Gestion des risques
Les professionnels jugent l'État responsable des tensions générées par la grippe dans les hôpitaux
Dire que la communication de Marisol Touraine sur l'épidémie de grippe ne convainc pas complètement serait un euphémisme. Face aux arguments sur la "virulence" du virus présentés par la ministre pour expliquer les tensions sur les hôpitaux, les professionnels rappellent surtout les conséquences désastreuses des coupes budgétaires actées par l'État.Au sortir d'une réunion ministérielle d'urgence tenue ce 12 janvier à l'Élysée sous l'égide de François Hollande, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, a réalisé un nouveau point d'étape de l'épidémie grippale. Si la ministre a fait état de "situations de tension" dans les hôpitaux en signalant une augmentation du nombre de plans hôpitaux en tension déclenchés — 192 contre 142 la veille —, elle l'a une fois de plus assuré : "Les hôpitaux ne sont en aucun cas débordés."
"[Le président de la République] a souhaité saluer, remercier la mobilisation des professionnels hospitaliers et appeler à la mobilisation de tous. [...] La pression est aujourd'hui gérée et s'est relâchée depuis la mise en œuvre des mesures que j'ai demandées, s'est-elle ainsi félicitée. Trente hôpitaux supplémentaires ont déprogrammé des activités médicales ou chirurgicales non urgentes."
Fermetures de lits, réduction de l'offre de soins, suppressions de personnel... "Comment le Gouvernement peut-il demander toujours plus au personnel hospitalier avec la politique d'austérité qu'il mène ?", s'émeut pour sa part la CGT santé-social en allusion aux 3 milliards d'euros (Md€) d'économies actés par l'État aux 22 000 suppressions de postes et à la fermeture de 16 000 lits.
"Cet épisode montre une nouvelle fois la fragilité de notre système de santé, souligne pour sa part la CFDT Santé sociaux. Déjà sous tension au quotidien, l'hôpital est incapable d'absorber de tels pics d'activité malgré la bonne volonté des personnels", déplore le syndicat. Or le rappelle-t-il, "c'est pourtant son rôle".
Inquiet de l'absence de réponse adaptée de la part des pouvoirs publics pour "anticiper, prévenir et organiser le système de santé" et du maintien de réponses "actuellement bancales", l'Intersyndicat national des internes (Isni) demande à revoir la gestion des situations d'urgence dans son intégralité et restructurer la coordination entre médecine libérale et hospitalière. Un point de vue partagé par l'association Soins coordonnés, qui appelle, au nom de l'équilibre ville-hôpital, à faciliter les interventions des généralistes, pharmaciens et infirmiers libéraux. Et la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) de déplorer à cet égard le manque de moyens attribués à la médecin de ville en matière de prévention.
"[Le président de la République] a souhaité saluer, remercier la mobilisation des professionnels hospitaliers et appeler à la mobilisation de tous. [...] La pression est aujourd'hui gérée et s'est relâchée depuis la mise en œuvre des mesures que j'ai demandées, s'est-elle ainsi félicitée. Trente hôpitaux supplémentaires ont déprogrammé des activités médicales ou chirurgicales non urgentes."
La politique d'économie pointée du doigt
Le satisfecit est pourtant loin de faire l'unanimité. Dans une succession de réactions, syndicats comme fédérations ont ainsi déploré l'hypocrisie du Gouvernement quant aux raisons qui ont amené de telles difficultés dans la gestion de la grippe. "Heureusement que les hospitaliers n'ont pas attendu les recommandations ministérielles de ces derniers jours pour assurer leurs missions", ironise ainsi Frédéric Valletoux, président de la FHF. Pour lui comme pour les autres, le cœur du problème réside dans la politique menée envers l'hôpital plutôt que dans la virulence de la grippe, largement mise en avant par Marisol Touraine.Fermetures de lits, réduction de l'offre de soins, suppressions de personnel... "Comment le Gouvernement peut-il demander toujours plus au personnel hospitalier avec la politique d'austérité qu'il mène ?", s'émeut pour sa part la CGT santé-social en allusion aux 3 milliards d'euros (Md€) d'économies actés par l'État aux 22 000 suppressions de postes et à la fermeture de 16 000 lits.
L'hôpital "pas déstabilisé" pour Martin Hirsch, "débordé" pour les pros
Si Martin Hirsch juge que "l'hôpital n'est pas déstabilisé", les discours émanant du terrain détonnent. Rejoint par FO, qui évoque une "asphyxie budgétaire", ou encore par l'association des médecins urgentistes de France (Amuf), qui souligne des restrictions budgétaires responsables de pénurie de lits disponibles et polyvalent, la CGT relaie les conditions "particulièrement dégradées" et des "conditions de travail épuisantes" relevées sur le terrain. Même constat du côté de l'Ordre national des infirmiers (Oni) : "Les services d'urgences des hôpitaux de plusieurs régions sont débordés.""Cet épisode montre une nouvelle fois la fragilité de notre système de santé, souligne pour sa part la CFDT Santé sociaux. Déjà sous tension au quotidien, l'hôpital est incapable d'absorber de tels pics d'activité malgré la bonne volonté des personnels", déplore le syndicat. Or le rappelle-t-il, "c'est pourtant son rôle".
Inquiet de l'absence de réponse adaptée de la part des pouvoirs publics pour "anticiper, prévenir et organiser le système de santé" et du maintien de réponses "actuellement bancales", l'Intersyndicat national des internes (Isni) demande à revoir la gestion des situations d'urgence dans son intégralité et restructurer la coordination entre médecine libérale et hospitalière. Un point de vue partagé par l'association Soins coordonnés, qui appelle, au nom de l'équilibre ville-hôpital, à faciliter les interventions des généralistes, pharmaciens et infirmiers libéraux. Et la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) de déplorer à cet égard le manque de moyens attribués à la médecin de ville en matière de prévention.