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Hôpital, médico-social et ville alertent sur le danger de rupture des soins hors Covid-19

L'épidémie de Covid-19 mobilise le personnel médical mais la continuité des soins doit être assurée. À l'hôpital, en ville, à domicile ou en établissement pour les personnes âgées et handicapées, les professionnels de santé s'organisent pour maintenir les soins indispensables et éviter des ruptures aux effets délétères.
Dossier en 4 parties :
Le suivi en ville doit être assuré pour éviter le spectre d'une crise dans la crise
La HAS a invité le 2 avril les professionnels de santé à prendre l'initiative d'un contact avec chacun de leurs patients les plus à risques, pour éviter les ruptures de soins des pathologies chroniques. Les libéraux avaient déjà lancé l'alerte.
Dans le contexte d'épidémie et de confinement actuel, les personnes atteintes de maladies chroniques sont considérées comme à risque de développer une forme grave d'infection au Sars-Cov-2. Mais elles sont également susceptibles de voir s'aggraver leur état de santé si elles négligent le suivi de leur maladie. Pour "rappeler aux professionnels les réflexes à adopter, et surtout, les inviter à prendre l'initiative d'un contact avec chacun de leurs patients les plus à risques", la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié le 2 avril un travail pour permettre à ces professionnels d'assurer la continuité de la prise en charge des personnes atteintes de maladies chroniques somatiques pendant la période de confinement en ville. Cette publication intervient alors que de nombreuses voix se sont élevées ces dernières semaines pour éviter d'ajouter une nouvelle crise à la crise.

Confinement et vigilance

Sont ainsi concernés par ces recommandations, les suivis des personnes en affection longue durée (ALD), les personnes âgées à domicile, avec des polypathologies ou avec des psychopathologies, ou encore les personnes n'observant pas leur traitement correctement. "Le confinement a pour conséquence directe une moindre vigilance de ces patients, du fait de la restriction de leurs déplacements, de l'annulation des rendez-vous médicaux ou de la crainte de fréquenter des lieux de soins possiblement infectés", reconnaît la HAS. Elle incite par conséquent les professionnels à rappeler aux patients l'importance de poursuivre leur autosurveillance, traitement de fond, suivi médical et paramédical pour ne pas aggraver leur état de santé. Ils sont aussi invités à évaluer l'environnement social et les conditions du confinement de leurs patients — moyens de communication, disponibilités des médicaments nécessaires, présence d'un entourage — et à renforcer le suivi de ceux qui seraient fragilisés par la crise sanitaire. Cette publication devrait être complétée dans les jours à venir par des travaux spécifiques par maladie chronique, annonce la HAS.

Des rendez-vous en baisse

Car du côté des professionnels de santé, l'attente et l'inquiétude sont fortes. À tel point que dès le 1er avril, une parlementaire a donné l'alerte, dans un courrier adressé au Premier ministre. "Les professionnels de santé, médecins, infirmiers et aides-soignants, sont confrontés à une forte baisse des consultations par les patients atteints de pathologies autres que le Covid-19. Les cabinets sont ainsi désertés par les patients atteints de maladies chroniques ou d'affections dont le suivi est indispensable à la guérison". Tel est le constat formulé par la sénatrice de Meurthe-et-Moselle, Véronique Guillotin (RDSE). Elle s'inquiète en effet de la baisse du nombre de rendez-vous chez les médecins traitants et spécialistes et craint que cette situation n'entraîne "ipso facto des conséquences sanitaires désastreuses". Ce constat est partagé depuis plusieurs semaines par les professionnels de santé libéraux.

Dès le 24 mars, le syndicat MG France rappelait que "les consultations qui ne peuvent être ni différées ni réalisées en téléconsultation ou celles qui concernent les patients souffrant d'une ALD restent des motifs dérogatoires de déplacement autorisé" et estimait que, plus que jamais, le rôle des médecins généraliste est "essentiel". Un avis partagé par le président de l'Union française pour une médecine libre syndicat (UFML-S), le Dr Jérôme Marty, sur les réseaux sociaux.

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La crainte du renoncement aux soins

Et cela ne concerne pas que la médecine générale. C'est par voie de communiqué que les spécialistes de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a exprimé son inquiétude, ce 1er avril. Les spécialistes CSMF s'inquiètent en effet de la "baisse majeure" du nombre de consultations en médecine spécialisée. Ils craignent que "ce refus de soins n'ait de lourdes conséquences sur l'état de santé de nos concitoyens". Ils le rappellent : leurs cabinets sont restés ouverts pour répondre à la demande de soins de tous les patients relevant de leur expertise. Ils saluent en outre l'initiative des spécialistes lorrains qui ont mis en place un numéro d'appel unique pour toute demande de consultation spécialisée. "Cette initiative exemplaire fait tâche d'huile et se développe dans de nombreux autres territoires de la France métropolitaine et des territoires ultramarins", applaudissent les spécialistes CSMF.

Les infirmiers libéraux aussi rappellent qu'ils sont en première ligne dans la lutte contre le Covid-19 mais qu'ils veillent à la poursuite des soins des autres patients. Dans un communiqué daté du 30 mars, la Fédération nationale des infirmiers (FNI) avertit : ils suivent "tous les patients relevant d'autres pathologies qu’il ne faut surtout pas laisser de côté… sous peine de faire naître une nouvelle crise sanitaire".

L'union régionale des médecins libéraux (URPS) et France assos santé des Hauts-de-France signent enfin un communiqué commun daté du 31 mars. Ils s'associent pour rappeler la "nécessaire vigilance à apporter à sa santé en général. Attention à ne pas confondre renoncement aux soins et report de soin", préviennent-ils. Ils demandent ainsi à tous les patients de ne pas renoncer aux soins mais plutôt de les reporter après avoir, dans tous les cas, demandé un avis médical par le ou les professionnels qui assurent le suivi habituel. Cette association a été étendue, ce 3 avril, avec l'union régionale des médecins libéraux de Normandie (URML).

Perrine Debacker, Agathe Moret, Clémence Nayrac et Jérôme Robillard

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