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Étudiants, internes et médico-social attendent des réponses sur la prime Covid-19

L'annonce des primes pour le personnel mobilisé dans la lutte contre le Covid-19 suscite des interrogations, notamment chez les étudiants infirmiers et les internes. Côté médico-social, les acteurs attendent une prime à la hauteur de leur engagement.Les annonces d'Édouard Philippe le 15 avril dernier sur les primes qui seront accordées au personnel soignant engagé dans la lutte contre l'épidémie de Covid-19 (lire notre article) ont été saluées par les acteurs concernés. La FHF a par exemple salué dans un tweet "cette première reconnaissance financière de l'engagement des hospitaliers et professionnels du médico-social". Toutefois, d'autres y ont vu deux poids deux mesures, l'engagement de tous les professionnels et personnels de santé devant être encouragé, comme s'est interrogé Sud Santé sociaux dans un communiqué : "Pourquoi cette différenciation ?" Pour rappel, une prime de 1 500 euros (€) sera accordée au personnel soignant des hôpitaux des départements les plus touchés par la crise sanitaire ainsi qu'à tout le personnel des services ayant accueilli des patients Covid-19 dans les départements les moins touchés. Pour tous les autres personnels des hôpitaux, le Gouvernement prévoit une prime de 500 €.

Deux poids, deux mesures

Pour le syndicat Sud Santé sociaux, cette différenciation n'a pas lieu d'être car des réorganisations de services entiers, découlant du plan blanc, ont été nécessaires pour accueillir dans les meilleures conditions les patients atteints du virus. FO Santé rappelle lui aussi dans un communiqué que l'hôpital "est une entité complexe où tous les agents participent et contribuent à la prise en charge des malades". La CGT et les autres organisations syndicales regrettent d'ailleurs de ne pas avoir été consultées par le Gouvernement, ces dernières ayant appris l'annonce des primes lors d'une réunion téléphonique avec le secrétaire d'État de l'Action et des Comptes publics. Sud Santé sociaux s'est aussi interrogé sur le sort des étudiants (infirmiers, aides-soignants, en travail social et médecine) réquisitionnés mais payés la plupart du temps au même tarif que leurs stages habituels. Un point relayé notamment par la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) qui appelle à la valorisation de leur engagement dans toutes les régions de France. Pour l'heure, cela relève de l'engagement des régions. Huit à ce jour ont décidé de revaloriser les indemnités de stage pour les étudiants infirmiers mobilisés.

Du côté des étudiants et internes en médecine, Action praticiens hôpital, Jeunes médecins et l'Intersyndicale nationale des internes (Isni) ont pris acte dans un communiqué commun des annonces gouvernementales concernant l'octroi de primes et d'une majoration plus importante des heures supplémentaires. "La revalorisation des heures supplémentaires va dans le bons sens si celle-ci est pérenne et concerne tous les statuts" mais "encore faut-il qu'elles soient décomptées, ce qui n'est pas le cas pour tous les personnels", ajoutent-ils. "Cette prime pose aussi un problème d'équité avec les autres catégories soignantes qui ne travaillent pas à l'hôpital, comme les médecins et infirmiers libéraux ou les pharmaciens d'officine, qui rencontrent actuellement des difficultés économiques importantes en raison d'une chute de leur activité", estiment ces organisations. L'Isni ajoute dans un communiqué qu'elle s'opposera à la mise en place d'un système d'attribution opaque "dans lequel viendraient se glisser des logiques budgétaires d'économies de bout de chandelle". Et d'ajouter : la distinction au bénéfice des internes les plus exposés et sollicités doit se traduire par une revalorisation conséquente de l'indemnité de garde de 120 à 252 € net. L'Isni sera aussi vigilante à ce que les internes "venus en renfort depuis des régions épargnées vers celles les plus touchées puissent bénéficier de la prime la plus élevée".

Prendre en compte tous les acteurs médico-sociaux

Mais les interrogations sont surtout portées par le secteur médico-social. Le montant de la prime et ses modalités de versement sont en effet en discussion entre le Gouvernement et les départements, comme l'a précisé le Premier ministre lors de sa présentation. Pour la Fédération française des services à la personne et de proximité (Fedesap), cette prime "doit absolument être accordée à l'ensemble des professionnels du secteur, quel que soit leur statut ou leur poste". De son côté, la Conférence nationale des directeurs d'établissements pour personnes âgées et personnes handicapées (CNDEPAH) souhaite rappeler dans un communiqué qu'il est fondamental "qu'il n’y ait pas de temps de latence entre les dispositifs de prime pour le sanitaire et ceux pour le médico-social, pouvant laisser à penser que les uns "priment" sur les autres". Elle indique aussi que les établissements pour personnes handicapées ont été mis à contribution "de manière très forte" et que de ce fait leur personnel "doit à l'évidence être concerné par cette prime". La conférence ajoute que le "financeur public premier, et de loin, des Ehpad, est l'Assurance maladie". Par conséquent, il lui revient de financer ce dispositif de prime, comme pour l'hôpital.

Les oubliés de la 2e ligne

Dans une lettre commune adressée à Édouard Philippe, quinze organisations* estiment que limiter le versement d'une prime aux seuls Ehpad et à l'intervention à domicile "revient à oublier l'ensemble des salariés des secteurs sociaux et médico-sociaux qui sont au contact des publics les plus fragiles" : enfants, jeunes, adultes de l'aide sociale à l'enfance, personnes en situation de handicap, personnes sans domicile, migrants et majeurs protégés. Il importe donc que dans les discussions ouvertes, ils ne soient pas "les grands oubliés de la deuxième ligne".

Lors de son point presse hebdomadaire, la présidente du Synerpa, fédération des directeurs d'Ehpad privés commerciaux, Florence Arnaiz-Maumé a indiqué ce 21 avril que tous les salariés doivent obtenir la prime. Dans ce cadre, a-t-elle précisé, les tutelles doivent prendre leur responsabilité : les départements pour une prime des personnels liés à la dépendance, l'Assurance maladie pour une prime des soignants et les établissements pour la prime des personnels relevant des activités d'hébergement. Quant au montant de la prime médico-sociale, Florence Arnaiz-Maumé a précisé que le secteur ne comprendrait pas que son montant soit inférieur à la prime sanitaire.

Géraldine Tribault

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