Équipement
Un consortium adapte un masque de plongée pour protéger les professionnels de réanimation
Une équipe pluridisciplinaire a produit plusieurs dizaines de milliers d'adaptateurs pour transformer des masques de plongée en équipement de protection individuelle contre le virus. Ils pourront être portés en service de réanimation.Pour protéger les soignants en contact direct avec les malades du Covid-19, entreprises et acteurs du monde médical s'unissent en palliant le manque de moyens par des innovations. Un collectif grenoblois s'est par exemple formé pour industrialiser un masque de protection réutilisable grâce à des filtres lavables (lire notre article). Cette fois, c'est un consortium international qui s'est créé pour tirer parti d'un objet loin d'être destiné au monde médical. Il s'agit du masque intégral Easybreath de Decathlon, conçu pour le snorkeling, la randonnée aquatique.
Ce masque couvre les yeux, le nez et la bouche de l'utilisateur et peut ainsi servir de protection pour les professionnels de réanimation lors de gestes critiques sur les patients atteints ou suspects de Covid-19. L'entreprise avait annoncé sur Twitter le 25 mars qu'elle bloquait la vente de ses masques "afin de réserver tout le stock disponible pour le donner au personnel soignant", en précisant qu'elle se tenait à disposition des centres de recherche.
"Cet équipement a été conçu pour être porté uniquement par les professionnels de réanimation à l'hôpital car seul l'hôpital permet de respecter les conditions d'utilisation, et en particulier, de désinfection", précise le consortium dans un communiqué. L'équipe a lancé la production industrielle et est actuellement en discussion avec le ministère de la Santé. Pour adapter la plupart des 30 000 masques déjà distribués aux hôpitaux, le consortium leur a envoyé ce 14 avril 25 000 adaptateurs.
Ce masque couvre les yeux, le nez et la bouche de l'utilisateur et peut ainsi servir de protection pour les professionnels de réanimation lors de gestes critiques sur les patients atteints ou suspects de Covid-19. L'entreprise avait annoncé sur Twitter le 25 mars qu'elle bloquait la vente de ses masques "afin de réserver tout le stock disponible pour le donner au personnel soignant", en précisant qu'elle se tenait à disposition des centres de recherche.
Depuis nos derniers messages, plusieurs hôpitaux nous ont contactés afin de se procurer des masques Easybreath.
— Decathlon (@Decathlon) March 30, 2020
On a donc fait le choix de bloquer la vente de nos masques sur https://t.co/Mmh3KTB30q afin de réserver tout le stock disponible pour le donner au personnel soignant.
25 000 adaptateurs déjà disponibles
Le masque couvre le visage mais l'air qui y entre doit être filtré. C'est l'université de Stanford aux États-Unis qui a eu l'initiative de développer un adaptateur pour filtres antiviraux qui se fixe aux masques de snorkeling. Ajouté à la place du tuba, cet accessoire permet de protéger l'utilisateur contre le transfert de micro-organismes, de fluides corporels et de particules. Un consortium composé de chercheurs, d'ingénieurs, de techniciens, de médecins et d'industriels s'est ensuite constitué pour développer cet adaptateur "en urgence et à grande échelle"."Cet équipement a été conçu pour être porté uniquement par les professionnels de réanimation à l'hôpital car seul l'hôpital permet de respecter les conditions d'utilisation, et en particulier, de désinfection", précise le consortium dans un communiqué. L'équipe a lancé la production industrielle et est actuellement en discussion avec le ministère de la Santé. Pour adapter la plupart des 30 000 masques déjà distribués aux hôpitaux, le consortium leur a envoyé ce 14 avril 25 000 adaptateurs.
En Italie, les masques de plongée deviennent des respirateurs
L'entreprise italienne Isinnova a également coopéré avec Decathlon pour transformer son masque de plongée en respirateur. Elle a mis au point une valve installée à la place du tuba, au sommet du masque, qui permet d'alimenter un patient en air sous pression. L'entreprise a décidé de partager le fichier pour réaliser la valve en impression 3D, mais ce dispositif n'est pour l'instant pas homologué.Une solution d'urgence "dégradée"
Le consortium rappelle néanmoins qu'il s'agit d'une "solution d'urgence, dégradée, pour pallier la pénurie liée à la crise du Covid-19". Le masque de plongée détourné constituera un substitut aux équipements de protection individuelle comme les masques et lunettes dont les stocks s'épuisent (lire notre article). Pour que cette solution bénéficie à d'autres hôpitaux, les plans 3D et industriels ainsi que les documents et notices d'utilisation seront disponibles cette semaine en open source.Le consortium à l'origine de cette innovation :
- recherche : Stanford University (États-Unis), Plankton Planet ;
- constitution et coordination pour l'Europe : Centre national de la recherche scientifique (CNRS), la Fondation Tara Océan ;
- médical et biomédical : CHRU de Brest (Finistère), CH de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), Sorbonne Université, hôpital Armand-Trousseau de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) ;
- fablab : Atelier PontonZ, UBO Open Factory ;
- réglementation : Evanov ;
- industriels : Decathlon, BIC ;
- autres membres du Consortium et partenaires : École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse), Elliptika, FM Logistic.