Politique de santé
L'Union européenne lance sa plateforme de données pour renforcer la recherche sur le virus
En collaboration avec plusieurs partenaires, la Commission européenne a lancé ce 20 avril sa plateforme de données sur le Covid-19. Prévue dans son plan d'action pour la recherche, elle permettra aux scientifiques de partager leurs travaux.L'Union européenne entend poursuivre ses efforts pour soutenir les chercheurs en Europe et dans le monde entier dans la lutte contre la pandémie du Covid-19. Elle multiplie en ce moment les initiatives comme la présentation d'une feuille de route pour préparer un déconfinement "coordonné" entre les États-membres (lire notre article). Ce 20 avril, le maître-mot était coopération. "Pour vaincre ce virus, nous avons besoin d'un vaccin, de meilleures méthodes de traitements et de tests à grande échelle mais aucun chercheur, laboratoire ou pays ne peut à lui seul trouver la solution", s'est exprimée dans une vidéo la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Pour renforcer les échanges entre les chercheurs de tous les pays, elle a annoncé le lancement d'une plateforme de partage de données Covid-19 qui "aidera les scientifiques à accéder aux données et à partager avec les autres par-delà les frontières, les disciplines et les systèmes de santé".
HSRM, une plateforme pour comparer les politiques de gestion de l’épidémie
À l'initiative conjointe de la Commission européenne, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé, une nouvelle plateforme en ligne a vu le jour début avril. Intitulée Covid-19 Health System Response Monitor (HSRM), elle permet de comparer les politiques de gestion de l’épidémie et ses conséquences dans les différents pays d'Europe, aux États-Unis et au Canada. Elle recense par exemple les mesures mises en place pour ralentir la transmission du virus ou pour prendre en charge les patients infectés, la gouvernance de la crise et les mesures économiques. Les données sont accessibles à tous et "actualisées deux fois par semaine par des correspondants de chaque pays" expliquent à Hospimedia Zeynep Or et Coralie Gandré qui animent le volet français de la plateforme. "Le HSMR permet de récupérer des informations rapidement et de comparer les politiques et systèmes de santé des pays selon différents critères." Des données utiles pour identifier les bonnes pratiques ou les effets pervers de certaines mesures.
Un environnement fiable pour les chercheurs
Cette nouvelle plateforme a pour objectif d'offrir "un environnement européen et mondial, ouvert, fiable et évolutif" dans lequel les chercheurs pourront stocker et partager des ensembles de données, qu'elles consistent en des séquences d'ADN, qu'elles proviennent des essais cliniques ou qu'elles soient épidémiologiques. Pour la créer, la commission s'est associée à l'Institut européen de bioinformatique du Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL-EBI). Y ont contribué également les États membres de l'UE, l'infrastructure Elixir qui stocke et partage depuis 2013 des données biologiques au niveau européen, et le projet COMPARE qui a pour projet d'accélérer la détection et la prise de décision face aux épidémies chez l’homme et l’animal.Des financements européens supplémentaires pour la recherche
L'Union européenne a engagé des fonds importants pour la recherche sur le coronavirus. Les projets portent notamment sur des tests de diagnostic, de nouveaux traitements, de nouveaux vaccins ainsi que l'épidémiologie et la modélisation afin d'améliorer la préparation et la réaction face aux épidémies. Parmi ces financements :- 48,2 millions d'euros sont consacrés à 18 projets de recherche actuellement menés par 151 équipes de recherche du monde entier ;
- 90 millions d'euros sont alloués à l'Initiative en matière de médicaments (IMI) ;
- 80 millions d'euros sont destinés à l'entreprise innovante CureVac pour intensifier le développement et la production d'un vaccin.
La science ouverte au premier plan
La création de cette plateforme fait partie du plan d'action ERAvsCorona. Défini le 7 avril par les ministres de la recherche et de l'innovation des États membres de l'UE, il comprend des actions à court terme "fondées sur une coordination étroite, une coopération, un partage des données et des efforts conjoints de financement entre la Commission et les États membres". Parmi ses dix priorités, il compte l'extension et le soutien de grands essais cliniques à l'échelle de l'UE, l'augmentation de l'aide apportée aux entreprises innovantes et le soutien à un hackathon paneuropéen qui aura lieu à la fin du mois d'avril pour mobiliser les innovateurs européens et la société civile."D'ici quelques jours seront téléchargés des milliers de séquences ADN et des dizaines de milliers d'articles de recherche. La plateforme joue un rôle important dans la construction d'un cloud européen pour la science ouverte."L'Union européenne promeut la science ouverte avec l'objectif de "rendre la science plus efficiente, plus fiable et plus réactive face aux défis sociétaux". La plateforme européenne de données sur le Covid-19 s'inscrit ainsi dans les objectifs du nuage européen pour la science ouverte (EOSC) dont le coup d'envoi a été donné en 2018. Son objectif est d'aboutir en 2020 à un environnement sûr pour que les chercheurs puissent stocker, analyser et réutiliser des données à des fins de recherche, d'innovation et d'éducation.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne