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Une enquête met en lumière l'omerta sur le nombre de soignants atteints de Covid-19

Le SNPHAR-E a rendu public ce 21 avril son enquête sur la protection des soignants dans le cadre de l'épidémie de Covid-19. 37% des répondants relatent une omerta sur le taux de contamination des soignants dans leur établissement. La distribution de masques s'améliore mais la pénurie de blouses demeure "très problématique".Depuis le début de la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19, le manque matériel de protection fait polémique. Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHAR-E) a souhaité évaluer l'évolution des capacités de protections des soignants ainsi que la prise en charge de ceux qui sont potentiellement contaminés. Il a dévoilé ce 21 avril les résultats de son enquête Covid-Pro (à télécharger ci-dessous). Elle fait état d'une pénurie qui reste importante voire inquiétante, selon le syndicat, pour l'arrivée d'une éventuelle deuxième vague épidémique. Au-delà du matériel, l'enquête met en lumière l'omerta sur le nombre de soignants atteints. Le syndicat demande de rendre ces résultats publics, au même titre que le nombre de patients diagnostiqués, en population générale et dans les Ehpad, en réanimation et le nombre de patients décédés, lors de la présentation quotidienne de la Direction générale de la santé (DGS).

Méthodologie

L'enquête Covid-Pro a été réalisée du 7 au 17 avril par le SNPHAR-E via un questionnaire diffusé à l'ensemble des praticiens hospitaliers et relayé sur les réseaux sociaux. 1 305 réponses ont été recueillies. 97% des répondants sont des médecins, 94% d'entre eux exercent en CH ou CHU. 48% sont impliqués dans des prises en charge de patients Covid-19 dans les services d'hospitalisation, 26% en consultation, 26% au bloc opératoire ou en maternité, 21% en réanimation et enfin 19% aux urgences.

L'accès difficile aux taux de contamination

Un volet de l'enquête concerne en effet plus spécifiquement le dépistage PCR (pour réaction de polymérisation en chaîne) des professionnels soignants. 82% des répondants indiquent y avoir accès. Mais seuls 4% ont un dépistage systématique régulier. En cas de symptômes, un tiers relate devoir passer par un supérieur fonctionnel ou hiérarchique pour avoir accès à ce dépistage. Et si ce test est positif, chez 16% des répondants, aucun arrêt de travail n'est indiqué. Dans 29% ces cas, c'est un arrêt de 7 jours et de 14 jours pour un peu plus de la moitié des sondés. Le port du masque à la reprise est en outre facultatif pour 7% d'entre eux. Difficile néanmoins pour ces soignants d'avoir accès aux données concernant la transmission nosocomiale du virus aux personnels soignants, comme l'a souligné il y a quelques jours l'Académie nationale de médecine (lire notre article). Concernant le taux de contamination des soignants dans chaque établissement, l'information reste très faible. Seuls 24% des répondants ont accès à une information sur le nombre de soignants atteints de Covid-19 et 37% observent "une omerta" sur ce taux local de contamination.

L'information sur le nombre de soignants positifs au Covid-19 reste tabou.
L'information sur le nombre de soignants positifs au Covid-19 reste tabou.

Un besoin de surveillance sérologique

Face à ce constat, le syndicat demande un dépistage systématique, au minimum hebdomadaire, des professionnels de santé asymptomatiques et de procéder à une surveillance sérologique régulière des professionnels de santé afin d'évaluer le taux de contamination, dès que les sérologies seront disponibles. Il souhaite aussi la reconnaissance "dès maintenant" du Covid-19 des soignants en maladie professionnelle, comme cela a été annoncé le 23 mars dernier (lire notre article).

Concernant l'accès au matériel de protection, cette enquête relate que dans plus de la moitié des établissements (56%), le port du masque chirurgical est désormais obligatoire. Mais 14% des établissements n'ont pas prévu cette mesure. En début de crise sanitaire, seuls 26% des répondants disposaient d'un équipement de protection minimal et de solution hydroalcoolique en quantité suffisante, contre 53% actuellement. Le SNPHAR-E note donc une amélioration. L'accès aux solutions hydroalcooliques s'est plus spécifiquement amélioré depuis le début de la crise mais, complète-t-il, ce problème n'est pas entièrement résolu. L'insuffisance ou l'absence de cette solution concerne encore 5% des répondants, contre 10% auparavant.

Le sujet "très problématique" des blouses

Concernant les équipements de protection individuelle, l'accès aux masques chirurgicaux s'améliore mais ce n'est pas encore le cas partout. L'enquête recense une insuffisance ou absence de masques dans 7% des cas, contre 29% en début de crise. La même observation est formulée pour les masques FFP2 passés de 32% à 20% et pour les lunettes de protection de 47% à 25%. C'est l'accès à un autre matériel de protection qui inquiète : la disponibilité des blouses reste pour sa part "un sujet très problématique". "La tension existe depuis le début de la crise sanitaire et ne s'améliore pas", souligne le syndicat. Les résultats font état de 50% de pénurie pour les blouses étanches et 35% pour les surblouses en plastique. Cela implique à la fois de limiter les interventions auprès du patient et/ou de prendre des risques de contamination pour soi-même, déplore le SNPHAR-E. Par ailleurs, la disponibilité des gants couvrant les avant-bras reste très faible (70% de pénurie).

La pénurie de blouses ne s'améliore pas depuis le début de la crise.
La pénurie de blouses ne s'améliore pas depuis le début de la crise.

Dans le contexte de reprise de l'activité non-Covid initialement déprogrammée, en association au déconfinement, le syndicat demande une protection maximale pour les professionnels de santé et les patients "à risque" de cette contamination. Il exige la mise en œuvre sans délai de mesures pour équiper "complètement" l'ensemble des soignants, médicaux et paramédicaux, quels que soient leur lieu et mode d'exercice. Il souhaite enfin un accès libre et facile aux masques chirurgicaux dès l'entrée des soignants dans leurs locaux d'exercice, notamment à l'hôpital, mais aussi dans leur vie quotidienne.

Clémence Nayrac

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