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Interviews


Yvan Tourjansky, président de l'URPS kiné Île-de-France

"Kinégo vise surtout à convaincre et recruter des maîtres de stage libéraux en Île-de-France"

À la tête de l'URPS kiné Île-de-France, Yvan Tourjansky est secrétaire général du Syndicat national des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (SNMKR), aux premières loges de la réingénierie de la formation. Il présente Kinégo, outil d'auto-évaluation dédié aux futurs maîtres de stages du clinicat des masseurs-kinésithérapeutes.

Hospimedia : "Comment est né le dispositif de simulation en santé Kinégo conçu par l'union régionale des professionnels de santé (URPS) des masseurs-kinésithérapeutes Île-de-France* ?

Yvan Tourjansky : La réforme des études des kinésithérapeutes a instauré un stage long dénommé le clinicat qui intervient en fin d'étude. Il pourra être fait dés décembre 2018. Il s'agit d'une période de trois mois de professionnalisation en autonomie supervisée. L'étudiant peut dans ce cadre soigner seul des patients et a ainsi la possibilité d'exercer en situation réelle. En Île-de-France, la présence de 11 instituts de formation en masso-kinésithérapie (IFMK) implique des besoins de lieux de stages importants estimés autour de 700. Dans le même temps, l'URPS a constaté une forte pénurie de kinésithérapeutes hospitaliers, et aussi un virage ambulatoire qui restreint également le nombre de terrains de stages. Il fallait donc trouver une solution pour encourager les professionnels libéraux à s'engager dans le tutorat de stagiaires, d'autant plus que la très grande majorité des étudiants s'orientent après leurs études vers le secteur libéral. Autre constat, les formations proposées aux tuteurs de type présentiel proposaient une quarantaine de places, ce qui risquait de prendre trop de temps. Kinégo vise donc à convaincre et recruter des maîtres de stages libéraux en Île-de-France. Il pourra aussi être utilisé par les hospitaliers. Il est aujourd'hui financé par l'URPS et l'ARS Île-de-France.
"Les responsables des IFMK ont finalement traité au jour le jour les nouvelles donnes de la réingénierie des études. Pour faire face à la difficulté de trouver des stages longs, ils ont obtenu l'autorisation de l'ARS Île-de-France de scinder la période de clinicat en deux fois."

H. : Quels sont les autres objectifs de Kinégo ?

Y. T. : L'outil se présente comme un outil de formation et surtout d'évaluation permettant de prouver aux kinésithérapeutes qu'ils sont capables de prendre en stage des étudiants de dernière année dans des conditions optimales. Le professionnel est testé par des quiz, corrigés sur six situations de travail : accueil du stagiaire, formation clinique, connaissance de la réforme des études, accompagnement du stagiaire, communication et formalisation du dossier patient et évaluation. Kinégo a été mis en ligne il y a moins d'un mois. Plus précisément, son origine remonte a environ un an et demi, j'ai alors eu l'idée de créer cet outil. Je pensais que les directeurs des instituts de formation avaient préparé le terrain pour mettre en place la première promotion du clinicat. Sauf que la réforme s'est révélée extrêmement chronophage. Les responsables des IFMK ont finalement traité au jour le jour les nouvelles donnes de la réingénierie des études. Pour faire face à la difficulté de trouver des stages longs, ils ont obtenu l'autorisation de l'ARS Île-de-France de scinder la période de clinicat en deux fois. Sauf que cela, à mon avis, dénature complètement l'objectif du clinicat. Si le législateur avait laissé la possibilité de le faire en deux parties, initialement, cela était uniquement destiné aux étudiants souhaitant s'orienter vers la recherche.
"Aujourd'hui, la problématique de la difficulté de trouver des stages longs est renforcée par le fait que ce sont les instituts qui donnent leurs agréments aux terrains de stages, et ils se retrouvent en quelque sorte en concurrence pour trouver des terrains aux stagiaires hospitaliers et libéraux."

H. : La problématique des stages en Île-de-France n'est pas nouvelle...

Y. T. : Tout particulièrement en Île-de-France, depuis 2008, un groupe de travail a été mis en place pour réfléchir à la mise en stage des étudiants en libéral. À cet époque, après une grève des stages hospitaliers, le secteur libéral a pris le relais, et de nouveaux terrains d'accueil de stagiaires ont été développés. La législation a évolué. Pour accompagner les professionnels, en 2013, alors que j'étais secrétaire général adjoint de l'URPS, a été mis en place dans le cadre d'un contrat pluriannuel d'objectif et de moyen (Cpom) avec l'ARS, une première formation des tuteurs de stage. Pour cela, l'URPS a élaboré une charte de mise en stage avec les instituts de formation, l'Ordre des masseurs-kifnésithérapeutes, les étudiants, des avocats et l'ARS. Le document a été repris par l'ensemble des IFMK. Ce document a alors servi de base aux formations au tutorat. Une cinquantaine de professionnels de la région ont été formés pour prendre en stage des étudiants. Aujourd'hui, la problématique de la difficulté de trouver des stages longs est renforcée par le fait aussi que ce sont les instituts qui donnent leurs agréments aux terrains de stages, et ils se retrouvent en quelque sorte en concurrence pour trouver des terrains aux stagiaires hospitaliers et libéraux. 

H. : Des professionnels ont-ils d'ores et déjà utilisé l'outil d'auto-évaluation Kinégo ?

Y. T. : Oui, en effet, une cinquantaine d'entre eux ont suivi le cursus Kinégo. L'accès au logiciel a été donné par l'URPS à l'ensemble des masseurs-kinésithérapeutes de la région Île-de-France ainsi qu'à l'ensemble des directeurs des instituts de formation et à leurs référents. Le parcours d'auto-évaluation proposé par l'outil via ses six scénarios prend entre deux et trois heures. Nous souhaitons vivement que les étudiants fassent connaître cet outil à leurs maîtres de stage. L'URPS espère également que des tuteurs qui s'ignorent se révèlent grâce à Kinégo."

Propos recueillis par Lydie Watremetz

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