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Canceroscope

Les chimiothérapies continuent à être administrées en majorité dans le secteur public

En huit ans, les prises en charge en cancérologie ont évolué. Hospimedia s'est appuyé sur la statistique nationale des établissements de santé pour décrire les mutations du secteur en 2014, 2019 et 2022. Ce deuxième volet porte sur la chimiothérapie : virage domiciliaire progressif, cartographie des établissements, dispensation des traitements…Dans l'activité de traitement du cancer, la statistique annuelle des établissements de santé (SAE) donne une place à part à la chimiothérapie. Ce deuxième volet du Canceroscope retranscrit l'évolution de l'activité des établissements dans ce domaine. Administré à de plus en plus de patients en traitement ou avant et après une chirurgie, le traitement est administré le plus souvent par injection, ou par voie orale, en hospitalisation complète ou en ambulatoire. Les chiffres croissent de manière similaire pour les deux modes de prise en charge depuis 2014 : +19,3% entre 2014 et 2019 et +9,8% entre 2019 et 2022 pour les séjours, et +19,7% entre 2014 et 2019 et +11,2% concernant les séances. Sur la période, le nombre de séjours en chimiothérapie a augmenté de 27,2% tandis que le nombre de séances a crû de 28,7%. Si la SAE ne donne pas les données du nombre de séjours en hospitalisation complète pour 2014, ceux-ci s'élèvent à 157 765 en 2019 et 132 766 en 2022.


Les prises en charge à domicile progressent quant à elles de manière importante mais dans une proportion relativement faible. Si le nombre de séjours augmente de près de 60% entre 2014 et 2022, il n'atteint que 51 145 en 2022. Près de 20 000 sont comptés à la Fondation santé service, premier acteur français de l'hospitalisation à domicile, contre un peu plus de 7 000 en 2014. Parmi les centres de lutte contre le cancer (CLCC), c'est le centre Léon-Bérard à Lyon (Rhône) qui se démarque, passant de 618 séjours HAD en 2014 à 6 159 en 2022. L'expérimentation du forfait chimiothérapie, rémunération forfaitaire à destination des établissements qui adresseront leurs patients à une structure d'HAD pour une chimiothérapie injectable, devrait donner un coup d'accélérateur à ce changement (lire notre article).

Une progression du nombre de patients plus importante en HAD qu'en MCO

Le nombre de patients adultes a progressé de 24% depuis 2014 en MCO, atteignant plus de 390 000 personnes en 2022. Le nombre de patients ayant reçu une chimiothérapie à domicile a quant à lui plus que doublé, passant de 3 700 en 2014 à 8 900 en 2022. Concernant les patients mineurs, le nombre de ceux pris en charge à l'hôpital ou en clinique n'a pas beaucoup évolué et reste stable autour de 5 200. 179 enfants ont été traités à domicile en 2014 contre 352 en 2022.

Les CHU et CH en première ligne

Les chimiothérapies sont administrées en majorité dans le secteur public. Pour le MCO, la plus grosse progression entre 2014 et 2022 concerne les CHU avec +30% du nombre de séjours et +46% du nombre de séances. Mais lorsque le nombre de séjours est rapporté au nombre d'établissements, les CLCC sont premiers avec une moyenne de 27 000 séjours en 2022. Du côté de l'HAD, c'est le privé non lucratif qui est largement en tête avec un nombre de séjours qui a presque triplé en huit ans. Le secteur compte une quarantaine de structures d'HAD, dont la Fondation santé service en Île-de-France qui réalise plus de la moitié des séjours. Les CHU ont quant à eux plus que doublé leur activité à domicile pour la chimiothérapie, mais ce nombre n'atteint que 10 409 séjours en 2022, soit presque trois fois moins que le privé non lucratif. Plus de 60% sont réalisés par l'HAD de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP).


Les données de la SAE permettent également de voir la répartition sur le territoire des prises en charge en chimiothérapie. Sans surprise, l'Île-de-France dispose de l'offre de soins la plus importante et diversifiée. Concernant le privé non lucratif, certains établissements ont connu une activité en forte augmentation en huit ans comme le groupement hospitalier mutualiste de Grenoble (Isère) ou l'hôpital Robert-Schuman à Metz (Moselle). L'Institut de cancérologie Strasbourg-Europe (Communauté européenne d'Alsace) vient renforcer les chiffres en 2022 après sa création par un groupement de coopération sanitaire entre le CHU et le CLCC Paul-Strauss en 2020. Entre 2014 et 2019, de nouvelles offres de soins ont vu le jour dans l'Aube et Le Creusot.


Une faible baisse du nombre d'établissements

Le nombre de structures réalisant cette activité est relativement stable. En 2014, 699 établissements réalisaient des séjours de chimiothérapie en MCO. Ce nombre est passé à 674 en 2019 puis à 663 en 2022. 121 établissements ont cessé leur activité entre 2014 et 2022 – majoritairement dans le public et le privé commercial à parts égales – et 85 l'ont commencé, en majorité dans le privé. Concernant l'HAD, 123 établissements étaient impliqués dans la chimiothérapie à domicile contre 140 en 2022, avec une hausse dans le secteur privé commercial et non lucratif.

Un déploiement progressif à domicile

Les établissements publics viennent eux aussi combler les manques dans certains départements éloignés des CLCC et des CHU, comme en Charente-Maritime, dans l'Aveyron ou le Doubs. Du côté des centres de lutte contre le cancer et des cliniques privées, la croissance d'activité a été similaire pour les établissements. Concernant l'HAD, les établissements réalisant des chimiothérapies à domicile se sont disséminés sur le territoire. L'activité s'est déployée surtout à l'ouest de la France, portée par des structures du privé non lucratif. La Fondation santé service conserve pour chaque année une place prédominante, avec plus de 19 800 séjours réalisés en 2022 sur un total de 51 400 tous secteurs confondus. À l'est de l'Auvergne-Rhône-Alpes, ce sont les hôpitaux publics qui développent les prises en charge à domicile. En 2022, seuls six établissements réalisant des chimiothérapies à domicile sont du secteur privé commercial.



Perrine Debacker et Jérôme Robillard

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