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Un projet d'instruction détaille la "stratégie offensive" de dépistage des cas de Covid-19

Afin de maintenir un nombre de reproduction (R0) inférieur à 1, les pouvoirs publics comptent sur la distanciation physique et une stratégie de tests permettant d'identifier 75% des personnes infectées. Un projet d'instruction détaille cette stratégie et le rôle des professionnels des ARS, des établissements de santé et médico-sociaux.La chaîne "dépistage-traçage-isolement" fait l'objet d'un déploiement opérationnel, détaillé dans un projet d'instruction (à télécharger ci-dessous), associant les professionnels de santé, les ARS, l'Assurance maladie et les préfectures. Les ministères des Solidarités et de la Santé et de l'Intérieur entendent ainsi mettre en œuvre une "stratégie offensive d'identification des cas, de dépistage des sujets contacts et d'isolement des cas et de leurs contacts à risque sur l'ensemble des territoires". L'objectif affiché est de maintenir le R0, le nombre de reproduction, en dessous de 1. Grâce au confinement, ce R0 est passé de 3,3 à environ 0,5 selon l'Institut Pasteur.

Un schéma départemental de dépistage

À cet effet, trois axes sont associés. Il s'agit de l'organisation du dépistage, de la mise en œuvre du dispositif de contact-tracing et de l'engagement des mesures de gestion des cas confirmés et des cas contacts identifiés à risque. Le dépistage, par RT-PCR (pour reverse transcriptase et réaction de polymérisation en chaîne), des personnes présentant des symptômes et de leurs contacts s'appuie d'abord sur les médecins généralistes puis sur les Samu-Centre 15 ainsi que sur le maillage des laboratoires de biologie. Un schéma territorial d'offre de dépistage est ainsi élaboré dans chaque département. "En zone médicale sous-dense, des centres de prélèvement ad hoc peuvent être créés et prévoir la possibilité d'accéder à une orientation médicale préalable sur site", prévoit l'instruction. À l'échelle nationale, la cible est toujours de 700 000 tests réalisés chaque semaine — entre 1 000 et 3 000 nouveaux cas sont attendus chaque jour par le pouvoir exécutif.

Dans ce cadre, les ARS assurent le monitoring des stocks de kits de prélèvement et mobilisent les ressources humaines pouvant constituer des équipes mobiles. Ces dernières seront mobilisées pour intervenir dans les établissements médico-sociaux, dans le cadre de campagnes dédiées notamment. Les ARS ont également la charge d'encourager les laboratoires à s'approvisionner en réactifs, en kits de prélèvement et à l'acquisition d'automates. À noter que la prescription par les médecins coordonnateurs sera assouplie pour faciliter les tests massifs en Ehpad.

Trois niveaux de contact-tracing

La recherche des cas contacts, après dépistage, se structure en trois niveaux. Tout d'abord, les professionnels de premier recours hospitalier et de ville sont chargés de l'identification et la délivrance de la conduite à tenir aux personnes du foyer. Pour les hôpitaux et cliniques, ce niveau concerne l'ensemble des patients entrant dans le circuit, soit par les urgences, soit pour une consultation soit pour une hospitalisation. Le second niveau est piloté par des plateformes mises en place par l'Assurance maladie. Cette dernière peut conventionner avec des communautés pluriprofessionnelles territoriales de santé ou des centres de santé pour cette mission. Les équipes de ces plateformes auront accès aux données nécessaires pour le contact tracing, notamment des données nominatives de santé.

Quant au niveau 3, il est du ressort des ARS. Il concerne notamment la prévention des clusters et les situations complexes. Dans ces dernières, figure notamment l'apparition d'un cas de Covid-19 d'une personne qui réside ou travaille en Ehpad, en établissement d'accueil de personnes en situation de handicap ou en établissement de santé. Les agences peuvent alors s'appuyer sur le concours des équipes opérationnelles d'hygiène et du centre d'appui à la prévention des infections associées aux soins. L'ARS a également autorité fonctionnelle sur les équipes de la cellule régionale de Santé publique France.

Des équipes multidisciplinaires dans chaque région

Face à la confirmation de cas groupés, des actions coordonnées de limitation de la propagation sont mises en œuvre par l'ARS, en lien avec les préfectures départementales. "Étant donné le risque important de survenue de multiples foyers concomitants sur le territoire, il est indispensable que chaque ARS organise les renforts nécessaires auprès des équipes en charge de la veille et de la sécurité sanitaire. Elle s'adjoint notamment le concours de personnels extérieurs, sur une base volontaire ou par vacation. L'équipe doit être en capacité d'intervenir sur l'ensemble du territoire de la région", détaille l'instruction. Chaque ARS est ainsi chargée d'identifier des équipes de réponse rapide multidisciplinaire pour mener des investigations, grâce à un appui opérationnel et logique des préfectures.

Enfin, le domicile est le lieu privilégié pour l'isolement des cas positifs et la quatorzaine préventive des cas contacts. Le suivi sanitaire est alors organisé par les professionnels de ville, qui peuvent s'appuyer sur les établissements d'HAD. Les préfectures départementales ont la charge de constituer des cellules territoriales d'appui pour évaluer l'accompagnement dans des lieux dédiés, notamment si un professionnel de santé est présent au sein du foyer des cas positifs ou contacts. Un travail commun entre ARS et préfectures doit permettre de déterminer le nombre de places nécessaires. Les collectivités seront aussi mobilisées, notamment les conseils départementaux sur l'aide à domicile.

Deux systèmes d'information mobilisés

La mise en œuvre de cette stratégie nationale repose sur deux systèmes d'information. D'une part, le système pour le test du Covid-19, baptisé Sidep, sera déployé dans l'ensemble des laboratoires et structures autorisés pour réaliser le diagnostic. Ce système regroupera l'ensemble des résultats d'analyses Covid-19 et sera accessible aux professionnels de santé et autorités en charge du contact-tracing. D'autre part, le téléservice Ameli pro sera le lieu d'échanges entre les professionnels de santé et les plateformes de l'Assurance maladie. Les ARS bénéficieront d'un accès en lecture et en écriture aux données de ce système d'information et pourront extraire les données nécessaires au contact-tracing.

Jérôme Robillard

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