Gestion des risques
L'interdiction des visites en Ehpad divise les fédérations entre protection et isolement
Le 11 mars, le Gouvernement a suspendu les visites dans les Ehpad et unités de soins longue durée. Une mesure nécessaire pour l'ensemble des fédérations face au Covid-19 mais qui suscite pour certaines des problèmes d'éthique et d'organisation.Le Gouvernement a décidé ce 11 mars de renforcer les mesures de protection des personnes âgées. Jusqu'à nouvel ordre, l'intégralité des visites de personnes extérieures aux Ehpad et unités de soins de longue durée (ULSD) est suspendue (lire notre article). Les fédérations sont unanimes : cette mesure de renforcement était indispensable.
Le Synerpa a fait de sa priorité le barrage au Covid-19 dans les établissements d'hébergement de personnes âgées. Il accueille lui aussi favorablement cette nouvelle mesure restrictive. "Nous avons trop peu de masques pour en équiper les visiteurs, l'enjeu est donc de protéger le personnel et de se préparer à traiter des cas de malades en interne en cas de phase 3", détaille Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa. Le syndicat a déterminé les situations qui pourraient faire exception : l'accompagnement de la fin de vie ou la décompensation trop importante liée à l'absence de visiteurs.
La Fnapaef regrette elle aussi l'absence d'anticipation de la part du Gouvernement qui a pris une mesure drastique "sans mesurer le bénéfice-risque". "Il y a des conjoints désespérés qui se rendaient tous les jours en Ehpad, explique à Hospimedia Claudette Brialix, présidente de la Fnapaef. Certains nous disent : "Ma femme a Alzheimer et si je ne viens pas, elle meurt.""Pour éviter la souffrance de l'abandon, la fédération préconise un traçage des entrées et un strict respect des mesures d'hygiène, afin de conserver les visites des aidants, des professionnels libéraux et des associations. "Sans leur animation, on est dans un mouroir total alors que ce devrait être un lieu de vie."
Pour la Fehap, à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. "C'est la pire solution mais compte tenu de la contagiosité du virus, on est obligé de la mettre en place, assène pour sa part Jean-Christian Sovrano, directeur de l'autonomie et des parcours de vie à la Fehap. Entre la garantie du principe de liberté qu'on appelle de nos vœux et la sécurité sanitaire des personnes âgées, on privilégie la deuxième."
Sur Twitter, l'association des Petits Frères des pauvres attire l'attention sur la nécessité de maintenir les liens avec les personnes âgées. Pour éviter l'isolement des résidents et patients en ULSD, les fédérations incitent les directeurs d'établissement à mettre en place des solutions alternatives aux visites, comme les appels téléphoniques ou vidéo. Des dispositions de dernier recours en attendant la levée de cette mesure exceptionnelle "dès que la situation le permettra".
Un mal nécessaire
Jusque-là, les visites en Ehpad et ULSD étaient seulement déconseillées. "C'est une situation pour laquelle on ne pouvait pas rester dans le flou, estime Marc Bourquin, conseiller stratégique à la FHF contacté par Hospimedia. Le risque létal justifie des mesures extrêmement douloureuses pour les résidents et leurs familles." Il rappelle que cette mesure est assortie à une possibilité d'exception qui permettra de sécuriser au maximum les visites indispensables en cas de fin de vie ou d'atteinte de la santé psychologique des patients et résidents. La Fnaqpa est du même avis. "Cette mesure est justifiée et permet d'apporter un appui aux directeurs pour faire appliquer l'interdiction dans leurs établissements", déclare à Hospimedia Clémence Lacour, responsable des relations institutionnelles de la Fnaqpa. Elle salue la marge d'appréciation laissée aux directeurs, en lien avec l'ARS, pour gérer les situations au cas par cas.Le Synerpa a fait de sa priorité le barrage au Covid-19 dans les établissements d'hébergement de personnes âgées. Il accueille lui aussi favorablement cette nouvelle mesure restrictive. "Nous avons trop peu de masques pour en équiper les visiteurs, l'enjeu est donc de protéger le personnel et de se préparer à traiter des cas de malades en interne en cas de phase 3", détaille Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa. Le syndicat a déterminé les situations qui pourraient faire exception : l'accompagnement de la fin de vie ou la décompensation trop importante liée à l'absence de visiteurs.
Isoler pour protéger
Lors du point de situation sur l'évolution de la pandémie de coronavirus ce 11 mars, le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran a évoqué la nécessité de cette mesure exceptionnelle : "J'ai conscience de l'isolement que cela représente pour les personnes âgées, du poids que cela représente pour les familles qui souhaiteraient exprimer à leurs proches toute leur attention. Mais face au risque, la protection signifie parfois l'isolement." Invité sur LCI le même soir, il évoque pour justifier sa décision le cas d'un Ehpad où 35 résidents et membres du personnel ont été contaminés par une personne extérieure à l'établissement.Le difficile équilibre bénéfices-risques
Si toutes les fédérations reconnaissent qu'un principe de précaution est nécessaire pour cette population fragile, certaines s'inquiètent de l'isolement engendrés par ce confinement. Dans un communiqué, l'AD-PA s'inquiète de l'équilibre entre sécurité et liberté pour préserver la santé physique et affective des personnes âgées. Elle demande "qu'une réelle réflexion éthique soit menée sur ces sujets et que le Conseil consultatif national d'éthique soit saisi dans l'urgence". L'AD-PA souhaite ainsi négocier avec l'État des aménagements équilibrés en proposant des supports de discussions avec les ARS.La Fnapaef regrette elle aussi l'absence d'anticipation de la part du Gouvernement qui a pris une mesure drastique "sans mesurer le bénéfice-risque". "Il y a des conjoints désespérés qui se rendaient tous les jours en Ehpad, explique à Hospimedia Claudette Brialix, présidente de la Fnapaef. Certains nous disent : "Ma femme a Alzheimer et si je ne viens pas, elle meurt.""Pour éviter la souffrance de l'abandon, la fédération préconise un traçage des entrées et un strict respect des mesures d'hygiène, afin de conserver les visites des aidants, des professionnels libéraux et des associations. "Sans leur animation, on est dans un mouroir total alors que ce devrait être un lieu de vie."
Pour la Fehap, à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. "C'est la pire solution mais compte tenu de la contagiosité du virus, on est obligé de la mettre en place, assène pour sa part Jean-Christian Sovrano, directeur de l'autonomie et des parcours de vie à la Fehap. Entre la garantie du principe de liberté qu'on appelle de nos vœux et la sécurité sanitaire des personnes âgées, on privilégie la deuxième."
La question du vote
Se posent également des questions pratiques d'organisation. Depuis l'annonce de la mesure, la Fnadepa est submergée de questions par ses adhérents, notamment en prévision de l'organisation du vote aux élections municipales. "Les sorties des résidents posent question, confie sa directrice Annabelle Vèques-Malnou à Hospimedia. Comment les amener voter sans risque ? Que faire des bénévoles, des prestataires ? Et comment gérer le confinement sur la durée sans qu'il y ait un impact psychologique pour les résidents ?" La fédération a demandé des clarifications au ministère de la Santé pour organiser sereinement le vote des 15 et 22 mars.Sur Twitter, l'association des Petits Frères des pauvres attire l'attention sur la nécessité de maintenir les liens avec les personnes âgées. Pour éviter l'isolement des résidents et patients en ULSD, les fédérations incitent les directeurs d'établissement à mettre en place des solutions alternatives aux visites, comme les appels téléphoniques ou vidéo. Des dispositions de dernier recours en attendant la levée de cette mesure exceptionnelle "dès que la situation le permettra".
Un coup de fil, une carte, un petit mot...
— Petits Frères des Pauvres (@PFPauvres) March 11, 2020
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