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Ressources humaines

Les infirmiers revendiquent un rôle central dans le dispositif de déconfinement

Les infirmiers entendent continuer à jouer un "rôle de premier plan" dans le suivi des patients Covid-19. Leur ordre formule ce 21 avril plusieurs propositions pour amorcer le déconfinement. Il demande un plan de continuité et de reprise des soins pour les patients chroniques et souhaite accélérer le déploiement du télésoin. Les infirmiers sont en première ligne depuis plusieurs semaines contre le Covid-19. Alors que la période de déconfinement débutera le 11 mai, pour trouver "des solutions opérationnelles" et éviter ainsi au maximum la circulation du virus et de nouvelles contaminations, l'Ordre national des infirmiers (Oni) formule ce 22 avril plusieurs propositions. Dans le cadre hospitalier comme au domicile des patients, la profession va conserver un rôle clé.

"Les mieux placés" pour dépister

Les infirmiers doivent en premier lieu jouer un rôle dans le dépistage du Covid-19. La période de déconfinement sera accompagnée d'une politique de dépistage de grande ampleur qui nécessite la mobilisation d'un grand nombre de professionnels de santé, décrit l'Oni. "La profession infirmière doit pouvoir y prendre pleinement part", affirme-t-il. Dans ce cadre, il recommande que les infirmiers puissent prescrire, à compter du 11 mai, des tests de dépistage du Covid-19 s'ils constatent des symptômes cliniques chez leurs patients lors des visites à domicile et qu'ils puissent réaliser directement ces tests. "Bénéficiant d'une présence dans tous les territoires, y compris les plus reculés, les infirmiers sont les professionnels de santé les mieux placés pour favoriser la mise en œuvre d'une politique de dépistage généralisé", estime l'ordre.

Une réponse territoriale

L'Ordre national des infirmiers propose de faire piloter la mise en œuvre de l'ensemble de ces dispositifs dits de ville à l'échelle locale par les maires, en lien avec la préfecture, pour répondre au plus près du terrain à toutes les situations particulières et pour une distribution plus adaptée des moyens et une mobilisation plus efficace des professionnels de santé.

Le télésoin sans prescription médicale

Alors que la majorité des cas de Covid-19 sont traités en ville — 85% des personnes contaminées ne sont pas suivies à l'hôpital rappelle l'Oni — et que les soignants qui exercent en dehors des établissements de santé assurent le suivi des patients atteints à leur sortie de l'hôpital, "il est indispensable d'imaginer des solutions très concrètes pour limiter au maximum la circulation du virus et les contaminations". L'ordre en appelle pour cela à la vigilance collective et propose plusieurs "mesures opérationnelles rapides et peu complexes à mettre en œuvre". Il souhaite inscrire le Covid-19 dans les maladies à déclaration obligatoire, pour identifier plus rapidement les foyers de contamination, favoriser un isolement rapide et efficace des patients contaminés et améliorer la prévention. L'ordre propose aussi de permettre aux infirmiers de déclencher sans prescription médicale la mise en œuvre du télésoin infirmier pour le suivi des patients atteints par le coronavirus. Il demande en outre d'accélérer la publication du décret d'application, suspendue par la crise actuelle, pour permettre à tous les patients de pouvoir bénéficier du télésoin sur les maladies chroniques.

Un plan de continuité des soins

Un plan de continuité et de reprise des soins pour les patients chroniques et les enfants est d'ailleurs demandé. L'ordre rappelle qu'il est indispensable de reprendre "aussi vite que possible" tous les suivis et tous les soins des malades chroniques impactés voire stoppés en raison de l'épidémie. "Nous appelons les pouvoirs publics à la mise en œuvre d'un plan de continuité de reprise des soins pour les patients non-Covid, à commencer par les patients chroniques", explicite l'Oni. L'objectif est une reprise rapide des soins programmés dans les établissements et de toutes les prises en charge chroniques en ville. Pour la prise en charge des enfants, l'ordre préconise de dupliquer l'expérimentation menée à Mayotte, qui permet aux infirmiers en puériculture de déclencher, sans prescription, téléconsultation et vaccination.

C'est plus largement un "rôle de premier plan" qui doit être donné aux infirmiers dans le suivi des personnes contaminées, isolées dans les hôtels pour éviter les foyers familiaux. L'ordre recommande la présence d'une équipe infirmière pour assurer la surveillance des patients, pour réaliser les soins, assurer le soutien psychologique et la coordination avec le médecin et le masseur-kinésithérapeute, de faire appel à des infirmiers libéraux qui se relayent toutes les 8 heures. Enfin, il est indispensable de garantir la fourniture de protections pour les soignants, les patients et le grand public. "Le rôle des infirmiers sera central dans ce dispositif [de déconfinement]. Et nous serons particulièrement vigilants à ce qu'ils puissent exercer en toute sécurité", conclut le président de l'Oni, Patrick Chamboredon.

Encadrer les visites en Ehpad

L'Ordre national des infirmiers soutient la décision du Gouvernement de rouvrir les visites en Ehpad (lire notre article), toutefois de manière "très encadrée". Ainsi l'ordre propose de mettre en œuvre les mesures suivantes : tout visiteur doit être reçu par un infirmier qui s'assure qu'il ne présente pas de symptômes cliniques Covid-19 ; le port du masque doit être rendu obligatoire lors de ces visites ; l'intervention de l'HAD ou d'infirmiers libéraux doit être facilitée dans le cadre de cette aide au déconfinement. Plus généralement, l'ordre préconise la présence d'un infirmier, de jour comme de nuit, dans tous les Ehpad, pendant cette période.

Clémence Nayrac

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