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L'AP-HM déploie tous ses moyens pour se préparer à un afflux de malades du Covid-19

D'après ses prévisions, le CHU marseillais atteindra la limite de ses capacités d'accueil en réanimation dans quelques jours. Il organise tous les moyens disponibles pour éviter la saturation et continuer le suivi des patients infectés."Nous devrions arriver à la limite de nos capacités en fin de semaine prochaine". Se fiant à une modélisation de l'épidémie, l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM, Bouches-du-Rhône) se prépare à un afflux de patients infectés par le coronavirus Sars-Cov-2. Actuellement, l'AP-HM a activé 88 lits en réanimation dont 55 sont occupés. La capacité va augmenter jusqu'à 152 lits mais le CHU estime que 140 à 150 malades devraient arriver en réanimation dans les prochains jours.

La courbe s'accentue

"Nous attendons une vague en milieu de semaine prochaine, explique le Pr Dominique Rossi, président de la commission médicale d'établissement (CME), lors d'une conférence de presse. L'activité était assez calme mais depuis environ 48 heures, une douzaine de malades supplémentaires arrive en réanimation chaque jour. Il semble que la courbe s'accentue." Hors réanimation, 150 lits sont occupés sur les 246 que regroupent les trois unités recevant des malades atteints du Covid-19, La Timone, La Conception et l'Hôpital Nord, ainsi que l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée-infection.

Une quarantaine de personnels du CHU marseillais ont été diagnostiqués positif au Covid-19. "Pour le moment, nous estimons être auto-suffisants mais nous avons besoin de renforcer les équipes fatiguées par les procédures sanitaires lourdes", estime Jean-Olivier Arnaud, directeur général de l'AP-HM. Pour obtenir des renforts, le CHU a lancé un appel aux personnels de santé disponibles.

Des unités spéciales Covid-19

Pour prendre en charge les malades, l'AP-HM a mobilisé deux gros services d'urgences à l'hôpital Nord et Timone avec un dispositif additionnel pour séparer les deux files de patients en cas Covid et non-Covid. Il a également défini des unités dédiées à l'accueil de patients infectés par le Sars-Cov-2 dans plusieurs services. Il a ainsi isolé une zone pour créer une unité de dialyse Covid et a commencé la constitution d'une unité spécifique pour les soins palliatifs. Une unité pédiatrique de 14 lits est également prête à être utilisée si besoin tandis que la création d'une unité spécifique en psychiatrie est envisagée en cas de manque de place.

Un suivi des patients grâce à une application

"L'important est de faire sortir les malades en lits de réanimation le plus rapidement possible afin de rendre possible un turn-over", affirme le Pr Dominique Rossi. Pour assurer la prise en charge à domicile des patients atteints du virus ou suspectés de l’être, les Hôpitaux universitaires de Marseille ont déployé le 24 mars l'application "Covid APHM". Ce logiciel de télémédecine est destiné aux patients reçus au CHU et leur permet d'être suivis en temps réel à leur domicile. Cette application rassemble des informations utiles et envoie une alerte quotidienne afin que les patients remplissent un questionnaire sur leur état de santé. Le Samu peut intervenir si une dégradation de leur état apparaît. "600 patients sont actuellement suivis grâce à cette application sur les 1 500 déjà passés par l'AP-HM", a précisé le 26 mars Jean-Olivier Arnaud.

De l'équipement pour plusieurs semaines

Côté matériel, la distribution de masques FFP2 a pu être élargie et équipe désormais le personnel qui en a besoin. Le CHU dispose d'assez de masques pour tenir quelques semaines. L'AP-HM a également commandé pour près d'un million d'euros une cinquantaine de respirateurs dont la première livraison est prévue le 27 mars pour compléter son stock qui s'élève à 170. Mais des tensions de réapprovisionnement subsistent notamment pour les surblouses et les lunettes de protection. Le CHU travaille sur ce sujet. "Ce sont des difficultés que nous envisageons suffisamment à l'avance pour les prévenir", affirme le Pr Dominique Rossi. Pour obtenir davantage de moyens, un centre de dotation a été créé par l'AP-HM et servira bientôt à la réception de dons financiers pour soutenir l'hôpital.

Un traitement harmonisé

Les résultats d'une étude de l'institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée-infection sur l'efficacité d'un traitement incluant de l'hydroxychloroquine a fait polémique ces derniers jours (lire notre article). L'AP-HM rappelle que les malades sont pris en charge de manière harmonieuse dans les traitements et ne peuvent avoir accès à la chloroquine que si leur état le nécessite. "Nos médecins peuvent prescrire de la chloroquine dans les conditions prescrites par le ministère : elle est réservée aux cas graves, sur décision collégiale des médecins et sous surveillance médicale stricte", a précisé le Pr Dominique Rossi.

Perrine Debacker

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