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Aide à domicile

Le réseau Apa s'appuie sur la solidarité pour poursuivre sa mission dans le Haut-Rhin

Après quatre semaines de crise sanitaire, le réseau Apa dresse un bilan de son activité à domicile dans le Haut-Rhin, à travers le témoignage des professionnels. Le directeur général salue de son côté leur "travail exceptionnel".Dans le Haut-Rhin, territoire durement frappé depuis plus de quatre semaines par l'épidémie de coronavirus, le réseau associatif Apa* a maintenu et adapté son accompagnement à domicile auprès des personnes âgées et en situation de handicap. Matthieu Domas, directeur général, salue lors d'un point presse le 8 avril "le travail exceptionnel" des salariés et bénévoles.

Le réseau a dû s'adapter et réorganiser les services à domicile pour assurer la continuité de l'accompagnement autour des actes essentiels de la vie quotidienne. Le service de portage de repas a également été modifié, indique Corinne Keller, porteuse de repas. La structure livre désormais tous les deux jours et dépose les repas devant la porte, dans des glacières, tout en s'assurant que les bénéficiaires les récupèrent bien.

Coopération interservices

"Dans cette situation dramatique", un "élan de solidarité" a émergé au sein du réseau, souligne le directeur général. Cette solidarité interservices a permis "d'organiser au mieux les interventions malgré l'absence de salariés". Depuis quelques jours, le réseau prévoit de remettre en place certaines prestations, "qui étaient considérées comme secondaires dans un premier temps", reprend Matthieu Domas. Après plusieurs semaines de confinement, le ménage, le repassage, l'entretien du cadre de vie deviennent "absolument nécessaires" pour les personnes en perte d'autonomie.

Sur le plan de l'équipement, "nous avons fait en sorte d'obtenir du matériel de protection", alors que la distribution des masques n'était pas encore organisée au niveau national, souligne Matthieu Domas. "Nous avons pu compter sur le soutien du département et de l'ARS et aussi sur des donateurs privés, des entreprises", salue-t-il. Le réseau s'est notamment rapproché de la fondation Alsace Grand-Est séniors (Ages) pour trouver des financements. Un appel aux dons a ainsi permis la prise en charge d'une partie des surcoûts liés à cette crise, notamment l'achat de matériel de protection. Le réseau Apa fait aussi appel à plus de 500 bénévoles afin de maintenir le lien social par le biais d'une plateforme téléphonique. Une cellule psychologique a également été mise en place pour soutenir les salariés.

Échos du terrain

Auxiliaire de vie, aide-soignante ou psychologue, plusieurs professionnels du réseau ont apporté, le 8 avril, leur témoignage et présenté leurs conditions de travail dans ce contexte inédit.

Sabrina Barléon, auxiliaire de vie :
"Nous faisons face à beaucoup d'inquiétude, que ce soit des familles ou des bénéficiaires qui sont totalement coupés de ce lien familial. Le matériel est très limité, et c'est un peu frustrant pour nous de devoir nous protéger avec juste le minimum. Nous avons des masques, des blouses, mais nous avons eu du mal à avoir des surblouses, charlottes, surchaussures, un équipement plus complet. Nous intervenons quand même chez des personnes positives, ou pour lesquelles il y a une suspicion, c'est délicat à ce moment-là. Mais les responsables se battent pour nous, pour qu'on soit équipées correctement. La direction se démène beaucoup."

Carine Demangeat, aide-soignante en service de soins infirmiers à domicile (Ssiad) :
"Il y a beaucoup d'angoisses chez la plupart de nos patients. Ils nous demandent toujours si on a le matériel qu'il faut, si on ne manque de rien, ils sont aussi soucieux de nous, c'est extrêmement touchant. Nous avons tout le matériel nécessaire que l'on va chercher chaque matin en début de tournée, ou le soir. Nous avons des lunettes, des charlottes, des surchaussures, des surblouses, des gants et du gel. Nous évaluons chaque jour nos patients, et via notre smartphone nous faisons des annotations sur les risques épidémiques. Nous sommes très précises dans nos actes."

Jules Le Quellec, psychologue pour les plateformes de répit Rivages :
"Au niveau de l'accompagnement des aidants, cette épidémie a changé les choses puisque l'on fait face à des décès de personnes aidées, notamment au niveau de la plateforme de Mulhouse, c'est une réalité. Nous accompagnons au mieux et avec le plus de bienveillance ces personnes. Une autre conséquence sur nos pratiques : certains aidants se retrouvent avec un proche qui a une maladie neurodégénérative ou des troubles du comportement en permanence à la maison, puisque les accueils de jour et les temps de répit pour les aidants sont fermés. Ce qui peut représenter vraiment des complications et une difficulté dans le quotidien de ces aidants. Notre rôle est aussi de maintenir le lien et pouvoir les accompagner au mieux. Au niveau du soutien auprès des salariés, certains font face au décès de bénéficiaires mais aussi sur le plan personnel. Cela représente une double difficulté. Notre rôle est d'écouter, d'accompagner et d'être présents aussi tout simplement."

Cécile Rabeux

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