Économie
La progression de l'Ondam 2020 pourrait presque tripler et bondir de 6,5%
Un plongeon abyssal. Et encore, les prévisions demeurent "provisoires" et d'une certaine manière "optimistes". Pour la Sécurité sociale, Gérald Darmanin anticipe un déficit 2020 a minima de 41 Md€. L'Ondam n'augmenterait plus de 2,4% mais de 6,5%.Conséquence économique de la crise sanitaire liée au coronavirus, le déficit 2020 de la Sécurité sociale battrait tous les records pour culminer à 41 milliards d'euros (Md€) avec le fonds de solidarité vieillesse (FSV) inclus. C'est le montant prévisionnel annoncé le 22 avril par le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, à l'occasion d'une audition devant la commission des affaires sociales du Sénat. "Du jamais vu [...], des chiffres qui donnent le tournis", a-t-il d'ailleurs reconnu. Le niveau dépasse de très loin les 28 Md€ enregistrés en 2010, au plus fort de la dernière crise financière (voir l'infographie), rappelle la commission dans un communiqué. Quant à la dette portée par l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), elle flamberait cette année à 45 Md€. Qu'ils paraissent loin les bons chiffres finalement observés sur l'exercice 2019 et dévoilés mi-mars par la Direction de la sécurité sociale (DSS), avec un déficit final du régime général toutes branches confondues à 0,4 Md€ et à 1,9 Md€ en englobant le FSV. Quant à 2020, la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) adoptée cet automne tablait initialement sur des déficits respectifs à 3,8 et 1,4 Md€ (lire notre article).
Les calculs du Gouvernement se fondent également sur l'hypothèse d'une contraction de 7,5% de la masse salariale qui entraînerait, pour la Sécurité sociale, une baisse des recettes d'activité de 20 Md€. À cela s'ajouterait une diminution de 11 Md€ des recettes fiscales elles aussi affectées à la Sécurité sociale. Rien que sur l'Assurance maladie, seuls 24 Md€ ont été encaissés en mars-avril au lieu des 38 Md€ initialement escomptés. Tous ces chiffres demeurent pourtant "provisoires" voire "optimistes", selon le ministre, comme le relate la commission. Si la contraction économique devait dépasser 8%, le plongeon du fameux "trou de la Sécu" serait encore plus conséquent. Pour autant, notent les sénateurs, ces prévisions aussi sombres soient-elles "reflètent le caractère extraordinaire de la situation créée par l'épidémie de Covid-19 et le rôle d'amortisseur que jouent pleinement les administrations de sécurité sociale dans ce contexte, tant vis-à-vis des assurés sociaux que des employeurs".
8 Md€ supplémentaires sur l'Ondam
Pour étayer son prévisionnel de crise, le ministre anticipe un objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) en progression non plus de 2,4%, comme prévu dans la dernière LFSS, mais plutôt de 6,5% : soit un quasi triplement pour une hausse de 8 Md€ malgré les économies liées au très net repli des consultations non Covid-19. Dans son premier avis pour 2020 publié mi-avril, le comité d'alerte sur l'évolution des dépenses d'assurance maladie n'avait pas souhaité se prononcer, se donnant encore un bon mois pour évaluer l'impact du Covid-19 sur l'Ondam. Dans le détail, les 8 Md€ supplémentaires se répartissent ainsi : 4 Md€ pour Santé publique France, qui d'ordinaire dispose d'un budget de 150 millions d'euros ; 3 Md€ pour les établissements de santé, entre autres pour financer les primes coronavirus à leurs personnels ; et 1 Md€ au titre des indemnités journalières accordées pour garde d'enfant.Les calculs du Gouvernement se fondent également sur l'hypothèse d'une contraction de 7,5% de la masse salariale qui entraînerait, pour la Sécurité sociale, une baisse des recettes d'activité de 20 Md€. À cela s'ajouterait une diminution de 11 Md€ des recettes fiscales elles aussi affectées à la Sécurité sociale. Rien que sur l'Assurance maladie, seuls 24 Md€ ont été encaissés en mars-avril au lieu des 38 Md€ initialement escomptés. Tous ces chiffres demeurent pourtant "provisoires" voire "optimistes", selon le ministre, comme le relate la commission. Si la contraction économique devait dépasser 8%, le plongeon du fameux "trou de la Sécu" serait encore plus conséquent. Pour autant, notent les sénateurs, ces prévisions aussi sombres soient-elles "reflètent le caractère extraordinaire de la situation créée par l'épidémie de Covid-19 et le rôle d'amortisseur que jouent pleinement les administrations de sécurité sociale dans ce contexte, tant vis-à-vis des assurés sociaux que des employeurs".