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La formation des personnes handicapées accélère son passage à distance

Le mouvement d'informatisation de la réadaptation des personnes en situation de handicap s'accélère dans un contexte de crise sanitaire. Les professionnels sont par conséquent obligés de repenser les modalités de communication et d'accompagnement. Fermés comme la quasi-totalité des centres de formation du territoire français, les centres de réadaptation professionnelle (CRP) maintiennent leur activité à distance. Le contexte sanitaire particulier accélère fortement un mouvement préexistant visant à permettre à plus de stagiaires d'étudier à distance : "En dix jours, il y a des changements incroyables, il y a eu une accélération du mouvement qui était déjà amorcé dans la réadaptation professionnelle", explique Patricia Monnot, chargée de coordination de réseau pour la Fédération des associations, groupements et établissements de réadaptation pour les personnes en situation de handicap (Fagerh), pour Hospimedia. "Depuis quelques années, le secteur de la réadaptation avait commencé à travailler de plus en plus en formation ouverte à distance (FOAD) avec un suivi individuel de la personne. Beaucoup de centres avaient déployé des outils sur lesquels ils ont pu s'appuyer." Par exemple, dans les centres de la fondation Cos-Alexandre Glasberg de Paris, "la formation à distance est un projet de longue date pour lequel il y a eu de gros investissements humains et matériels", rapporte Émilie Lacotte, responsable communication et développement. "Cela nous a permis d'être réactifs dans la situation actuelle. Ni les professionnels ni les stagiaires ne sont pris au dépourvu sur la pratique de l'enseignement à distance."

Ce n'était cependant pas le cas partout. "Nous n'étions pas tout à fait préparés pour ça", raconte Philippe Guillemain, directeur d'un CRP à Louestault (Indre et Loire). "Même si on utilisait au fil de l'eau des plateformes qui permettaient d'apporter du complément aux formations, nous étions loin de pouvoir structurer un accompagnement et un enseignement à distance." La fermeture due au confinement a donc nécessité une montée en puissance informatique : "En 10 jours, nous nous sommes structurés de manière à pouvoir fournir des ressources formatives à l'ensemble des stagiaires, avec différents outils : des mails, des plateformes et même marginalement pour certains des courriers." En plus de faire évoluer la technique des établissements, la crise sanitaire a fait évoluer les mentalités. "Il y avait des réticences de la part de certains professionnels vis-à-vis de la FAOD qui avaient le sentiment que nous les dépossédions. Ceux-ci se sont retrouvés avec les deux pieds dedans", explique Pascale Joubert, chef de projet numérique pour la fondation Cos. Au CRP de Fontenailles également, le contexte a permis de changer de dynamique. "Dès que les professionnels pédagogiques et médico-sociaux se sont retrouvés dans cette réalité, les énergies se sont redéployées", rapporte Philippe Guillemain.

Préparer l'après

Alors que le Gouvernement a annoncé prolonger le confinement au moins jusqu'à mi-avril, les CRP s'interrogent dès à présent sur les lendemains de cette situation. "À un moment donné, il faudra que l'on se pose la question de ce que l'on veut, s'interroge Pascale Joubert. Il est probable que nous augmentions légèrement la proportion des cours qui se fait à distance suite au Covid." Il ne s'agit toutefois pas d'abandonner complètement la pratique des cours. "Il y a déjà des CRP qui font toutes leurs formations hors les murs, donc c'est quelque chose de possible, constate Patricia Monnot. Maintenant, nous savons tout de même que le présentiel peut avoir un certain nombre d’atouts en termes de lien notamment. Peut-être que la manière dont les enseignements sont répartis va peut-être évoluer."

Personnaliser davantage les parcours

Si la formation à distance s'organise tant bien que mal, elle ne se déploie pas avec la même facilité pour tous les stagiaires qui ont des accès variés à la technologie. Ces différences risquent de créer des écarts importants entre l'avancée du parcours éducatif de tous. En outre, tous les cursus ne se prêtent pas à un enseignement virtuel. "En secrétariat ou en vente, nous allons pouvoir aller assez loin dans la formation à distance. Pour l'horticulture, en revanche, nous allons vite nous retrouver limités", constate Philippe Guillemain. "À la reprise, nous allons devoir proposer encore plus de la personnalisation, individuelle et par formation." Peuvent donc être envisagées des prolongations de cursus mais cela pose inévitablement la question de leur financement. "Les conseils régionaux ont annoncé pratiquement partout en France que les rémunérations des stagiaires seront maintenues pendant toute la période de confinement. Ce que nous ignorons en revanche c'est la continuité de ces financements s'il y a nécessité de prolonger de un ou deux mois la période de formation", poursuit le directeur.

Edoxie Allier

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