Gestion des risques
Le Haut Conseil de santé publique donne ses clés de prise en charge des cas de coronavirus
Dans un nouvel avis, le Haut Conseil de santé publique met l'accent sur la collégialité dans le choix des traitements de cas confirmés de Covid-19. Des recommandations provisoires, en raison de l'absence d'essais cliniques.La prise en charge des cas confirmés de Covid-19 pâtit de l'absence de recommandations sur les thérapeutiques. Le Haut Conseil de santé publique (HCSP), dans un avis mis en ligne le 10 mars, propose des préconisations. "En préambule, le HCSP souligne la difficulté de formuler des recommandations thérapeutiques, pour une maladie (Covid-19) encore trop mal connue et avec des données très limitées sur les traitements pouvant être considérés comme efficaces et sûrs", prévient l'instance.
La collégialité prévaut également, selon le HCSP, pour les décisions de sortie, et leurs modalités, d'isolement et d'hospitalisation des patients. "Au moment de sa sortie d'hospitalisation, il est important de s'assurer que le patient ne représente pas un risque pour son entourage", précise l'institution. Cette dernière précise des critères, qui ne sont valables que pour la phase 2 de l'épidémie.
Elle rappelle que plusieurs sociétés savantes (dermatologie, rhumatologie, gastroentérologie, médecine interne) ont déjà alerté la Direction générale de la santé sur ce sujet. Elle recommande de ne pas interrompre ces mêmes traitements dans un but préventif. Pour les patients contacts ou infectés, une discussion au cas par cas avec les médecins spécialistes est préconisée.
Un essai clinique sur les rails
Après une série de définitions sur la présentation, les formes cliniques, les facteurs de risque et les critères de risque, le HCSP avance des traitements spécifiques dans la prise en charge. Il met notamment l'accent sur un usage compassionnel du remdesivir, un anti-viral de Gilead, pour les patients les plus graves. Le haut conseil "recommande fortement la mise en place, en urgence, d'essais cliniques académiques afin d'évaluer l'efficacité et la tolérance des traitements antiviraux, mais également anticorps monoclonaux, interféron bêta, corticoïdes, etc.". Un appel entendu le 11 mars, avec l'annonce de la sélection de 20 projets de recherche (lire notre article). Un essai clinique, promu par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), va comparer quatre combinaisons thérapeutiques, dont le remdesivir.La décision collégiale au cœur de la prise en charge
Le HCSP met également l'accent sur la collégialité des décisions dans le choix des traitements. "Dans tous les cas, compte tenu des connaissances encore limitées de la pathologie Covid-19 et de ses modalités thérapeutiques optimales, incluant d'éventuelles associations thérapeutiques, la décision de traiter par antiviral et le choix du traitement antiviral doivent être pris de façon collégiale et multidisciplinaire, fondés notamment sur l'avis des infectiologues, des virologues et des réanimateurs ayant déjà pris en charge des cas confirmés. Cette décision collégiale sera prise au niveau de l'établissement de santé de référence local, avec appui d'un expert extérieur", détaille le HCSP.La collégialité prévaut également, selon le HCSP, pour les décisions de sortie, et leurs modalités, d'isolement et d'hospitalisation des patients. "Au moment de sa sortie d'hospitalisation, il est important de s'assurer que le patient ne représente pas un risque pour son entourage", précise l'institution. Cette dernière précise des critères, qui ne sont valables que pour la phase 2 de l'épidémie.
L'Académie de pharmacie inquiète sur les interruptions de traitements
Dans un communiqué, l'Académie nationale de pharmacie fait part de sa préoccupation sur les arrêts de traitement immunomodulateur ou immunosuppresseur. Des patients évoquent un arrêt "préventif" de leur traitement en raison de l'épidémie de coronavirus, rapporte-t-elle. L'académie met en garde contre les risques liés à un arrêt de ces traitements, comme un rejet de greffe ou une reprise évolutive d'une maladie inflammatoire chronique. "Toute modification d'un traitement prescrit ne doit se faire qu'après un avis médical du médecin traitant ou du spécialiste", poursuit-elle.Elle rappelle que plusieurs sociétés savantes (dermatologie, rhumatologie, gastroentérologie, médecine interne) ont déjà alerté la Direction générale de la santé sur ce sujet. Elle recommande de ne pas interrompre ces mêmes traitements dans un but préventif. Pour les patients contacts ou infectés, une discussion au cas par cas avec les médecins spécialistes est préconisée.