Le premier vice-président du comité national du Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP), Christophe Roth, met en garde contre les effets à long terme de la crise liée au Covid-19. Hospimedia : "En quoi consistent les actions du Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) à l'heure du confinement ?
Christophe Roth : Nous avons rapidement mis en place une organisation adaptée composée d'équipes relais en région qui sont pilotées par les directeurs territoriaux handicap pour répondre aux nombreuses sollicitations des employeurs. Nous avons notamment des demandes pour les aides exceptionnelles : le FIPHFP prend en charge dans une limite de 1 000 euros (€) les frais d'équipements informatiques dont l'installation a été effectuée entre le 16 mars et la fin du confinement pour les personnes en situation de handicap pour aménager les postes de télétravail. Nous prenons également en charge pour les apprentis bénéficiaires de l'obligation d'emploi des frais d'équipements informatiques dans une limite de 500 €. Le FIPHFP a aussi innové pour maintenir le lien avec les employeurs : il relaie des informations au quotidien, il alimente son site Internet, il organise des webinaires au niveau des handipactes et assure de la formation continue à distance.
H. : Comment abordez-vous la période du déconfinement ?
C. R. : Jusqu'à présent, nous étions dans la gestion de la crise sanitaire. Depuis la semaine dernière, nous commençons à travailler sur le déconfinement et nous allons essayer de mesurer les impacts et de faire des propositions en cohérence avec le terrain. Pour l'instant, nous n'avons pas d'initiatives concrètes mais c'est un sujet majeur qui nous préoccupe et nous mobilise. Plus largement, la crise sanitaire aura un impact humain, social et sur l'emploi. Au niveau de la fonction publique, nous avons des agents, ce qui signifie que nous n'aurons pas nécessairement l'impact lié à une hausse du chômage ou à la perte d'emploi. Cependant, nous risquons d'avoir des troubles importants d'ordre psychique et mental avec peut-être, pas trop j'espère, d'inaptitudes liées à cette crise sanitaire. D'autre part, il est très clair que nous sommes mobilisés pour préserver l'esprit de la loi du 11 février 2005 sur l'égalité des chances.
H. : Vous parlez des impacts de la crise sanitaire, quels peuvent-ils être sur l'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap, notamment dans les hôpitaux ?
C. R. : Aujourd'hui, le taux d'emploi de personnes en situation de handicap dans la fonction publique hospitalière est de 5,5%, c'est-à-dire très proche du seuil prévu par la loi de 6%. Cela nécessite un accompagnement au regard de ce contexte exceptionnel. Nous sommes incapables de mesurer les impacts en matière de chocs post-traumatiques, d'épuisement, de séquelles dues à ce rythme infernal et à la gestion des situations dramatiques auxquelles les professionnels sont confrontés. Nous pouvons nous attendre à des troubles psychiques ou cognitifs liés à l'épuisement et à ces scènes hors de l'ordinaire. Au FIPHFP, nous y sommes très attentifs mais c'est compliqué à l'heure actuelle où les services des ressources humaines hospitaliers ont d'autres urgences à traiter que la politique handicap.
H. : Actuellement, est en projet une convention quinquapartite entre le FIPHFP, l'Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph), Cheops, la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) et Pôle emploi. Elle vise le rapprochement de ce dernier avec le réseau Cap emploi (lire notre article). Quel est le rôle esquissé pour la FIPHFP dans cette nouvelle organisation ?
C. R. : À l'heure actuelle, l'orientation d'un demandeur d'emploi n'est pas toujours très claire, que cela soit dans le privé ou le public. On pourrait même dire que les personnes en situation de handicap peuvent avoir l'impression d'être baladées entre Pôle emploi et Cap emploi. C'est pourquoi le FIPHFP est favorable à ce rapprochement. Cela devrait permettre de faciliter les parcours. Quant à nous, nous allons intensifier notre travail de formation pour être au plus proches des conseillers et apporter les éléments techniques, juridiques et la mallette à outils. Ainsi, ils pourront orienter les agents en situation de handicap ou les salariés de droit privé qui veulent aller vers le public avec des règles spécifiques. Toutefois, nous ne connaissons pas encore les contours des missions précises."