandations le 15 dans la soirée :
- le retour à domicile est fortement encouragé et les visites dans les internats sont interdites, sauf autorisation exceptionnelle. Les établissements et services médico-sociaux (ESMS) organisent sans délai et au plus tard pour le 16 mars un service minimum d’appui aux familles ;
- les parents qui sont amenés à garder leur enfant handicapé à domicile bénéficieront d’une prise en charge par la Sécurité Sociale des indemnités journalières même si l'enfant est majeur ;
- une sensibilisation des Centres 15 est engagée pour repérer et tenir compte de la fragilité particulière des personnes polyhandicapées ;
- les établissements et services d'aide par le travail (Esat) doivent dès à présent organiser la réduction de leurs activités au strict minimum, et la fermeture de tous les lieux de restauration ouverts au public ;
- les centres de rééducation professionnelle et de pré-orientation (CRP) sont fermés et la formation à distance doit être mise en œuvre à chaque fois que possible ;
- les gestionnaires sont invités à mobiliser les professionnels d'Esat et de CRP pour renforcer les autres capacités d’accompagnement des personnes en situation de handicap en particulier à domicile.
Entre l'annonce du confinement des Ehpad le 11 mars, celle du président de la République le 12 actant la fermeture des établissements scolaires sans préciser si l'éducation spécialisée était concernée, les gestionnaires du secteur handicap ont dû attendre une téléconférence avec Sophie Cluzel, secrétaire d'État en charge des Personnes handicapées le 13 en milieu d'après-midi pour bénéficier de consignes claires sur la gestion du coronavirus.
Pendant plusieurs jours les gestionnaires et les familles ne savaient plus sur quel pied danser entre les consignes contradictoires d'une ARS à l'autre — en dehors de la gestion des clusters qui nécessite des mesures particulières — voire l'absence totale de consignes dans de nombreux cas. Le Groupe polyhandicap France (GPF) avait même écrit dès le 11 mars au ministre de la Solidarité et de la Santé et à la secrétaire d'État pour demander des mesures de prévention et de prise en charge dédiées puisque, pour le Samu, les personnes polyhandicapées non âgées n'étaient pas jugées prioritaires alors même qu'elles font partie des publics les plus à risque au vu des problèmes respiratoires qu'elles rencontrent au quotidien.
Retours à domicile encouragés
Les mesures sont ainsi précisées par le secrétariat d'État aux Personnes handicapées dans un communiqué de presse envoyé le 14 mars. Toutes les familles qui le veulent et le peuvent sont invitées à reprendre à domicile leur parent handicapé. Chez elles, les personnes handicapées sont invitées à limiter contacts et déplacements mais les accompagnements et soins à domicile doivent être mis en place (pour le retour), maintenus, voire renforcés "autant que de possible".Les pouvoirs publics précisent qu'en dehors des clusters '"un délai de huit jours est laissé aux externats accueillant des enfants et des jeunes en situation de handicap pour organiser les conditions du maintien à domicile, avec continuité de l'accompagnement et garantir aux enfants ne pouvant être pris en charge par les familles des solutions adaptées". Les parents concernés bénéficieront, comme les autres, du système d'indemnités journalières mis en place par la Sécurité sociale.
Internats confinés
Dans les internats pour adultes et enfants qui resteront ouverts, les visites et sorties sont suspendues "exceptées dans certaines situations particulières pour lesquelles l'absence de lien avec un aidant référent serait particulièrement préjudiciable". Les capacités d'accueil temporaires seront mobilisées pour recevoir les personnes dont un proche serait malade ou qui, vivant seul, dans la famille ou un habitat partagé, "ne disposerait pas d'une continuité d'accompagnement à domicile". En lien avec les ARS, les territoires doivent s'organiser pour identifier un numéro d'appel dédié pour les familles.En cas d'hospitalisation, les personnels médico-sociaux interviendront en appui des professionnels de santé, notamment pour les personnes polyhandicapées. Une mesure jugée insuffisante pour Marie-Christine Tezenas, secrétaire générale du GPF interrogée par Hospimedia. Elle regrette que des consignes claires sur la priorité absolue des personnes polyhandicapées n'ait pas été donnée aux soignants et s'interroge sur la possibilité pour des associations, souvent spécialisées dans le polyhandicap et donc ne pouvant pas mobiliser d'autres ressources, d'assurer un accompagnement renforcé durant la période.
De nouvelles organisations à imaginer
De son côté, Jean-Louis Leduc, directeur de l'Apajh estime que ce sont des mesures de bon sens qui s'inscrivent dans ce que sa fédération avait déjà commencé à organiser. "Nous allons recentrer nos ressources humaines sur la situation des plus fragiles en interne et sur les soutiens à domicile pour éviter les situations d'épuisement des aidants" précise-t-il.Aucune mesure particulière n'a été annoncée pour les établissements et services d'aide par le travail (Esat) mais d'après Jean-Louis Leduc, Sophie Cluzel, s'est engagée à ce qu'ils soient éligibles aux compensations économiques liées à la perte d'activité, au même titre que les entreprises adaptées. Enfin, les professionnels médico-sociaux sont considérés, tout comme les professionnels de santé, prioritaires pour la mobilisation des systèmes de garde organisés par l'Éducation nationale et leurs partenaires (lire notre article).