SSR
Les SSR se préparent à la vague épidémique et à ses conséquences sur le long terme
Avec l'obligation d'isolement des patients Covid-19, les établissements SSR s'organisent pour maintenir une offre dans des conditions inusuelles. Indépendamment de la question des ressources humaines, le rétrécissement de l'accessibilité au plateau technique et ses conséquences incitent à associer la réadaptation aux politiques du handicap.
Après la phase aiguë de l'épidémie vient le temps de la réadaptation. Avec la déprogrammation des activités, les établissements SSR, hormis dans les zones les plus touchées par l'épidémie, ont bénéficié d'un temps pour se préparer à accueillir des patients Covid-19 sortis de réanimation ainsi que ceux hospitalisés depuis le domicile, sans oublier les patients pris en charge dans d'autres indications. Le ministère des Solidarités et de la Santé a déjà diffusé ses recommandations sur l'organisation des établissements, en insistant sur la mise en place d'un circuit dédié aux patients Covid-19 (lire notre article).
"Tous les établissements n'ont pas la possibilité architecturale de créer une unité Covid", poursuit-il. Outre des lits dédiés, une telle unité implique de créer un circuit différent pour les repas et les déchets par exemple, sans oublier la mise en place d'une équipe de professionnels spécifiques. "Pour les établissements avec une unité Covid+, nous avons plus de candidats que de postes", souligne le président de la FHP-SSR.
Pour ces équipes en SSR, la question du manque de masques FFP2 est prégnante. "Des établissements SSR et des Ehpad vont être en pénurie de masques", prédit le Dr Jean-Pascal Devailly, praticien au sein de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et président du Syndicat français de médecine physique et de réadaptation (Syfmer). Ce sujet du manque de masques rejoint également la question du manque de moyens des établissements SSR. "Les SSR respiratoires sont vraiment peu dotés. Les patients qu'ils prennent en charge ne sont pas extrêmement lourds, je ne suis pas sûr que ce soit les plus appropriés" pour les patients sortis de réanimation, avance Jean-Pascal Devailly.
Les établissements polyvalents ou spécialisés pour les personnes âgées sont également peu dotés en termes de professionnels de rééducation — avec des variations entre les régions. "La réorientation des patients se fera plus facilement quand les ressources seront suffisantes", estime le président de la Syfmer. "Tout dépend de l'équipe médicale et paramédicale pour que chaque établissement se positionne sur les patients qui pourront être accueillis", rassure Frédéric Sanguignol. À noter que des cellules de crise se mettent en place pour fluidifier le parcours entre MCO et SSR.
Avec l'isolement et la rééducation en chambre des patients souffrant de la maladie Covid-19 en plus des restrictions d'accès aux plateaux techniques, les besoins en professionnels sont croissants. D'autant plus que tous les établissements ne sont pas dotés de rails au plafond ou de verticalisateur pour lever les patients pour les séances de rééducation. "La place de l'encadrement et de la direction sera déterminante pour accompagner ce changement de culture radical et profond", complète Pierre-Henri Haller, cadre de santé à l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM, Bouches-du-Rhône) et président du Collège national de la kinésithérapie salariée (CNKS). "Le chef absorbe l'incertitude et diffuse la confiance", résume-t-il à propos du stress supplémentaire induit par le contexte épidémique.
"L'ensemble du système cherche à construire une digue entre les patients Covid et les autres mais ne garantit pas l'accès aux soins pour d'autres patients, dont le handicap chronique est stabilisé ou en cas d'accident vasculaire cérébral", avance le président du CNKS. Une crainte aggravée par les disparités de densités de professionnels de ville pour accompagner les retours à domicile après un séjour SSR. "Nous pouvons nous attendre à des pertes de chance", estime Jean-Pascal Devailly, à propos des zones de sous-densité en kinésithérapie et en orthophonie. "Les kinésithérapeutes libéraux auront énormément de travail", prédit Pierre-Henri Haller.
Dans un communiqué commun, le CNKS et la Syfmer appellent ainsi à une "future stratégie nationale de réadaptation reliée aux politiques de handicap" face à cette montée des risques pour l'ensemble des patients avec des besoins de rééducation. "La stratégie nationale du handicap et de la réadaptation est le parent pauvre de la santé publique. Je crains que nous manquions de capacité pour les personnes âgées, les personnes en situation de handicap et celles souffrant de troubles psychiatriques", détaille le président du CNKS. Celui de la Syfmer met l'accent sur la "triple peine" pour les personnes âgées, plus fragiles face au coronavirus, plus à risque d'être écartées dans la sélection des admissions en réanimation et faisant face à une offre réduite de rééducation en ambulatoire.
Après la phase aiguë de l'épidémie vient le temps de la réadaptation. Avec la déprogrammation des activités, les établissements SSR, hormis dans les zones les plus touchées par l'épidémie, ont bénéficié d'un temps pour se préparer à accueillir des patients Covid-19 sortis de réanimation ainsi que ceux hospitalisés depuis le domicile, sans oublier les patients pris en charge dans d'autres indications. Le ministère des Solidarités et de la Santé a déjà diffusé ses recommandations sur l'organisation des établissements, en insistant sur la mise en place d'un circuit dédié aux patients Covid-19 (lire notre article).
Un positionnement différent selon les capacités
"Nous n'avons pas attendu [les recommandations]. Chaque structure se positionne pour accueillir des patients Covid+ ou Covid- pour soulager les établissements MCO", rapporte le Dr Frédéric Sanguignol, président de la FHP-SSR et directeur de la Clinique du Château-de-Vernhes à Bondigoux (Haute-Garonne), en citant le travail d'identification des structures en région Occitanie sous l'égide de l'ARS. Pour certaines structures, des patients pourront être pris en charge ponctuellement dans les chambres d'isolement dans lesquelles se trouvent les patients porteurs de bactérie multirésistante."Tous les établissements n'ont pas la possibilité architecturale de créer une unité Covid", poursuit-il. Outre des lits dédiés, une telle unité implique de créer un circuit différent pour les repas et les déchets par exemple, sans oublier la mise en place d'une équipe de professionnels spécifiques. "Pour les établissements avec une unité Covid+, nous avons plus de candidats que de postes", souligne le président de la FHP-SSR.
Pour ces équipes en SSR, la question du manque de masques FFP2 est prégnante. "Des établissements SSR et des Ehpad vont être en pénurie de masques", prédit le Dr Jean-Pascal Devailly, praticien au sein de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et président du Syndicat français de médecine physique et de réadaptation (Syfmer). Ce sujet du manque de masques rejoint également la question du manque de moyens des établissements SSR. "Les SSR respiratoires sont vraiment peu dotés. Les patients qu'ils prennent en charge ne sont pas extrêmement lourds, je ne suis pas sûr que ce soit les plus appropriés" pour les patients sortis de réanimation, avance Jean-Pascal Devailly.
Les établissements polyvalents ou spécialisés pour les personnes âgées sont également peu dotés en termes de professionnels de rééducation — avec des variations entre les régions. "La réorientation des patients se fera plus facilement quand les ressources seront suffisantes", estime le président de la Syfmer. "Tout dépend de l'équipe médicale et paramédicale pour que chaque établissement se positionne sur les patients qui pourront être accueillis", rassure Frédéric Sanguignol. À noter que des cellules de crise se mettent en place pour fluidifier le parcours entre MCO et SSR.
Avec l'isolement et la rééducation en chambre des patients souffrant de la maladie Covid-19 en plus des restrictions d'accès aux plateaux techniques, les besoins en professionnels sont croissants. D'autant plus que tous les établissements ne sont pas dotés de rails au plafond ou de verticalisateur pour lever les patients pour les séances de rééducation. "La place de l'encadrement et de la direction sera déterminante pour accompagner ce changement de culture radical et profond", complète Pierre-Henri Haller, cadre de santé à l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM, Bouches-du-Rhône) et président du Collège national de la kinésithérapie salariée (CNKS). "Le chef absorbe l'incertitude et diffuse la confiance", résume-t-il à propos du stress supplémentaire induit par le contexte épidémique.
Crainte d'une perte de chance
Ces prises en charge individuelles en dehors des plateaux techniques font craindre une dégradation des prises en charge pour les professionnels de santé, alors que les besoins de soins des patients sortis de réanimation seront augmentés. "La pratique dégradée conduit à un arbitrage délicat sur l'éthique", avance Pierre-Henri Haller en raison de la réduction des choix thérapeutiques pour ces patients isolés. À noter que les durées de séjour varieront également en fonction des situations de précarité ou de difficultés sociales des patients pris en charge en plus des questions médicales."L'ensemble du système cherche à construire une digue entre les patients Covid et les autres mais ne garantit pas l'accès aux soins pour d'autres patients, dont le handicap chronique est stabilisé ou en cas d'accident vasculaire cérébral", avance le président du CNKS. Une crainte aggravée par les disparités de densités de professionnels de ville pour accompagner les retours à domicile après un séjour SSR. "Nous pouvons nous attendre à des pertes de chance", estime Jean-Pascal Devailly, à propos des zones de sous-densité en kinésithérapie et en orthophonie. "Les kinésithérapeutes libéraux auront énormément de travail", prédit Pierre-Henri Haller.
Dans un communiqué commun, le CNKS et la Syfmer appellent ainsi à une "future stratégie nationale de réadaptation reliée aux politiques de handicap" face à cette montée des risques pour l'ensemble des patients avec des besoins de rééducation. "La stratégie nationale du handicap et de la réadaptation est le parent pauvre de la santé publique. Je crains que nous manquions de capacité pour les personnes âgées, les personnes en situation de handicap et celles souffrant de troubles psychiatriques", détaille le président du CNKS. Celui de la Syfmer met l'accent sur la "triple peine" pour les personnes âgées, plus fragiles face au coronavirus, plus à risque d'être écartées dans la sélection des admissions en réanimation et faisant face à une offre réduite de rééducation en ambulatoire.