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La commission bientraitance saisit le CCNE sur la maltraitance aux personnes vulnérables

Une saisine demandant aux espaces éthiques d'instaurer une veille sur les cas de maltraitance aux âgés et personnes en situation de handicap vient d'être soumise au Comité consultatif national d'éthique. La commission pour la promotion de la bientraitance et la fédération 3977 s'inquiètent.La commission pour la promotion de la bientraitance et la lutte contre la maltraitance a saisi le 9 avril le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) concernant la problématique du risque de maltraitance des personnes âgées et des personnes handicapées en période de crise sanitaire et de confinement. L'objectif n'est pas de solliciter l'instance pour qu'elle produise un nouvel avis mais pour qu'elle organise une veille, souligne à Hospimedia la présidente de la commission, Alice Casagrande.

Une veille maltraitance s'impose

Hors de question pour elle d'"imposer un sujet de plus dans l'espace public déjà bien saturé de questions en cette période de crise Covid-19". Mais difficile pour autant de ne pas réagir en constatant que "si les conséquences du confinement en termes de violences aux femmes ou aux enfants ont fait l'objet de débats publics, les maltraitances aux âgés sont peu évoquées". Dans son récent rapport Lutter contre l’isolement des personnes âgées et fragiles isolées en période de confinement, Jérôme Guedj a pris un autre angle n'abordant d'ailleurs pas les violences ou maltraitances aux personnes âgées (lire notre article).

La fédération 3977 continue

Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, la fédération 3977 de lutte contre la malraitance a maintenu son activité d'écoutants. Sur la période du 17 mars au 2 avril, Pierre Czernichow, président de la fédération souligne, à Hospimedia, que 256 nouveaux appels ont été reçus (220 sur la plateforme nationale et 36 par les centres départementaux). Une fois de plus, il insiste sur le fait que, même en période de crise, les statistiques sur la maltraitance sont toujours en dessous de la réalité et que tous les appels ne concernent pas directement des cas de violences... À première vue, le nombre des appels pendant cette crise semble donc se maintenir (lire notre interview). "Tout se passe comme si à domicile on avait des situations de maltraitance ordinaire exacerbées", déclare-t-il. En ce qui concerne les appels sur les établissements, les questions les plus fréquentes portent sur l'isolement social, l'impossibilité de voir ses proches et aussi les soins mortuaires ou les deuils empêchés. Le confinement en établissement est très mal perçu par les familles qui appellent la fédération. "Ces proches dénoncent clairement des mesures justifiées d'un point de vue général mais souvent inappropriées à titre individuel", souligne-t-il. Ajoutant que cette situation de confinement aurait aussi tendance à accroître les tensions intrafamiliales à domicile. Si les lignes d'écoute de la fédération fonctionnent presque normalement, ce n'est pas le cas des partenaires avec qui les écoutants travaillent et dont les déplacements sont actuellement limités.

Dans son courrier de saisine —
 dont Hospimedia a eu copie — et qu'elle a corédigé avec Pierre Czernichow, président de la fédération 3977 de lutte contre la maltraitance, Alice Casagrande demande que les phénomènes de maltraitances sur adultes vulnérables soient intégrés dans les travaux de veille du CCNE en lien avec les espaces éthiques. Elle ajoute que cette "question relève à la fois de la santé publique, de l'éthique et des pratiques démocratiques".

Un dispositif à long terme

Les deux signataires écrivent : "Les personnes âgées et handicapées, comme les enfants et les femmes victimes de violence, n'expriment guère leur souffrance, qu'elles subissent sans savoir vers qui se tourner." Ils rapportent qu'actuellement avec le confinement à domicile, des aidants peuvent par exemple perdre patience. En ce qui concerne les établissements, ils relèvent qu'il peut y avoir des dérives des pratiques "qui vont au-delà de ce qu'impose la sécurité sanitaire, dont le bien-fondé n'est pas contesté : il en résulte des négligences, des ruptures de lien social, voire des abandons liés à l'absentéisme ou du droit de retrait des salariés qui dégradent les conditions normales d'intervention".

Pour Alice Casagrande, en demandant aux espaces éthiques régionaux d'élaborer une veille maltraitance, cela permettrait au sujet de sortir de son état actuel d'invisibilité et aussi de mieux appréhender le phénomène et surtout mieux le comprendre. Ce serait aussi une façon d'impliquer durablement sur cette problématique les espaces éthiques et autres plateformes d'entraide citoyenne. À l'heure où une définition consensuelle sur le sujet se construit, cette veille pourrait apporter de nouveaux éléments dans la réflexion.


Lydie Watremetz

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