Gestion des risques
Mayotte concentre toutes les inquiétudes outre-mer du comité scientifique
En un mois, le comité scientifique Covid-19 a nettement revu son diagnostic ultramarin. Loin de l'aggravation alors annoncée de l'épidémie sous 3 à 4 semaines, l'outre-mer n'a finalement jamais été débordée voire reste épargnée. Seul bémol : Mayotte.Dans son deuxième avis sur les outre-mer daté du 12 mai, le conseil scientifique Covid-19 se montre nettement moins pessimiste que dans son premier opus, sorti un mois plus tôt et dans lequel il promettait une "aggravation" de la circulation du coronavirus sous trois à quatre semaines dans les territoires ultramarins (lire notre article). Dans l'ensemble, "toutes ces
mesures combinées ont globalement été efficaces et ont limité l'épidémie, permettant
maintenant d'envisager un déconfinement prudent dans la plupart des territoires [...], parallèle à celui de l'Hexagone, afin de favoriser une reprise progressive des activités
sociales et économiques", écrivent ainsi ses membres (à télécharger ci-dessous).
Car les situations épidémiques s'avèrent relativement disparates selon les territoires voire diffèrent même "significativement". Sans surprise, c'est Mayotte qui est le principal sujet d'inquiétude. "C'est le seul département français qui n'a pas encore atteint son plateau épidémique. Cette situation préoccupante est associée à une difficile mise en œuvre du confinement et des mesures de distanciation dans les quartiers les plus pauvres." Certes, le CH de Mayotte n'a "pas été à ce jour débordé" par les admissions pour Covid-19. Ce 14 mai, l'ARS parle tout de même d'une accélération du virus, dénombrant 1 210 cas confirmés (+67 en 24 heures) et 50 patients hospitalisés (+7), dont 10 en réanimation (+4) et 29 en médecine (=), ainsi que 16 décès (+2, lire ici et là nos articles). En outre, plus de 5 000 tests ont été réalisés par le laboratoire de l'hôpital et par son pendant privé de l'île depuis l'apparition sur place du virus.
Une accélération du virus
Pour autant, "le maintien sous contrôle de l'épidémie est impératif", prévient le comité pour "ne pas réintroduire le virus là où il n'est plus présent et [...] limiter sa transmission au maximum là où il est encore actif". En outre, il est nécessaire de "préserver les capacités de prise en charge médicale" des cas de Covid-19, notamment dans leurs formes graves.Car les situations épidémiques s'avèrent relativement disparates selon les territoires voire diffèrent même "significativement". Sans surprise, c'est Mayotte qui est le principal sujet d'inquiétude. "C'est le seul département français qui n'a pas encore atteint son plateau épidémique. Cette situation préoccupante est associée à une difficile mise en œuvre du confinement et des mesures de distanciation dans les quartiers les plus pauvres." Certes, le CH de Mayotte n'a "pas été à ce jour débordé" par les admissions pour Covid-19. Ce 14 mai, l'ARS parle tout de même d'une accélération du virus, dénombrant 1 210 cas confirmés (+67 en 24 heures) et 50 patients hospitalisés (+7), dont 10 en réanimation (+4) et 29 en médecine (=), ainsi que 16 décès (+2, lire ici et là nos articles). En outre, plus de 5 000 tests ont été réalisés par le laboratoire de l'hôpital et par son pendant privé de l'île depuis l'apparition sur place du virus.
Quelques réserves sur l'arrivée de l'hôpital de campagne
Ces dernières 48 heures, la directrice générale de l'ARS Mayotte, Dominique Voynet, n'a pas caché face à la presse son interrogation quand à l'arrivée attendue dans l'île de 20 lits de réanimation de l'hôpital militaire de campagne auparavant installé à Mulhouse (Haut-Rhin, lire notre article). Sa crainte est double. Les 10 premiers lits doivent normalement occuper une aile du CH de Mayotte, qui devait déjà accueillir 10 lits de réanimation de l'hôpital : pas d'augmentation capacitaire donc en apparence. Par ailleurs, l'installation par le Service de santé des armées (SSA) du premier module de cet élément militaire de réanimation n'est guère attendue avant fin mai. "C'est très compliqué d'installer l'hôpital de campagne car il demande des moyens considérables en oxygène, en médicament, en espace pour accueillir et rendre efficace cet outil. Ça demande un travail bien plus important pour le faire que ça n'a pu être le cas à Mulhouse, tout simplement parce que les moyens de Mayotte sont très limités."Aucun déconfinement en vue
Par ailleurs, si "la létalité de l'infection reste faible" à Mayotte, force est de constater que la gestion de la crise est rendue "plus complexe" par l'épidémie de dengue qui touche l'océan Indien et a déjà entraîné plusieurs décès. Des cas de co-infection Covid-19/dengue ont d'ailleurs été rapportés, rappelle le comité. Par conséquent, pas question pour l'heure d'envisager le moindre déconfinement à Mayotte, les scientifiques plaidant bien au contraire pour son "maintien jusqu'au décours du pic épidémique local et la limitation stricte du nombre d'arrivants". Dans l'immédiat, priorité doit donc être donnée au renforcement des capacités locales de diagnostic, d'isolement et de prise en charge médicale des malades.Le reste de l'outre-mer jamais débordée voire épargnée :
- d'un côté la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Martin, La Réunion et la Polynésie française, avec des hôpitaux "jamais débordés par les admissions de cas graves" et des décès "limités en nombre" qui ont surtout concerné les Antilles, où la population est vieillissante avec un taux non négligeable de comorbidités. Il est "possible d'envisager la disparition des cas de Covid-19 dans les semaines ou mois à venir". D'ici-là, le déconfinement doit demeurer "progressif", ce qui implique comme en métropole de "ne pas relâcher, voire de renforcer, le dispositif sanitaire actuel de dépistage, d'isolement des malades et de suivi actif des personnes contacts" ;
- de l'autre Wallis-et-Futuna (0 cas), la Nouvelle-Calédonie (18), Saint-Pierre-et-Miquelon (1) et Saint-Barthélemy (6), des territoires "indemnes d'épidémie" où il ne faut tolérer aucun nouveau cas, d'où "l'application de mesures strictes de régulation du flux des voyageurs, en fonction des capacités locales d'organisation de quarantaines supervisées et de dépistages systématiques".