Le recours aux étudiants en Ehpad pour renforcer les effectifs doit se faire en sécurité
Un dispositif attendu
Le dispositif avait été annoncé par courrier, quelques jours plus tôt, aux directions régionales et départementales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS et DDJSCS). La Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) qui signe cette lettre part du principe que la fermeture le 16 mars des établissements de formation en travail social ainsi que la suspension de certains stages va libérer des étudiants. Ils sont susceptibles de se porter volontaires dans le cadre d'un contrat à durée déterminée (CDD) ou d'une convention spécifique de stage. La DGCS précise qu'elle étudie "la possibilité d'une reconnaissance de cette période dans le cadre du cursus de formation et de la certification finale" de l'étudiant concerné. Elle explique aussi que l'intervention des étudiants "est juridiquement envisageable dans la mesure où les professions du travail social ne sont pas réglementées, à l'exception des assistants de service social". Elle souligne aussi que "ces futurs professionnels étant à des degrés divers d'avancement dans leur cursus de formation, les attentes à leur égard ne pourront évidemment pas être identiques à celles de professionnels aguerris ou même d'étudiants récemment diplômés. Néanmoins, sous réserve d'un encadrement adapté et de la définition claire de leur contexte d'intervention, ils pourront contribuer à assurer la continuité du service dans cette période complexe". Et surtout, la DGCS demande aux différentes directions de la cohésion sociale de rappeler aux employeurs intéressés "les consignes sanitaires permettant d'assurer la sécurité des étudiants".Des craintes sécuritaires
Une précaution qui n'empêche toutefois pas, dans un communiqué du 26 mars, la Fédération nationale de l'action sociale (Fnas) FO de s'inquiéter des conditions dans lesquelles ces étudiants sont appelés à intervenir. Elle reconnaît qu'actuellement les établissements médico-sociaux manquent de personnel mais constate aussi que la sécurité des professionnels n'est pas garantie à cause du manque de masques, de gants ou de gels hydroalcooliques. Elle ajoute qu'"en cas de suspicion ou de coronavirus avéré du personnel ou d'usagers, la désinfection des établissements ou des structures n'est pas forcément organisée. Avec l'absence de réalisation de test obligatoire, personne ne peut savoir s'il ne côtoie pas une personne contaminée." La fédération redoute donc que "des étudiants du travail social soient recrutés sans consignes, mesures de sécurité à la hauteur de cette pandémie mortelle".
Étudiants aides-soignants et affectation
Pour pallier les absences de professionnels contaminés, les établissements des secteurs sanitaire et médico-social semblent se tourner de plus en plus vers les étudiants. Étudiants en médecine et infirmiers diplômés d'État (IDE) peuvent par exemple être mobilisés, dans le cadre de services sanitaires, pour conduire des actions de réorientation ou de prévention. Interrogé à ce sujet par Hospimedia, le 27 mars en conférence de presse, Thomas Le Ludec, directeur général du CHU de Montpellier (Hérault) indique que si l'établissement a réorganisé ses services et les affectations des étudiants déjà présents au CHU, il n'a pas encore fait appel à la réserve sanitaire d'étudiants qui ne faisaient pas partie de l'établissement avant la crise. Par contre, la région Grand-Est a publié le 20 mars un arrêté de mobilisation des étudiants en santé pour notamment les affecter dans certains services ou établissements selon les besoins.Dans le secteur médico-social, la possibilité d'avoir recours à des étudiants interroge certains représentants des fédérations de directeurs d'Ehpad. Lors de leur rendez-vous hebdomadaire le 23 mars avec la DGCS, des voix se sont élevées pour demander entre autres que les étudiants d'écoles d'aides-soignants puissent être réquisitionnés par les établissements du secteur médico-social uniquement lorsqu'ils sont initialement en stage dans un Ehpad par exemple.