Reprise des actes opératoires oblige, plus de 500 000 patients attendent un bloc. Pour dégonfler rapidement ce nombre, une "approche globale" est nécessaire, incluant aussi bien la récupération améliorée après chirurgie (Raac) que l'ambulatoire.Pour les partisans de la récupération améliorée après chirurgie (Raac), la chirurgie ambulatoire ne peut être la seule piste à promouvoir pour sécuriser la reprise des activités programmées à l'hôpital. Le penser "
consiste à partir à cloche-pied", résume à
Hospimedia le Dr Karem Slim, qui opère au sein du service de chirurgie digestive et de l'unité de chirurgie ambulatoire du CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et qui préside par ailleurs le Groupe francophone de réhabilitation améliorée après chirurgie (Grace). Ce dernier réagit à la publication le 3 mai d'un texte de l'Association française de chirurgie ambulatoire (Afca), qui vante son modèle organisationnel à l'heure de la reprise des actes opératoires. Ce débat intervient également trois mois après une vive passe d'armes entre ces différents acteurs (lire
ici et
là nos articles).
"Ambulatoire et Raac, même combat"
Or l'enjeu est majeur, rappelle le chirurgien auvergnat et avec lui le Dr Laurent Delaunay, l'un des deux vice-présidents de la Société française d'anesthésie réanimation (Sfar) justement à la tête du comité pour l'optimisation des parcours patient. En se basant sur les données de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), ils estiment en effet à plus de 500 000 le nombre d'interventions chirurgicales décalées entre mars et avril désormais à reprogrammer. Pour espérer absorber rapidement cette file d'attente importante de patients, l'objectif principal est donc qu'ils "
restent le moins longtemps possible à l'hôpital pour augmenter le turn over
et opérer le maximum de malades". À ce titre, le message est clair, résume Karem Slim : "
ambulatoire et Raac, même combat". Il faut "
une approche globale, pas uniquement ambulatoire mais bel et bien une réflexion sur l'ensemble du parcours de soins", abonde Laurent Delaunay.
Réflexion pour "toutes les chirurgies"
Les deux approches sont d'autant plus liées que "
dans les deux parcours, le patient reste hospitalisé uniquement le temps nécessaire et utile", ajoutent les deux praticiens dans une publication à paraître dans la revue
Techniques hospitalières. D'ailleurs, un même concept de "
parcours optimisés" les rapproche (lire notre
article). Dans un contexte où "
le nombre de lits disponible n'est pas extensible et qu'il risque même d'être initialement réduit pas la nécessité de maintenir des unités Covid-19 au dépend des lits de chirurgie", la Raac et la chirurgie ambulatoire sortent donc toutes deux comme les grandes gagnantes de la crise. Par conséquent, "
toutes les chirurgies doivent [désormais] bénéficier d'une réflexion sur l'implémentation au quotidien de chemins cliniques facilitant ces parcours", insistent le responsable du Grace et son collègue de la Sfar. Cela suppose toutefois la mise en place d'un véritable réseau ville-hôpital, la valorisation des actes prodigués par les infirmiers libéraux, et enfin une plus grande disponibilité des salles d'opération, du matériel de protection des soignants et des médicaments anesthésiques.