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Psychiatrie

Le ministère de la Santé publie enfin ses recommandations à destination de la psychiatrie

Le secteur de la psychiatrie, fortement mobilisé contre les effets secondaires de la crise du Covid-19, se plaignait du manque de directives nationales. Le ministère sort enfin des recommandations spécifiques et met en place une cellule de crise.Dans un communiqué daté du 20 mars, une vingtaine d'acteurs du domaine de la psychiatrie a demandé à ce que les directives nationales intègrent "les enjeux particuliers auxquels sont confrontés patients, proches et professionnels au regard des vulnérabilités propres aux troubles psychiques et qu'elles prennent en compte les fortes contraintes relatives à la maladie mentale et au handicap psychique". Une fiche ministérielle (à télécharger ci-dessous) vient d'être rendue publique afin d'établir des recommandations spécifiquement pour ce secteur.

Interrogé par Hospimedia, Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, précise toutefois que ces recommandations ne sont pas définitives : "il nous faudra actualiser les préconisations au fur et à mesure. Dans ce contexte de crise, nous ne pouvons pas nous en tenir à des informations qui datent de plusieurs jours." C'est pourquoi est mise en place une cellule de crise "pilotée par la Direction générale de l'organisation des soins (DGOS), qui se réunira deux fois par semaine et dont la fonction sera d'actualiser les notes et de faire la synthèse des remontées de terrain". Cette mesure répond à une demande du terrain, de manière partielle. Pour le Dr Christian Müller, président de la conférence des commissions médicales d'établissements de CH spécialisés en psychiatrie et membre de cette cellule de crise, "il faut une cellule de crise très réactive et joignable 24h/24". Il semblerait qu'il y ait également un manque de visibilité de cette structure auprès des acteurs sanitaires, notamment les ARS.

Restrictions de liberté

Concrètement, les recommandations du ministère (lire l'encadré) ne semblent pas encore faire le consensus. "Ils ont une semaine de retard, beaucoup des mesures sont déjà appliquées sur le terrain depuis lundi dernier", considère le Dr Nidal Nabhan Abou, présidente de l'Association nationale des psychiatres experts judiciaires (Anpej). En effet, la psychiatrie s'est déjà organisée pour faciliter la téléconsultation (lire notre article). Elle y décèle en outre des lacunes : "il y a un maillon qui manque, celui du contrôleur général des lieux de privation des libertés (CGLPL) et quid de l'intervention des juges ?" En effet, le ministère recommande que "les établissements se mettent en contact avec leur juridiction locale pour organiser les audiences du juge des libertés et de la détention de façon dématérialisée." Frank Bellivier juge, lui, difficile "d'énoncer au niveau national des cadres alors que les situations sur le terrain sont très hétérogènes. Nous n'avions pas du tout anticipé cette situation, il faut laisser les acteurs locaux trouver les solutions qui leur permettront de se mettre en conformité avec l'esprit de la loi." Nidal Nabhan Abou estime qu'"il est important que nous ayons une réponse unifiée à cette question d'éthique."

Articulation avec les établissements MCO

"Un des points qui était, je crois, très attendu concerne l'articulation avec les établissements MCO", souligne Frank Bellivier. En effet, les établissements spécialisés en psychiatrie doivent interagir avec les autres structures sanitaires sur de nombreux plans : prise en charge des soignants face à la crise sanitaire et son lot de stress (lire notre dossier), des patients psychiatriques atteints du Covid-19... Pour la prise en charge de ces derniers, le ministère tranche :
  • une unité d'hospitalisation doit être dédiée aux patients positifs ne nécessitant pas d'hospitalisation en soins somatiques ;
  • une unité mixte, comportant des psychiatres et des somaticiens, peut être organisée si l'état somatique du patient le nécessite "afin d'éviter des transferts systématiques vers le MCO" ;
  • le transfert vers le MCO doit être effectué pour "les patients qui justifient au regard de leurs signes cliniques d'une hospitalisation sur un plateau de soins critiques".
Il s'agit donc de limiter au maximum le transfert des patients psychiatriques vers des services MCO qui, selon Nidal Nabhan Abou, "ne sont pas du tout préparés aux patients psychiatriques".

Edoxie Allier

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