Gestion des risques
Le Gouvernement mobilise un plan national pour maintenir l'accès aux médicaments
Les besoins croissants font naître des tensions, attendues, d'approvisionnement sur les médicaments utilisés en réanimation. Le Gouvernement annonce un plan d'approvisionnement qui ne répondrait pas aux racines de ce problème.L'Alliance des hôpitaux universitaires européens (EUHA) tire la sonnette d'alarme sur les stocks de médicaments utilisés dans les services de soins critiques et de réanimation. "Nos membres estiment, qu'au rythme actuel de consommation, leurs stocks seront vides dans quelques jours dans les hôpitaux les plus touchés et dans deux semaines dans ceux qui en ont le plus de réserves", écrit-elle dans un courrier (en anglais) appuyé par plusieurs acteurs français du monde hospitalier. L'EUHA appelle ainsi à une collaboration et une coordination au niveau européen.
"N'en soyons pas surpris, les ruptures et/ou tensions d'approvisionnement qui sont le quotidien des pharmacies hospitalières et des services de soins depuis quelques années auraient dû nous alerter, et n'en sont que plus exacerbées lors de crises majeures comme celle que nous vivons en ce moment", abonde Pascal Le Corre, président du Syndicat national des pharmaciens praticiens hospitaliers et praticiens hospitaliers universitaires dans une note transmise à Hospimedia. Le manque de molécules, notamment le midazolam, touche également les soins palliatifs. L'accès au Rivotril a notamment été élargi en réponse à ce manque. À l'inverse de la réanimation, les soins palliatifs disposent de plus d'alternatives qui permettent de maintenir les pratiques, bien que de manière dégradée, souligne Régis Aubry, chef de service au CHU de Besançon (Doubs).
Quant au CHU d'Angers (Maine-et-Loire), il finance et coordonne un essai regroupant 37 établissements visant à mettre fin à la polémique autour de l'hydroxychloroquine. Cette étude, baptisée Hycovid, inclura 1 300 patients répartis dans deux bras (placebo et hydroxychloroquine). "Considérant l'urgence, le CHU d'Angers a décidé de démarrer ce projet sans engagement financier de la part de l'État ou d'industriels", précise l'établissement dans le dossier de presse de lancement. Le CHU angevin supporte ainsi 600 000 euros sur les 850 000 nécessaires à l'étude — les 36 autres centres contribuant pour finaliser cette enveloppe. Il assure également disposer de stocks suffisants en hydroxychloroquine et en placebo pour permettre cet essai.
Des commandes groupées de huit molécules
Pour répondre à la demande mondiale croissante due au Covid-19, le Gouvernement annonce, en séance publique à l'Assemblée nationale le 31 mars, un plan national d'approvisionnement. "Il est inévitable que la consommation des molécules nécessaires pour le placement et le maintien en réanimation explose. C'est la raison pour laquelle nous avons mis en place un plan national d'approvisionnement. Ainsi, nous passons des commandes groupées et nous pouvons utiliser l'influence de la diplomatie française lorsque l'approvisionnement n'est pas strictement national. Nous avons également mis en place une méthode de répartition des médicaments entre les différentes régions, afin que chacun puisse avoir accès aux molécules nécessaires. C'est un exercice difficile", détaille Édouard Philippe, le Premier ministre. De son côté, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, précise que huit molécules sont concernées, sans les préciser devant les députés. Il avance également que les ARS ont la charge d'établir les priorités dans chaque région pour l'approvisionnement des médicaments.Une non-surprise pour les professionnels
Face à la pénurie, les hôpitaux sont déjà organisés. L'Assistance publique-hôpitaux de Paris propose des pistes d'optimisation de l'utilisation des thérapeutiques. "Nous avions déjà identifié comme critique cette question de l'approvisionnement", souligne Laurent Heyer, ancien président du Conseil national professionnel d'anesthésie-réanimation, en rappelant que les professionnels hospitaliers sont des professionnels de la gestion de la pénurie. Aux Hospices civils de Lyon (Rhône), où Laurent Heyer pratique, les tensions sur la chaîne logistique ont été anticipées en amont avec la pharmacie."N'en soyons pas surpris, les ruptures et/ou tensions d'approvisionnement qui sont le quotidien des pharmacies hospitalières et des services de soins depuis quelques années auraient dû nous alerter, et n'en sont que plus exacerbées lors de crises majeures comme celle que nous vivons en ce moment", abonde Pascal Le Corre, président du Syndicat national des pharmaciens praticiens hospitaliers et praticiens hospitaliers universitaires dans une note transmise à Hospimedia. Le manque de molécules, notamment le midazolam, touche également les soins palliatifs. L'accès au Rivotril a notamment été élargi en réponse à ce manque. À l'inverse de la réanimation, les soins palliatifs disposent de plus d'alternatives qui permettent de maintenir les pratiques, bien que de manière dégradée, souligne Régis Aubry, chef de service au CHU de Besançon (Doubs).
La réindustrialisation repoussée
Du côté des anesthésistes-réanimateurs, ces tensions s'expliquent par le fait que ces molécules sont anciennes, peu chères et non prioritaires pour l'industrie pharmaceutique. Une situation qui fragilise l'accès à ces molécules qui disposent de peu de lignes de production dans le monde et ramène la question de la relocalisation de la production de médicaments en France. "Nous aurons l'occasion de revenir sur la question essentielle de la réindustrialisation. J'ai déjà salué la forte mobilisation de l'industrie pharmaceutique pour répondre à la demande et je réitère mon hommage, car elle le mérite", se contente de répondre le Gouvernement par la voix d'Olivier Véran.Les essais cliniques se diversifient
Le syndicat Jeunes Médecins estime, dans un communiqué, "indispensable de mettre en place rapidement un essai clinique pour les patients ambulatoires". Il constate que les essais en cours concernent principalement les formes sévères du Covid-19 traités à l'hôpital. Cette recherche permettrait de connaître l'intérêt d'un traitement antiviral pour les malades à domicile.Quant au CHU d'Angers (Maine-et-Loire), il finance et coordonne un essai regroupant 37 établissements visant à mettre fin à la polémique autour de l'hydroxychloroquine. Cette étude, baptisée Hycovid, inclura 1 300 patients répartis dans deux bras (placebo et hydroxychloroquine). "Considérant l'urgence, le CHU d'Angers a décidé de démarrer ce projet sans engagement financier de la part de l'État ou d'industriels", précise l'établissement dans le dossier de presse de lancement. Le CHU angevin supporte ainsi 600 000 euros sur les 850 000 nécessaires à l'étude — les 36 autres centres contribuant pour finaliser cette enveloppe. Il assure également disposer de stocks suffisants en hydroxychloroquine et en placebo pour permettre cet essai.