La mission des journalistes d'HOSPIMEDIA est d'analyser et de vérifier les informations des secteurs sanitaire et médico-social. Notre rédaction vous garantit ainsi des contenus fiables et exclusifs.
En savoir plus sur notre traitement de l'information.
Politique de santé

Le suivi des décès en Ehpad sera rendu possible "dans les tout prochains jours"

Fini les données éclatées et disparates. Ce 24 mars, la Direction générale de la santé a annoncé travailler à un outil de surveillance de la mortalité dans les établissements médico-sociaux. Disponible "dans les tout prochains jours", il devrait contribuer à mieux cibler les actions de soutien et d'accompagnement dans les structures en difficulté.
Le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a annoncé ce 24 mars la mise en place d'un "dispositif de surveillance spécifique des décès" en Ehpad. Les précisions techniques n'ont pour l'heure pas été détaillées.
Le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a annoncé ce 24 mars la mise en place d'un "dispositif de surveillance spécifique des décès" en Ehpad. Les précisions techniques n'ont pour l'heure pas été détaillées.

Le flou va-t-il enfin être levé ? Après avoir signalé à plusieurs reprises son incapacité à mesurer l'impact de l'épidémie de Covid-19 en Ehpad, le Gouvernement a annoncé son intention de mettre en place un dispositif spécifique de suivi de la mortalité au sein de ces établissements. Celle-ci est attendue "pour les tout prochains jours", a ainsi fait savoir le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, ce 24 mars.

"Des formes sévères" recensées en Ehpad

Dans une lettre envoyée au ministère des Solidarités et de la Santé le 20
 mars, les fédérations médico-sociales ont partagé la "situation préoccupante observée dans un nombre de plus en plus élevé d'établissements et services", avec une extension du nombre de cas "rapide" auprès d'une population "à très haut niveau d'exposition d'infections au coronavirus" (lire notre article). Un constat partagé par Jérôme Salomon en évoquant les "signaux d'Ehpad qui signalent des formes sévères et des décès sur différents territoires". Même sans données officielles, les exemples locaux illustrent de fait la sévérité du virus Sars-Cov-2 une fois les murs des établissements passés.

Au 18 mars, onze décès étaient confirmés par l'Est Républicain à l'Ehpad de Thise (Doubs), dont sept en l'espace de 24 heures. Le 23 mars, sept décès et dix-huit personnes malades dont trois dans un état grave étaient décomptées par le directeur de l'Ehpad de Sillingy (Haute-Savoie) et vingt autres au sein de l'Ehpad Le Couarôge de Cornimont (Vosges, lire notre article). Ce 24 mars à 14 heures, l'ARS Île-de-France a confirmé treize autres morts sur l'Ehpad Rothschild de Paris. Autant de situations qui font craindre aux fédérations "plus de 100 000 décès dans l'éventualité d'une généralisation" des cas.

Vers un suivi quotidien de la mortalité...

Devant la pression du terrain et le besoin de chiffres
, le Gouvernement a donc annoncé revoir sa stratégie de surveillance. Jusque-là, celle-ci était axée sur les données hospitalières remontées par le biais de l'application Sivic et sur les chiffres CepiDC de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). "Nous avons demandé à Santé publique France de mettre en place une surveillance spécifique des décès survenus en collectivité de personnes âgées et en particulier un suivi quotidien de la mortalité dès lors qu'un Ehpad, par exemple, ou un établissement médico-social signale un cas suspect et éventuellement un décès", a ainsi détaillé Jérôme Salomon.

Contactée par Hospimedia, la Direction générale de la santé a fait savoir que l'application permettant le recueil de ces données est "en cours de développement". Celle-ci devrait être opérationnelle "dans les tout prochains jours"
 — plus précisément "la semaine prochaine", d'après les déclarations du DGS de ce 25 mars au soir — et "permettra de couvrir les deux principaux lieux de survenue des décès liés aux Covid-19 : ceux de l'hôpital, ceux des Ehpad", a encore précisé Jérôme Salomon. La remontée quotidienne des données pourra être déclinée au niveau régional et départemental.

... pour plus de visibilité sur les besoins

Pour l'ARS Île-de-France, ces nouvelles données seront salutaires. "La direction de l'autonomie a installé une cellule de crise, elle est en contact permanent avec les directeurs d'Ehpad depuis le début de l'épidémie. Les établissements sont prêts depuis des semaines, ils ont activé leur plan bleu mais nous rentrons dans une autre phase et notre problématique aujourd'hui, c'est que l'on ne sait pas du tout qu'elle est réellement l'ampleur de la situation dans les établissements", précise l'agence. Aussi le répète-t-elle
 : "Il faut que l'on puisse donner le nombre de décès Covid-19 dans nos Ehpad."

Au 24
 mars à 14 heures, 148 établissements franciliens pour personnes âgées dépendantes ont déclaré au moins deux cas de Covid-19 parmi leurs résidents et 61 décès étaient recensés. Ces chiffres, insiste cependant l'agence, sont à prendre avec une extrême précaution. "On ne peut pas dire quel est véritablement le nombre de cas Covid-19 en Ehpad car on ne dépiste que les premiers cas, à partir du troisième, on ne dépiste plus, on parle de cluster." À partir de ce moment, les chiffres relèvent des déclarations réalisées par les médecins. Quant aux décès, "tous ne sont pas nécessairement liés" au coronavirus. Ces nouveaux chiffres devraient donc permettre de mieux cibler l'action des agences auprès des structures.

Reste à savoir sur quelles bases le recueil des informations sera réalisé. Si la doctrine n'a à ce jour pas été détaillée, la question de la disponibilité des tests de dépistage prend quant à elle tout son poids alors que pourrait se profiler avec cet outil un nouveau besoin de tests. Interrogé ce 25
 mars au soir à l'occasion d'un nouveau point presse, Jérôme Salomon a clarifié ce dernier point. "La stratégie est la même", soit un dépistage sur les deux ou trois premiers cas. Et d'évacuer d'emblée l'hypothèse d'un test post mortem ou d'autopsie. "L'enquête sur les décès est quelque chose de très délicat", a-t-il déclaré. "Il n'y a pas de débat sur l'imputabilité [d'un décès au Covid-19]. Dans une période épidémique, les décès, même s'il n'y a pas de test, sont considérés comme liés à l'épidémie."

Ehpad : des lieux suivis de près par les ARS

Dans les Hauts-de-France, l'ARS a mis en place une enquête quotidienne régionale auprès de tous les établissements médico-sociaux dans le cadre du coronavirus. Sont ainsi remontés les cas confirmés et les décès. Au 24 mars, le territoire enregistre 88 résidents d'Ehpad confirmés positifs parmi vingt-cinq Ehpad. 29 décès sont à déplorer. En Bourgogne-Franche-Comté, 80 des 400 établissements de la région ont signalé des difficultés liées à la gestion du Covid-19. Tous les départements sont touchés, à l'exception de la Nièvre, faiblement impactée à ce stade, selon l'ARS.

Agathe Moret

Découvrez tous les articles de la rédaction d'HOSPIMEDIA

Profitez d'un accès gratuit au journal pendant un mois

À la une

À la une

Psychiatrie — Le Psytruck du CHU de Nîmes s'attelle à l'enjeu majeur de l'accès des jeunes aux soins

Lire l'article

Éthique — L'Institut pour la prévention des vulnérabilités liées à la santé veut faire référence

Lire l'article

Économie — La création des services autonomie appelle à une refonte globale du modèle économique

Lire l'article

HOSPIMEDIA,
l'information indispensable aux décideurs de la santé

  • Une édition envoyée chaque matin par email avec l'essentiel de l'actualité
  • La couverture complète du sanitaire et du médico-social sur toute la France
  • L'indépendance journalistique, garantie sans publicité