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Psychiatrie

La psychiatrie tente d'éviter un engorgement des urgences

En pleine crise sanitaire du Covid-19, les professionnels de la psychiatrie s'organisent afin de prévenir les risques de décompensation psychiques et les urgences psychiatriques. Ils tentent de poursuivre les soins, tout en "réduisant la voilure".Le secteur de la psychiatrie se prépare afin de chercher à prévenir de possibles problèmes d'engorgement des urgences pour cause de déclenchement ou de décompensation de problèmes psychiatriques (voir l'encadré). Interrogé par Hospimedia, le Dr Christian Müller, président de la Conférence des commissions médicales d'établissements de CH spécialisés (CHS) en psychiatrie, martèle : "La pathologie mentale ne disparaît pas avec le Covid-19 !" C'est pourquoi le secteur se mobilise afin de pouvoir continuer à répondre aux besoins de tous : "Ce qui est absolument central dans notre démarche a été de bien garder une première ligne d'activité ambulatoire pour éviter que les services d'urgence soient saturés". En effet, "les établissements publics de santé mentale (EPSM) sont aussi amenés à se mobiliser en soutien des établissements MCO (psychiatrie aux urgences, psychiatrie de liaison, mise à disposition de lits, activation des cellules d'urgence médico-psychologique (CUMP) à destination des professionnels engagés et de l'entourage des patients...)", détaille un communiqué de la conférence.

"On réduit la voilure"

Concrètement, les prises en charge sont effectuées à distance quand c'est possible, même si des interventions au domicile ou des prises en charge individuelles à l'hôpital de jour pourraient être maintenues "au cas par cas, en fonction de la balance bénéfice-risque", selon Christian Müller. En gros, "on réduit la voilure", tout en maintenant le lien avec les patients. Pour la continuité des soins, le secteur s'appuie notamment sur le maillage territorial des centres médico-psychologiques (CMP). Autre adaptation, les commissions d'établissement sont différées afin de "favoriser la mise en place de cellules de crise" tandis que les déplacements en ambulances et transports en commun sont limités pour "limiter les risques de contagion".

Pour les patients hospitalisés, différents ajustements pourront être mis en place. "Les mesures de confinement après identification par le médecin ou l'interne de l'établissement des cas possibles ou confirmés selon le définition de cas d'infection au Covid-19 de Santé Publique France sont initiées par l'équipe opérationnelle d'hygiène", précise le communiqué. Et de préciser : "Les impératifs de sécurité sanitaire, médicalement et administrativement constatés, pourront justifier les restrictions à la liberté d'aller et venir en restant dans le cadre de la réglementation en vigueur et des instructions nationales."

Le plus problématique est en réalité de pouvoir disposer du matériel suffisant pour respecter les consignes de sécurité. En effet, Christian Müller signale que plus d'une dizaine de CME ont prévenu l'organisation d'une pénurie de masques dits chirurgicaux. Il craint que "les établissements de psychiatrie ne soient sous-estimés lors de l'approvisionnement en masques et solutions hydroalcooliques". Il semblerait également qu'il y ait certaines "incertitudes" autour des procédures d'utilisation des masques.

Les risques de décompensation

La décompensation psychiatrique, qui est la dégradation brutale de l'état psychique d'un patient, est un véritable danger durant cette crise, comme l'explique Jean-Baptiste Alexanian, psychiatre à Pont-l'Évêque (Calvados) : "Pour ceux souffrant déjà d'un trouble psychiatrique, il est possible que cette pandémie puisse majorer leurs symptômes quel que soit le trouble dont ils souffrent." Cela peut revêtir de nombreuses formes : "Nous pensons en particulier aux personnes souffrant d'un trouble anxieux généralisé qui pourraient voir leur stress et leur rumination augmenter, aux personnes avec des troubles paniques qui pourraient voir augmenter le nombre et l'intensité de leurs crises d'angoisse, aux personnes avec des phobies qui pourraient en développer de nouvelles ou voir leur sévérité augmenter, aux personnes avec des troubles obsessionnels compulsifs (Toc) notamment d'hygiène..." Néanmoins "ces hypothèses ne se réaliseront que sur une extrême minorité des patients concernés". Outre l'aggravation des symptômes de certains patients, il existe un risque de déclenchement de nouvelles pathologies, car comme l'explique le psychiatre, "comme tout facteur de stress, cette pandémie peut faire passer un seuil entre le normal et le pathologique à des personnes fragiles".

Edoxie Allier

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