En huit ans, les prises en charge en cancérologie ont évolué. Hospimedia s'est appuyé sur la statistique annuelle des établissements de santé pour décrire les mutations du secteur en 2014, 2019 et 2022. Ce troisième volet porte sur les unités dédiées : virage ambulatoire de la chirurgie et de la médecine, offre concentrée de pédiatrie…Si la chimiothérapie couvre une part importante de l'activité, ce n'est pas la seule menée dans les unités spécialisées en cancérologie mises en place dans les établissements de santé MCO. Le bordereau cancérologie de la statistique annuelle des établissements permet d'identifier l'activité de ces unités dédiées, qui sont au cœur de ce troisième volet de notre série Canceroscope. Ce qui ne présage pas de l'activité réelle complète des différentes structures de santé dans les territoires.

500 établissements déclarent une activité de médecine

Sur la période 2014-2022, un peu plus de 500 établissements, tous secteurs confondus, déclarent une activité de médecine réalisée dans une unité dédiée. Ils se répartissent en 6 406 lits (+8,06% par rapport à 2014) et 7 498 places ambulatoires (+27,45%, y compris pour assurer de la chimiothérapie en ambulatoire) en 2022 :

• 1 685 lits (-7,72%) et 1 029 places (+27,19%) dans les centres de lutte contre le cancer (CLCC) ;
• 1 625 lits (+18,44%) et 1 368 places (+34,78%) dans les CHU ;
• 1 459 lits (+7,2%) et 2 146 places (+30,38%) dans les hôpitaux publics ;
• 1 113 lits  (+27,49%) et 2 353 places (+17,30%) dans les cliniques ;
• 524 lits (+5,64%) et 602 places (+47,91%) dans les établissements associatifs.

Selon les données de l'Assurance maladie, les effectifs de patients étaient de 3 386 160 en 2022, contre 3 028 430 en 2015 — soit une hausse de 11,81%. En volume d'activité, le nombre de séjours en hospitalisation à temps complet se contracte, avec 29 001 séjours déclarés de moins entre 2014 et 2022 (-11,28%). Cette tendance à la baisse existait déjà avant la crise sanitaire, mais s'est accélérée depuis 2019. L'activité de médecine ambulatoire est bien plus importante, avec près de trois millions de séjours recensés. Entre 2014 et 2022, leur nombre a augmenté de 966 788 (+49,24%) en regroupant tous les secteurs. L'ensemble du panorama des établissements de santé contribue à ce dynamisme, avec des variations par établissements puisque certains ont cessé leur activité et d'autres l'ont réduite.

La chirurgie principalement dans les CLCC

Par ailleurs, d'autres unités sont spécialisées en chirurgie. Les CLCC sont les principaux acteurs de cette offre, ce qui s'explique par la spécialisation de ces établissements. L'oncopôle du CHU de Toulouse (Haute-Garonne) dispose aussi d'une offre capacitaire dédiée à la chirurgie du cancer. Avec 104 lits et places en hospitalisation à temps complet, l'Institut Gustave-Roussy de Villejuif (Val-de-Marne) dispose du plus important capacitaire déclaré en 2022. Un dimensionnement en diminution par rapport à l'année avant la crise sanitaire mais compensé par une hausse de l'offre ambulatoire. Pour cette dernière, avec 26 places, c'est l'Hôpital privé du Val-d'Yerres (Essonne) qui dispose de la capacité la plus importante.

Cette bascule du capacitaire vers l'ambulatoire se retrouve dans les évolutions des séjours dans les unités dédiées. En volume, les CLCC représentent la grande majorité des séjours, que ce soit en hospitalisation à temps complet ou à temps partiel. L'évolution des données entre 2014 et 2022 permet de constater le virage ambulatoire pris en chirurgie des cancers dans les centres spécialisés, avec un nombre de séjours plus que doublé dans les CLCC — alors que celui à temps complet a légèrement augmenté avant la crise du Covid.

Les CHU premiers acteurs de la pédiatrie

Les patients mineurs sont pris en charge, lorsqu'ils sont dans une unité dédiée, en majorité dans les CHU et les CLCC. Ces deux catégories assurent l'ensemble de l'activité de chirurgie pédiatrique du cancer identifiée en 2022, avec 362 séjours en hospitalisation complète et 1 233 à temps partiel dans le public et 32 et 63 pour le privé non lucratif. Quant à l'activité de médecine de pédiatrie, elle existe aussi dans d'autres établissements — à noter que les données n'étaient pas collectées en 2014. Les hôpitaux publics hors CHU représentent par exemple 2 374 séjours en hospitalisation complète en 2022. Un volume loin d'être comparable avec celui des CHU (40 303 séjours) et les CLCC (9 390 séjours). Sur les 9 267 séjours en hospitalisation complète, 5 690 ont eu lieu dans une unité dédiée de CHU (61,4% des séjours) et 3 195 dans une unité implantée dans un CLCC (34,48%). À noter que les CHU assurent le plus souvent l'offre spécialisée, sauf à Lille (Nord) et Lyon (Rhône) où les centres de lutte contre le cancer Oscar-Lambret et Léon-Bérard portent l'activité.

Avec plus de 3 000 séjours en ambulatoire, les CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), de Nancy (Meurthe-et-Moselle) et de Strasbourg (Collectivité européenne d'Alsace), l'hôpital Robert-Debré de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris et l'Institut Gustave-Roussy sont les cinq centres dont l'activité pédiatrique est la plus importante. Les instituts Gustave-Roussy et Curie sont les deux seuls établissements qui déclarent plus de 1 000 séjours en hospitalisation complète. Du côté des CHU, c'est celui de Bordeaux (Gironde) qui a la plus grosse activité.