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La cancérologie anticipe la fin du confinement et se prépare à un effet rebond

Anticiper au maximum la fin du confinement et l'effet rebond, estimé à 20% voire 30% sur l'activité, afin de donner les meilleures chances aux patients atteints de cancer. Tel est désormais l'objectif des établissements autorisés en cancérologie.L'Académie nationale de médecine l'a rappelé, par communiqué le 12 avril : "Les patients atteints de cancer encourent plus de risques de développer une forme grave, voire létale, de l'infection par le Sars-Cov-2. Dans la situation actuelle de crise sanitaire, une prise en charge rapide mais adaptée au contexte épidémiologique, doit leur être offerte." Même rappel de la part de l'Institut national du cancer (Inca) ce 17 avril. S'appuyant sur un rapport de la mission conjointe de l'Organisation mondiale de la santé et de la Chine publié le 28 février, l'agence sanitaire souligne que le taux de mortalité des patients atteints de cancer et infectés par le coronavirus est de 7,8%, contre 1,4% dans la population ne présentant pas de comorbidité. Et d'insister alors pour que ces patients ne rompent pas le contact avec leur médecin. "La poursuite des traitements est la règle. Toutefois, si la situation le permet, l'oncologue ou l'hématologue peut adapter le suivi de son patient", a signalé l'Inca. Et l'institut de poursuivre : "de nombreux hôpitaux et services de cancérologie se sont adaptés ; des circuits spécifiques se sont mis en place dans les établissements." Le réseau des centres de lutte contre le cancer Unicancer, par communiqué lui aussi le 17 avril, a confirmé avoir "en priorité organisé le maintien des soins curatifs urgents et indispensables pour les patients récemment diagnostiqués ou en cours de traitement. Certaines activités ont été reprogrammées lorsqu'il n'y avait pas de risque pour la prise en charge". Les efforts ont été déployés, a continué Unicancer "pour limiter les déplacements et favoriser l'hospitalisation et les soins à domicile". Aussi les patients ne doivent pas hésiter à prendre contact par téléphone, téléconsultation ou mail.
L'enjeu pour [les patients atteints de cancer], est d'éviter la perte de chance. Il est nécessaire qu'ils soient pris en charge aussi vite que possible. C'est pourquoi nous mettons tout en œuvre pour assurer la continuité de leurs soins et les protéger face au virus.
Pr Jean-Yves Blay, président d'Unicancer, par communiqué

Adaptation du parcours

L'étude menée auprès de 1 119 patients atteints d'un cancer, a notamment confirmé l'adaptation du parcours de soins.
L'étude menée auprès de 1 119 patients atteints d'un cancer, a notamment confirmé l'adaptation du parcours de soins.

L'association Patients en réseau qui a pour vocation de développer des réseaux sociaux destinés aux personnes touchées par le cancer et à leurs proches, afin de faciliter leur quotidien pour affronter la maladie, a mené l'enquête durant cette période de confinement. L'étude, menée auprès de 1 119 patients atteints d'un cancer, a notamment confirmé l'adaptation du parcours de soins. "S'il y a eu un ralentissement global dans les traitements prodigués, l'enquête montre néanmoins que 82% des chimiothérapies et radiothérapies ont été assurées pour la prise en charge de la maladie". Par contre, près de 84% des sondés estiment qu'ils n'ont pas reçu de suivi particulier.

Option de télésuivi

Diverses initiatives sont pourtant mises en place dans les établissements, avec l'aide ou no
n de la technologie. Le digital est notamment présent dans les centres de lutte contre le cancer pour améliorer la qualité de vie des patients, pour téléconsulter, pour informer en temps réel les patients et les professionnels... À l'Institut Gustave-Roussy par exemple, l'application e-santé Capri-Covid permet de bénéficier d'un télésuivi à domicile avec trois objectifs : la surveillance en cas de contamination au Covid-19, plus appuyée encore auprès des personnes âgées ; le soutien en cas de vulnérabilités psychosociales dont le risque est accru en cette période de confinement ; et la prévention d'effets indésirables liés au cancer. Le tout en disposant d'informations fiables et actualisées sur la crise et les règles de confinement à l'aide d'un chatbot (consulter la publication consacrée).

L'application Capri-Covid n'est pas la seule à disposition. AstraZeneca, Cureety, Libheros et Qare ont en effet annoncé la mise à disposition pour les hôpitaux et leurs équipes soignantes d'une offre intégrée de télémédecine pour une prise en charge à distance des personnes atteintes de cancer (lire notre article). Trois services via une seule interface pour les patients comme pour les équipes soignantes sont offerts, à savoir une solution de télésurveillance (Cureety), une solution de téléconsultation (Qare) et enfin une offre de soins infirmiers et suivi à domicile (Libheros).

Préparation au rebond d'activité

Malgré les efforts, la fédération Unicancer a affiché quelques craintes : "Depuis le début de la crise, les consultations diagnostiques baissent, ce qui laisse craindre un risque de retard dans la prise en charge qui devrait être générateur d'un effet "rebond" d'activité en cancérologie, et possiblement de perte de chances de guérisons liées au retard de diagnostiques et thérapeutiques." Un rebond d'activité de 20 à 30% à la fin du confinement est ainsi attendu. D'où la mobilisation actuelle. L'Inca a dit anticiper et organiser la reprise, pour un retour à la normale dès la levée progressive du confinement. "L'institut a engagé un travail national pour organiser dans ses grands principes la reprise. Localement des équipes de soins contacteront chaque patient dont le traitement, les examens ou le suivi ont été repoussés afin de les reprogrammer."

Pia Hémery

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