Affecter les agents en souffrance en unité de chirurgie ambulatoire est "une fausse bonne idée"
La gestion des ressources humaines est un élément important de développement de la chirurgie ambulatoire. C'est en substance le constat formulé ce 21 mai par plusieurs intervenants à la 2e journée de chirurgie ambulatoire des établissements publics, organisée en marge des Salons de la santé et de l'autonomie par la FHF et l'Association française de chirurgie ambulatoire (Afca). C'est pourquoi "la fausse bonne idée des débuts", celle qui consistait un peu trop souvent à positionner dans les unités de chirurgie ambulatoire (UCA) des personnels en reclassement pour raisons de santé est à ranger au fond d'un tiroir, dixit Vannessa Fage-Moreel, directrice des ressources humaines du CHU de Bordeaux. "On s'est rendu compte qu'il fallait ancrer une réflexion sur les personnels par rapport à des objectifs, des besoins et des compétences", abonde une responsable du CHRU de Montpellier. Certes, la qualité de vie au travail, faute d'horaires de nuit ou de week-end, incite à postuler pour de telles unités, le rythme y étant plus adapté pour concilier vies privée et professionnelle, acquiesce Nathalie Boutier, directrice des soins au CHU de Bordeaux. Toutefois, "le rythme est intense car il est demandé de la polyvalence et de la rotation dans l'équipe. On sort du carcans mono-filière, mono-spécialité". La raison pour laquelle certains n'arrivent pas à suivre.
D'où l'idée, à Bordeaux par exemple, de proposer des journées d'adaptation à l'issues desquelles, certains soignants parfois préfèrent ne pas poursuivre. À Montpellier, un profil-type du soignant en UCA a pu être dessiné. Des connaissances solides en chirurgie sont ainsi jugées nécessaires, couplées à une adaptabilité, une réactivité et un sens de l'anticipation pour connaître en amont le dossier patient, du calme et de l'écoute pour accueillir le public, un sens de l'alerte à bon escient, etc. Et ce pour absorber un volume conséquent de patient entre 7 et 10 heures, puis ensuite les urgences de jour. Sans compter l'intégration d'"une culture ambulatoire". En somme "admettre que le patient n'est pas hospitalisé pour la journée entière, que sa place doit être occupée deux fois". En effet, les soignants sont encore trop souvent formés pour accompagner le patient dans la durée, en aucun cas la logique d'une UCA. Faute de module sur l'ambulatoire en instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi), les infirmiers ont il est vrai encore parfois tendance à "rester dans le cocooning avec leur patient", abonde le Pr Corinne Vons, présidente de l'Afca. Mais cet "ancien modèle" tend à s'estomper avec les jeunes diplômés. À Bordeaux, il a justement été décidé de mixer l'âge des équipes "pour dynamiser et rebooster le modèle".
In fine, le taux d'absentéisme pour démotivation s'avère inexistant, confient les différents intervenants, faisant état d'équipes motivées, impliquées dans les projets car retrouvant du sens dans leur métier.