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L'épidémie amène les universitaires à repenser leur approche de la recherche

Mises en lumière pour leur travail de recherche dans le cadre de la crise du Covid-19, les universités multiplient les projets avec des approches modifiées pour plus d'efficacité. Mais la situation suscite des interrogations quant au futur.Face à l'importance de la lutte contre le virus, le monde de la recherche se retrouve parmi les acteurs en première ligne. Les universités françaises se sont mobilisées rapidement pour étudier le Sars-Cov-2 et ses enjeux. Mais face à l'urgence, une nouvelle approche qui favorise la pluridisciplinarité, les projets court terme ou encore l'open source, a été adoptée.

De la recherche fondamentale à la recherche la plus appliquée, les travaux doivent reposer sur la pluridisciplinarité a constaté la Conférence des présidents d'université (CPU) à l'occasion d'un point presse en visioconférence. "La crise a entraîné des questions par rapport au métier de chercheur, affirme Gilles Roussel, président de la CPU. Il a fallu décloisonner les approches puisque toutes les dimensions de la recherche sont nécessaires pour répondre aux enjeux posés par cette crise." Plus de 200 projets universitaires ont ainsi été lancés sur des thématiques variées, comme le diagnostic sérologique et l'immunisation, les traitements non pharmacologiques (respirateurs, masques, ventilation), les essais thérapeutiques, l'épidémiologie et la modélisation ou encore les sciences humaines et sociales qui étudient par exemple l'impact du confinement et de la crise sanitaire.

Du temps long à l'urgence

Une diversité présente parmi les 86
 projets financés par un appel flash de l'Agence nationale de recherche (ANR, lire notre article). Ces études avec des résultats visibles à court terme se sont multipliées pour répondre à l'urgence de la situation. Sur le terrain, des chercheurs s'attellent aussi à la réalisation d'équipements médicaux, en collaboration parfois avec des entreprises. Visières, respirateurs imprimés en 3D, textiles intelligents... Le "transfert technologique" entre conception et fabrication "n'a jamais été aussi rapide" selon Pierre Mutzenhardt, président de l'université de Lorraine et président de la commission recherche et innovation à la CPU.

La crise a également révélé l'importance de l'open science avec l'ouverture complète des données scientifiques sur le Covid-19. Une tendance qui pourrait faire évoluer à l'avenir le processus de publication des études, espère la CPU. Mais cette injonction à la rapidité suscite parfois des interrogations de la part du grand public et des décideurs politiques, comme le montre la polémique concernant le traitement à base de chloroquine (lire notre article). "Ce type de désaccord au sein de la communauté scientifique, pour nous chercheurs, c'est une habitude, explique Gilles Roussel. On sait que ce type de questionnement se résoudra avec le temps long." La naissance de cette polémique montre selon lui la méconnaissance qu'ont la société et des politiques de l'action scientifique.

Des incertitudes pour l'avenir

Les chercheurs comptent servir d'appui aux décideurs politiques mais demandent à être soutenus financièrement. En marge d'une visite à l'Institut Pasteur à Paris, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé le 19 mars sa décision d'augmenter de cinq milliards d'euros sur dix ans le budget de la recherche en France. Cet effort doit se faire dans le cadre de la loi de programmation pluriannuelle de recherche (LPPR) annoncée en février 2019, avec 400 millions supplémentaires dès 2021.


Une partie de ce budget sera consacrée à la revalorisation des salaires tandis qu'une autre augmentera le budget de l'ANR. Une ventilation peu précise pour la CPU qui juge ce budget encore insuffisant. "Ce budget supplémentaire pour la recherche est une bonne nouvelle, y compris à un moment où l’État est en train de s'endetter pour que la crise du confinement ne se transforme pas en crise économique durable, souligne Pierre Mutzenhardt. Mais clairement on attend plus pour atteindre l'objectif de 3% du produit intérieur brut (PIB) pour la recherche publique." La CPU espère que le Gouvernement se souviendra de la mobilisation des chercheurs en pleine crise au moment de la présentation du LPPR, dont la préparation est pour le moment à l'arrêt.

Les doctorants pénalisés

La situation de confinement et les mesures de restrictions ont pu pénaliser les doctorants français. Si certains travaux ont pu se poursuivre à distance, d'autres sont au point mort. La CPU espère obtenir des financements au cas par cas pour les étudiants interrompus dans la rédaction de leurs thèses. Autre problème : le recrutement. Alors que près de 50% des doctorants sont étrangers, la possibilité pour les universités de leur accorder des entretiens ou de les faire venir pour commencer leurs travaux s'avère compliquée.

Perrine Debacker

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