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L'approvisionnement en matériel médical s'organise en France et dans l'Union européenne

Depuis le 19 mars, la circulation des marchandises est restreinte alors que les personnels de santé réclament davantage de moyens face à la crise sanitaire. À l'échelle de la France et de l'Union européenne, l'approvisionnement s'organise pour éviter les pénuries et protéger les soignants.
Les livraisons de matériel médical se poursuivent malgré le confinement. La société Geodis a été appelée en renfort des grossistes-répartiteurs.
Les livraisons de matériel médical se poursuivent malgré le confinement. La société Geodis a été appelée en renfort des grossistes-répartiteurs.

La crise sanitaire engendrée par la progression du Covid-19 a conduit le Gouvernement à restreindre les conditions de circulation des transporteurs et à ralentir l'activité économique du pays. Mais les entreprises du transport et du médicament s'organisent pour pallier les manques et éviter la pénurie.

L'organisation Les Entreprises du médicament (Leem) se dit mobilisée pour la sécurité des approvisionnements en médicaments. Aucune pénurie n'est à déplorer, affirme-t-elle dans un communiqué du 17 mars, mais le syndicat suit "avec une vigilance extrême" l'évolution de la situation. Concernant le matériel médical et les masques de protection, la pénurie se fait sentir. Lors des questions au Gouvernement ce 19 mars, le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran a annoncé avoir passé une commande publique de 1 132 respirateurs. Lors d'un point presse ce 19 mars, Jérôme Salomon, directeur général de la santé, a de son côté signalé que 6 millions de masques étaient fabriqués chaque semaine en France et que la capacité de production progressait. Les entreprises produisant les masques auraient en effet, pour le ministre de la Santé, la capacité d'en fabriquer 8 millions chaque semaine.

Une filiale de la SNCF en renfort pour livrer les masques

Dans un décret paru le 14 mars, le Gouvernement a annoncé la réquisition jusqu'au 31 mai 2020 de tous les stocks de masques de protection. Dans le cadre d'une stratégie de gestion et d'utilisation (lire notre article), ces masques sont livrés directement aux centres hospitaliers qui centralisent les stocks à destination des structures médico-sociales. Les officines en charge de la distribution des masques destinés aux professionnels de santé de ville sont livrés quant à elles non par leurs livreurs habituels — les grossistes-répartiteurs — mais par un logisticien généraliste, Geodis, une filiale de la SNCF à qui l'Élysée a fait appel.

Du 17 au 19 mars, les camions de Geodis ont récupéré les stocks de masques déposés par Santé publique France dans les centres de répartition régionaux, afin de livrer les établissements de santé, en priorité dans les clusters. La quantité de masques reçue doit "permettre d'assurer une couverture des besoins des professionnels a minima sur les deux prochaines semaines", selon les modalités détaillées par la Caisse nationale d'assurance maladie. L’Ordre national des pharmaciens précisait dès le 17 mars : "Les pharmacies ont reçu ou vont recevoir ce stock d'État à raison de trois masques par jour par professionnel de santé." Les grossistes-répartiteurs, quant à eux, continuent l'approvisionnement des officines en médicaments et en matériel médical non réservés exclusivement aux professionnels de santé.


Des livraisons encore attendues

"Les approvisionnements vers les centres hospitaliers et les officines sont en cours ou déjà livrés", a détaillé Jérôme Salomon, directeur général de la santé lors de son point à la presse le 18 mars. Depuis lundi nous acheminons vers les officines du territoire métropolitain plus de 12 millions de masques, dont 1,6 million FFP2." Certains soignants s'impatientent pourtant, ne voyant pas arriver les masques promis. L'URPS Médecins des Hauts-de-France dénonce dans un communiqué publié le 19 mars les problèmes de la distribution de masques : "Certaines pharmacies ont été livrées en FFP1 ou FFP2, d'autres non, qu'elles soient en cluster ou non." Elle souligne également le fait que certains pharmaciens n'ont pas reçu assez de stock pour tenir 15 jours avant la prochaine distribution. Même constat pour Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui s'indigne sur Twitter : "Il est temps de dire la vérité aux Français : nous n'avons pas assez de masques ! Toutes les pharmacies ne les ont pas encore reçus et n'en recevront que quelques-uns pour certains soignants. La seule mesure barrière à privilégier sera donc l'éloignement de plus d'un mètre." À l'issue du Conseil des ministres le 18 mars, la porte-parle du Gouvernement Sibeth Ndiaye a reconnu des "difficultés logistiques" dans la fourniture de masques, conséquentes à la mise en tension de leur appareil de production. Le lendemain, Jérôme Salomon signalait que cette distribution "va quasiment totalement être achevée demain soir", soit le 20 mars. Et de signaler réagir "très vite" aux demandes spécifiques des établissements de santé en assurant des livraisons directes.

Faciliter le travail des transporteurs

Si des mesures drastiques de confinement ont été prises le 16 mars par le Gouvernement français (lire notre article), le flux de camions transportant des marchandises est toujours autorisé. Certains salariés et conducteurs des plateformes logistiques ont pourtant rencontré des difficultés à circuler face aux forces de l'ordre. Le 17 mars, trois acteurs du transport routier de marchandise et de la logistique* ont donc appelé les pouvoirs publics à "mettre en place toutes les mesures possibles d’accompagnement pour faciliter le travail des transporteurs". Contactée par Hospimedia, la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) dit avoir saisi le cabinet du secrétaire d’État aux Transports et celui du ministre de l'Intérieur. Le ministère des Transports a annoncé la réouverture des lieux de repos et de restauration mais les transporteurs réclament notamment l'adaptation des règles d'amplitude de temps de travail et l'accès à des gants et des gels hydroalcooliques.

Des "voies prioritaires" pour les transports nécessaires

La France assure la libre circulation des marchandises en accord avec la position de la Commission européenne, qui a présenté aux États membres le 16 mars des lignes directrices pour maintenir la disponibilité des biens et des services essentiels. "Faisons en sorte que les biens et les services essentiels continuent à circuler dans notre marché intérieur, a déclaré la présidente Ursula von der Leyen lors d'une réunion commune. Il s'agit là du seul moyen de prévenir les pénuries d'équipements médicaux ou de denrées alimentaires." La commission préconise aux États de désigner des "voies prioritaires", par exemple des voies vertes afin de faciliter l'approvisionnement. Elle a également lancé une procédure d'achats groupés de matériel de protection comme des appareils respiratoires ou des masques, à l'intention des États européens. Interrogé sur la question du partage des masques, Jérôme Salomon a confirmé qu'une discussion était en cours pour assurer l'entraide européenne. "La réponse doit être une réponse de solidarité", a-t-il affirmé. La Commission européenne a ainsi décidé de créer le 19 mars une réserve stratégique rescEU de matériel médical d'urgence. Elle comprendra notamment des respirateurs, des masques réutilisables, des vaccins et des traitements et du petit matériel de laboratoire. Le Centre de coordination de la réaction d'urgence gérera la distribution du matériel pour veiller à ce qu'il aille là où il est le plus nécessaire.

Perrine Debacker

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