L'AP-HP n'attend plus qu'un feu vert pour transférer des patients en province
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Un appel à faire œuvre d'anticipation. Directeur médical de crise face à la pandémie de Covid-19 pour le compte de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), le Pr Bruno Riou a clairement demandé le 27 mars aux autorités sanitaires de donner leur aval national à des transferts de patients de réanimation vers d'autres régions moins touchées par le coronavirus. Il s'agirait là d'une "bouffée d'oxygène nécessaire" pour l'Île-de-France, a-t-il fait savoir à l'occasion d'un point presse. "Il faut qu'on le fasse dès maintenant. Le but c'est de retrouver de la disponibilité pour les malades de demain ou d'après-demain", ne cachait déjà pas l'intéressé quelques heures plus tôt au micro de France Inter.
#COVID19 - TGV médicalisé Opération inédite - Merci à la @SNCF , au @MinSoliSante , la DGS et les ARS, les associations agrées de @SecCivileFrance , les Hôpitaux et les équipes SAMU du 44, 49, 54, 57, 67, 75, 78, 85, 91, 94 ayant montré une force de coopération pluridisciplinaire pic.twitter.com/i6TDofUKp4
— SAMU de PARIS (@samudeparis) March 26, 2020
Peu de risque pour les régions épargnées
Outre ce feu vert à proprement parler, il s'agit aussi pour la cellule de crise nationale de définir les régions concernées, en sachant que, sur de telles opérations, c'est le Grand-Est qui reste jusqu'à présent prioritaire sur l'Île-de-France, même si de premiers transferts se profilent (lire le 2e encadré). En effet, à entendre le responsable médical de l'AP-HP, la crainte que l'épidémie de coronavirus gagne d'autres régions aujourd'hui quelque peu épargnées, avec le risque que celles-ci n'arrivent plus du coup à faire face, est "en train d'être levée". Ce scénario se fonde sur l'analyse des courbes de propagation du virus en Chine et en Italie avec, une fois le confinement mis en place, un éparpillement finalement assez faible en dehors des zones de contamination originelles.Une fois l'accord obtenu, il ne restera plus qu'à formaliser les transferts étant entendu, par exemple, que cela écarte d'office les malades souffrant de défaillance multiviscérale. Quant à d'éventuelles évacuations au-delà des frontières de l'Hexagone, la question reste en suspens. C'est en tout cas l'une des pistes soutenue à l'AP-HP par le Pr Philippe Juvin, à la tête des urgences de l'Hôpital européen Georges-Pompidou. Face caméras le 27 mars, il a clairement appelé à des transferts "massifs" partout en Europe, pas seulement en Allemagne, au Luxembourg et en Suisse. "Il faut organiser un pont aérien et un pont ferroviaire. Il faut contacter toutes les capitales européennes, leur demander leurs possibilités d'accueillir nos patients."
Réduire le risque de pénurie de médicaments en réanimation
Pour éviter toute pénurie sur les médicaments utilisés en réanimation, l'AP-HP a défini tout un ensemble de bonnes pratiques pour en réduire la consommation dans un double souci d'optimisation et d'homogénéisation de leur administration. Parmi ces "produits précieux" dans le cadre de l'épidémie actuelle, l'inquiétude la plus forte concerne les curares, les hypnotiques ainsi que certains antibiotiques et corticoïdes, à entendre le Pr Bruno Riou. Ce dernier espère une réduction de 20% de la consommation. C'est par exemple en utilisant un appareil à même de dire si tel patient est trop sédaté, ou encore en monitorant le degré de curarisation afin d'en adapter le dosage.#Coronavirus #COVID19 | En immersion dans le service de réanimation médicale et infectieuse de l'@hopitalbichat AP-HP pic.twitter.com/JjCiJMxH2r
— AP-HP (@APHP) March 26, 2020