Politique de santé
Les prestataires externalisés demandent le statut d'opérateurs de service essentiel
Intervenant auprès des structures sanitaires et médico-sociales pour le bionettoyage et la restauration, les prestataires externalisés figurent en première ligne face au coronavirus. Non identifié comme prioritaire par l'État, le secteur appelle à disposer des mêmes mesures que les soignants pour maintenir leur activité.
"Nous ne sommes pas prioritaires alors que nous faisons le même travail." Mathilde Lecoq, directrice générale de Restalliance n'a de cesse de le répéter depuis que la vague épidémique du Sars-Cov-2 a touché la France : même en étant sous-traitants, les prestataires extérieurs des hôpitaux, des établissements de santé et des structures médico-sociales doivent, au même titre que les soignants, être identifiés comme un maillon de la chaîne du soin. L'entreprise, spécialisée dans les prestations de restauration et de bionettoyage auprès des structures de santé, déplore à ce titre l'absence de mesures exceptionnelles mises en œuvre à destination de son personnel, pourtant lui aussi en première ligne.
"En tant que service œuvrant 7j/7 et 365j/an, nous sommes structurellement habitués à gérer les problématiques de continuité d'activité, explique Mathilde Lecoq, mais aujourd'hui, nous tirons la sonnette d'alarme. Car malgré l'implication extrêmement forte de nos équipes, nous allons vite nous retrouver en difficulté". Sur les 3 200 intervenants, 150 personnes sont déjà arrêtées, avec une évolution "plutôt à la hausse", selon la directrice générale. Si l'entreprise a procédé à des repositionnements d'équipes intervenant sur les instituts médico-éducatifs (IME), désormais fermés, la situation se tend. Même constat chez Sodexo, qui mise pour sa part sur la mobilisation de ses équipes sur les sites en baisse d'activité ou à l'arrêt ainsi que sur la plateforme de mobilité des collaborateurs Andjaro, pour faire face au "fort taux d'absentéisme" observé sur le terrain.
Ce manque de forces vives est d'autant plus problématique que les demandes de renforts émanent des établissements. C'est le cas notamment de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et d'autres centres hospitaliers, qui ont fait appel à Sodexo pour assurer la restauration des personnes dans les services de réanimation par le biais de plateaux repas. Sans compter sur le besoin supplémentaire en personnel qu'induit le portage de repas en chambre, dans le cadre de confinement total en Ehpad. "Pour l'instant, nous misons sur la bonne volonté de nos collaborateurs, qui reviennent de congés et assurent l'activité en faisant des heures supplémentaires mais on pressent les premières fatigues." Pas tenable sur la durée.
Au-delà et afin de renforcer les équipes, Restalliance et Sodexo proposent également plusieurs solutions de gestion des ressources humaines : accéder à la plateforme de mobilisation Renforts-covid ou encore créer une "réserve hôtelière". À l'instar de la réserve sanitaire, celle-ci viserait à mobiliser immédiatement le secteur de la restauration traditionnelle, traiteurs et hôtellerie saisonnière afin de répondre aux besoins. Restalliance va même plus loin et appelle à réquisitionner ou mettre à disposition les agents des collectivités œuvrant dans le secteur de la restauration scolaire ou du nettoyage. Autant de mesures, souligne enfin Mathilde Lecoq, qui viendraient également soutenir les établissements en autogestion avec services internalisés, pour qui la difficulté de recrutement est encore plus complexe.
Interrogé sur la question par Hospimedia ce 31 mars, Jérôme Salomon, directeur général de la santé, a signalé qu'un "travail d'analyse fine des personnels les plus exposés" est en cours pour adapter la réponse, notamment dans le cadre de fourniture en masques. "Aujourd'hui, nous allons pouvoir de plus en plus proposer aux personnes exposées une protection adaptée à leur exposition", a-t-il signalé. Reste à savoir si ces protections adaptées relèveront des masques destinés aux professionnels de santé, ou si elles relèveront des deux nouvelles catégories de masques anti-projection à usage non sanitaire, développées par l'industrie française sous la coordination de la Direction générale des entreprises (DGE).
"Nous ne sommes pas prioritaires alors que nous faisons le même travail." Mathilde Lecoq, directrice générale de Restalliance n'a de cesse de le répéter depuis que la vague épidémique du Sars-Cov-2 a touché la France : même en étant sous-traitants, les prestataires extérieurs des hôpitaux, des établissements de santé et des structures médico-sociales doivent, au même titre que les soignants, être identifiés comme un maillon de la chaîne du soin. L'entreprise, spécialisée dans les prestations de restauration et de bionettoyage auprès des structures de santé, déplore à ce titre l'absence de mesures exceptionnelles mises en œuvre à destination de son personnel, pourtant lui aussi en première ligne.
Une baisse de 30 à 40% des effectifs
Garde d'enfants, transport, hébergement, équipement de protection individuelle... Ces dispositions, mises en place pour assurer la disponibilité du personnel soignant en cette période d'urgence sanitaire, ne bénéficient pas aux salariés assurant des missions externalisées. Un point problématique pour Restalliance. L'entreprise, qui enregistre déjà une baisse de 30 à 40% d'effectifs parmi certaines équipes — voire de 50% dans certains établissements — craint une rupture de services, pourtant indispensables au bon fonctionnement des structures de santé."En tant que service œuvrant 7j/7 et 365j/an, nous sommes structurellement habitués à gérer les problématiques de continuité d'activité, explique Mathilde Lecoq, mais aujourd'hui, nous tirons la sonnette d'alarme. Car malgré l'implication extrêmement forte de nos équipes, nous allons vite nous retrouver en difficulté". Sur les 3 200 intervenants, 150 personnes sont déjà arrêtées, avec une évolution "plutôt à la hausse", selon la directrice générale. Si l'entreprise a procédé à des repositionnements d'équipes intervenant sur les instituts médico-éducatifs (IME), désormais fermés, la situation se tend. Même constat chez Sodexo, qui mise pour sa part sur la mobilisation de ses équipes sur les sites en baisse d'activité ou à l'arrêt ainsi que sur la plateforme de mobilité des collaborateurs Andjaro, pour faire face au "fort taux d'absentéisme" observé sur le terrain.
Ce manque de forces vives est d'autant plus problématique que les demandes de renforts émanent des établissements. C'est le cas notamment de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et d'autres centres hospitaliers, qui ont fait appel à Sodexo pour assurer la restauration des personnes dans les services de réanimation par le biais de plateaux repas. Sans compter sur le besoin supplémentaire en personnel qu'induit le portage de repas en chambre, dans le cadre de confinement total en Ehpad. "Pour l'instant, nous misons sur la bonne volonté de nos collaborateurs, qui reviennent de congés et assurent l'activité en faisant des heures supplémentaires mais on pressent les premières fatigues." Pas tenable sur la durée.
Pour la création d'une réserve hôtelière
Convaincue que "les solutions existent", Restalliance appelle à ce titre "à une nécessaire prise de conscience". La société exhorte donc le Gouvernement à intégrer les entreprises exerçant des missions externalisées de service public parmi les bénéficiaires de dispositifs de garde d'enfants, de fourniture d'équipement de protection individuelle et de dérogations pour la circulation des personnels. Un positionnement partagé par Sodexo et les membres du Syndicat national de la restauration collective (SNRC), qui travaillent à mettre en valeur leur statut d'opérateur de service essentiel (OSE).Au-delà et afin de renforcer les équipes, Restalliance et Sodexo proposent également plusieurs solutions de gestion des ressources humaines : accéder à la plateforme de mobilisation Renforts-covid ou encore créer une "réserve hôtelière". À l'instar de la réserve sanitaire, celle-ci viserait à mobiliser immédiatement le secteur de la restauration traditionnelle, traiteurs et hôtellerie saisonnière afin de répondre aux besoins. Restalliance va même plus loin et appelle à réquisitionner ou mettre à disposition les agents des collectivités œuvrant dans le secteur de la restauration scolaire ou du nettoyage. Autant de mesures, souligne enfin Mathilde Lecoq, qui viendraient également soutenir les établissements en autogestion avec services internalisés, pour qui la difficulté de recrutement est encore plus complexe.
Interrogé sur la question par Hospimedia ce 31 mars, Jérôme Salomon, directeur général de la santé, a signalé qu'un "travail d'analyse fine des personnels les plus exposés" est en cours pour adapter la réponse, notamment dans le cadre de fourniture en masques. "Aujourd'hui, nous allons pouvoir de plus en plus proposer aux personnes exposées une protection adaptée à leur exposition", a-t-il signalé. Reste à savoir si ces protections adaptées relèveront des masques destinés aux professionnels de santé, ou si elles relèveront des deux nouvelles catégories de masques anti-projection à usage non sanitaire, développées par l'industrie française sous la coordination de la Direction générale des entreprises (DGE).