Salon santé autonomie 2014
Pour exister durablement, la Silver économie doit s'émanciper de l'État et verrouiller son modèle
Lancée le 23 avril 2013 sous l'impulsion gouvernementale, la Silver économie a depuis hérité d'un contrat de filière, d'un fonds spécifique et s'est même déclinée en Silver Régions. Un an plus tard, l'Asipag et le cluster Silver Valley font le bilan lors de la conférence organisée jeudi 22 mai, à l'occasion des Salons de la santé et de l'autonomie."Il y a deux ans, la Silver économie, ça n'existait pas. Quand j'ai rencontré Fabien Verdier [alors conseiller Silver économie au cabinet de Michèle Delaunay*], on appelait ça la gérontechnologie", se rappelle Didier Jardin, président de l'Asipag, syndicat de la filière. À l'évolution sémantique, a succédé l'évolution de la problématique. "La grande question à l'époque, c'était de voir comme on pouvait créer de l'emploi avec ces technologies. Tout est parti de là, et de la motivation de Michèle Delaunay."
Maintenant que l'on parle moins de la Silver économie, que le tour de France des Silver Régions s'essouffle, et que Laurence Rossignol - nouvelle secrétaire d'État chargée de la Famille, des Personnes âgées et de l'Autonomie - semble privilégier la famille à la personne âgée, "l'enjeu principal, c'est de se fédérer, et arrêter d'attendre que le gouvernement fasse quelque chose, reprend Didier Jardin. Là, tout le monde attend l'autre, et on se retrouve dans une impasse." Convaincu qu'une partie des volontés politiques ont en pu servir à "faire le buzz avant les élections municipales", le président du syndicat insiste donc : "il faut continuer à surfer sur la vague, et c'est le rôle de l'Asipag de s'en assurer". Ainsi, là où Michèle Delaunay avait initié la dynamique Silver Région, le syndicat annonce prendre le relais en y installant des ambassadeurs de région.
Principale réussite, la mise en relation des industriels avec les prestataires de services. "Il y a 7 ou 8 ans que Legrand s'est positionné sur le domicile comme étant un marché stratégique, explique l'entreprise. En tant que fabriquant de produits, il nous manquait un lien pour arriver jusqu'à l'accompagnement des personnes âgées. L'instauration de la filière l'a permis en nous permettant de prendre des contacts et établir des accords de partenariat".
Que ce soit la plateforme de Bluelinea, destinée à fédérer l'ensemble des acteurs du secteurs gérontologique, ou encore la convention Asipag - Fesp, il faut donc instaurer "une chaîne d'acteurs", analyse Benjamin Zimmer, directeur de Silver Valley. Celle-ci permettrait à la fois d'identifier les besoins, de tester les technologies, et donc de s'assurer de l'utilité des innovations proposées. Elle poserait donc les fondements du modèle économique du secteur.
Si les acteurs semblent tendre vers cette organisation, les besoins restent "fragmentés et mal identifiés", selon le Réseau des acheteurs hospitaliers d'Île-de-France (Resah IDF). À quelques mois de la diffusion de l'appel d'offre du projet européen Hapi [prévue pour juillet prochain, ndlr], la centrale d'achat en a profité pour rappeler tout l'enjeu de se positionner également hors Hexagone. Si "assez peu de leaders émergent" vraiment au niveau de l'Europe, la France "a encore des progrès à faire", notamment sur le décloisonnement. "Trop hospitalo ou établissement centré, le marché français n'a pas assez développé sa vision de la personne âgée, ce qui se fait beaucoup mieux en pays nordiques, où les hôpitaux hors les murs sont une réalité", précise le réseau.
Agathe Moret
* Michèle Delaunay, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de la Dépendance sous le gouvernement de Jean-Michel Ayrault de mai 2012 à avril 2014.
Maintenant que l'on parle moins de la Silver économie, que le tour de France des Silver Régions s'essouffle, et que Laurence Rossignol - nouvelle secrétaire d'État chargée de la Famille, des Personnes âgées et de l'Autonomie - semble privilégier la famille à la personne âgée, "l'enjeu principal, c'est de se fédérer, et arrêter d'attendre que le gouvernement fasse quelque chose, reprend Didier Jardin. Là, tout le monde attend l'autre, et on se retrouve dans une impasse." Convaincu qu'une partie des volontés politiques ont en pu servir à "faire le buzz avant les élections municipales", le président du syndicat insiste donc : "il faut continuer à surfer sur la vague, et c'est le rôle de l'Asipag de s'en assurer". Ainsi, là où Michèle Delaunay avait initié la dynamique Silver Région, le syndicat annonce prendre le relais en y installant des ambassadeurs de région.
Pas qu'une opération de communication politique
Invité aux débats, les grands acteurs de la filière ont tenté de dresser le bilan de la Silver économie. Prise de conscience la société, meilleure identification des entreprises, mise en avant d'un but commun... "non, la Silver économie n'est pas qu'une opération de communication politique", assure Laurent Levasseur, directeur de Bluelinea.Principale réussite, la mise en relation des industriels avec les prestataires de services. "Il y a 7 ou 8 ans que Legrand s'est positionné sur le domicile comme étant un marché stratégique, explique l'entreprise. En tant que fabriquant de produits, il nous manquait un lien pour arriver jusqu'à l'accompagnement des personnes âgées. L'instauration de la filière l'a permis en nous permettant de prendre des contacts et établir des accords de partenariat".
Que ce soit la plateforme de Bluelinea, destinée à fédérer l'ensemble des acteurs du secteurs gérontologique, ou encore la convention Asipag - Fesp, il faut donc instaurer "une chaîne d'acteurs", analyse Benjamin Zimmer, directeur de Silver Valley. Celle-ci permettrait à la fois d'identifier les besoins, de tester les technologies, et donc de s'assurer de l'utilité des innovations proposées. Elle poserait donc les fondements du modèle économique du secteur.
Si les acteurs semblent tendre vers cette organisation, les besoins restent "fragmentés et mal identifiés", selon le Réseau des acheteurs hospitaliers d'Île-de-France (Resah IDF). À quelques mois de la diffusion de l'appel d'offre du projet européen Hapi [prévue pour juillet prochain, ndlr], la centrale d'achat en a profité pour rappeler tout l'enjeu de se positionner également hors Hexagone. Si "assez peu de leaders émergent" vraiment au niveau de l'Europe, la France "a encore des progrès à faire", notamment sur le décloisonnement. "Trop hospitalo ou établissement centré, le marché français n'a pas assez développé sa vision de la personne âgée, ce qui se fait beaucoup mieux en pays nordiques, où les hôpitaux hors les murs sont une réalité", précise le réseau.
Agathe Moret
* Michèle Delaunay, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de la Dépendance sous le gouvernement de Jean-Michel Ayrault de mai 2012 à avril 2014.