Éthique
La privation relationnelle en Ehpad ou à domicile se révèle difficile à compenser
L'observatoire national Covid-19 piloté par l'espace éthique de la région île-de-France souligne dans son dernier rapport hebdomadaire la montée des anxiétés des professionnels, des familles et des résidents. Les réflexions éthiques se succèdent."Un sentiment d'absence de maîtrise chez les professionnels du grand âge et une inquiétude grandissante" dans la gestion de la pandémie. Ce sont les principaux constats dressés lors de la deuxième réunion de l'observatoire national Covid-19 éthique et société, lancé par l'espace éthique de la région Île-de-France, l'espace national de réflexion éthique maladies neurodégénératives et le département de recherche en éthique de l'université Paris-Saclay.
Côté familles, si l'interdiction de visite a été plus ou moins bien acceptée au départ, la multiplication des contaminations en établissement alimente l'inquiétude. D'autant plus que les moyens pour maintenir le contact entre les résidents et leurs proches du type Skype ou WhatsApp ne sont pas toujours au rendez-vous. Côté résidents, le confinement les angoisse parfois, depuis le départ. L'observatoire note donc que "certains cadres encouragent les équipes à passer du temps relationnel dans les chambres, mais ce n'est pas toujours dans les habitudes de travail. Il est suggéré de prescrire des perfusions de présence à jour et à heure fixes, notamment pour les résidents particulièrement à risque d'un point de vue psychologique". Encore faut-il que ce soit possible au regard du nombre de salariés dans l'établissement et du nombre des résidents.
À domicile, les impacts de la pandémie désorganisent également la prise en charge. "Des auxiliaires de vie font valoir leur droit de retrait et certaines associations d'aide et de soins à domicile ont mis en place le chômage partiel", souligne l'observatoire. Les bénévoles des associations de lutte contre l'isolement comme Les Petits Frères des pauvres mènent leurs missions par téléphone. Seulement "l'impossibilité de se déplacer et de se rencontrer crée une certaine mélancolie. Les possibilités d'échanges virtuels ne suffisent pas complètement pour remonter le moral". Le groupe a prévu de se réunir chaque semaine pour étudier l'évolution des problématiques éthiques.
Du confinement à l'anxiété
Une semaine plus tôt les questionnements du groupe étaient axés sur le confinement. Dans leur rapport du 11 mars, les participants ont noté ainsi que "le principal problème posé à ce stade par le Covid-19 est que les résidents ne peuvent plus recevoir les visites de leurs proches et bénéficier de la vie sociale au sein des établissements". Des paradoxes bien connus semblaient refaire surface, rendant certains choix compliqués. "L'intention de protéger les résidents se heurte avec la visée de maintenir et de préserver une capacité de choix et une capacité d'agir, une dynamique de vie". Dans un contexte de crise et de moyens limités, "les critères d'arbitrages doivent être rendus publics, notamment s'il s'avérait que l'âge constituait en lui-même un critère d'allocation des ressources de santé", alertait l'observatoire.Prescrire des perfusions de présence
Ces premières craintes n'ont pas été levées, au contraire, d'autres problématiques s'y ajoutent. C'est ce que confirme le compte-rendu de la réunion du 17 mars (lire aussi encadré). L'anxiété des résidents, familles et professionnels a grandi. Dans les équipes, "un sentiment de non-dit sur les choix importants faits par les autorités et par les équipes hospitalières" est rapporté.Côté familles, si l'interdiction de visite a été plus ou moins bien acceptée au départ, la multiplication des contaminations en établissement alimente l'inquiétude. D'autant plus que les moyens pour maintenir le contact entre les résidents et leurs proches du type Skype ou WhatsApp ne sont pas toujours au rendez-vous. Côté résidents, le confinement les angoisse parfois, depuis le départ. L'observatoire note donc que "certains cadres encouragent les équipes à passer du temps relationnel dans les chambres, mais ce n'est pas toujours dans les habitudes de travail. Il est suggéré de prescrire des perfusions de présence à jour et à heure fixes, notamment pour les résidents particulièrement à risque d'un point de vue psychologique". Encore faut-il que ce soit possible au regard du nombre de salariés dans l'établissement et du nombre des résidents.
Dans le cadre d'une évolution rapide de la crise du #Coronavirus, notre Observatoire "COVID-19, #éthique et société" publie sont second rapport sur le grand âge (en EHPAD et au domicile)
— Espace éthique/IDF (@EspaceEthique) March 23, 2020
A consulter ici : https://t.co/aP4XEnH2Zm#CoronavirusFrance pic.twitter.com/y91rluFpwA
À domicile, les impacts de la pandémie désorganisent également la prise en charge. "Des auxiliaires de vie font valoir leur droit de retrait et certaines associations d'aide et de soins à domicile ont mis en place le chômage partiel", souligne l'observatoire. Les bénévoles des associations de lutte contre l'isolement comme Les Petits Frères des pauvres mènent leurs missions par téléphone. Seulement "l'impossibilité de se déplacer et de se rencontrer crée une certaine mélancolie. Les possibilités d'échanges virtuels ne suffisent pas complètement pour remonter le moral". Le groupe a prévu de se réunir chaque semaine pour étudier l'évolution des problématiques éthiques.
Quelques constats au 17 mars de l'observatoire éthique :
- certains établissements et services se préparent à avoir beaucoup de décès au même moment ;
- un sentiment d'absence de maîtrise est exprimé par certaines équipes ;
- la privation relationnelle (ne plus recevoir les visites et l'aide de ses proches) est difficile à compenser ;
- en établissement, le personnel reste présent mais on constate une anxiété grandissante relative à la contagiosité, à la peur de contaminer les résidents et à celle de rapporter le virus à la maison ;
- à domicile, des auxiliaires de vie font valoir leur droit de retrait ;
- des assistantes maternelles refusent d'accueillir les enfants des infirmiers travaillant à l'hôpital par peur de contracter le virus ;
- il est difficile d'obtenir des tests de dépistage pour les résidents des Ehpad ;
- l'accompagnement de la fin de vie et du décès pose question. Une réflexion est également menée sur la manière de parler aux familles.