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Hôpital, médico-social et ville alertent sur le danger de rupture des soins hors Covid-19

L'épidémie de Covid-19 mobilise le personnel médical mais la continuité des soins doit être assurée. À l'hôpital, en ville, à domicile ou en établissement pour les personnes âgées et handicapées, les professionnels de santé s'organisent pour maintenir les soins indispensables et éviter des ruptures aux effets délétères.
Dossier en 4 parties :
La baisse d'activité aux urgences fait craindre une perte de chance pour les patients
Depuis le début de l'épidémie Covid-19, l'activité des urgences en pathologies courantes a chuté. Les hôpitaux s'inquiètent d'une aggravation de l'état de santé des patients qui tardent ou ne viennent pas par crainte d'être infectés.
Depuis le début de la pandémie, les urgences qui accueillent les patients présentant des symptômes du virus Sars-Cov-2 sont débordées. Dans le Haut-Rhin par exemple, les places se font rares et les urgentistes se préparent à une longue crise (lire notre article). Depuis le début de la surveillance, 56 831 passages pour suspicion de Covid-19 ont été enregistrés d'après les chiffres du réseau Oscour (Organisation de la surveillance coordonnée des urgences) au 31 mars. Mais alors qu'une partie des urgences voit arriver de plus en plus de patients infectés par le Covid-19, l'autre partie, celle qui accueille les urgences "non-Covid", est désertée.

La crainte de se rendre à l'hôpital

À l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM, Bouches-du-Rhône), "les urgences générales sont en chute libre" explique à Hospimedia le directeur général, Jean-Olivier Arnaud. Et cette baisse touche toutes les pathologies : au CHU de Lyon (Rhône), la fréquentation quotidienne aux urgences ophtalmologiques a été divisée par trois, même constat en cardiologie. Au CHU de Bordeaux (Gironde), le Dr François Rouanet, chef du pôle de neurosciences cliniques, s'inquiète d'une baisse de 50% des urgences neurovasculaires. "On a l'impression de ne voir arriver que les patients dans les états les plus graves, comme s'ils craignaient de venir aux urgences, explique-t-il à Hospimedia. Pourtant c'est sur les accidents vasculaires cérébraux (AVC) les moins sévères, dans les quatre heures après sa survenue, qu'on a le plus d'efficacité avec les traitements." Si le nombre de lits en soins intensifs a été réduit pour libérer du personnel de santé, une équipe est toujours présente pour s'occuper des pathologies non-Covid.



Les Samu-Centre 15 toujours accessibles

Depuis le début de l'épidémie, les appels aux Samu-Centre 15 se sont démultipliés mais les soignants se sont adaptés pour éviter la saturation et garantir un accès à tous en cas d'urgence, qu'elle soit liée au virus ou non. Au CHU de Dijon-Bourgogne (Côte-d'Or), le nombre d'appels a été multiplié par 2 depuis le début de la crise. "Au départ, on a eu comme tout le monde un flot d'appels qu'on a eu du mal à gérer mais on a réussi à s'adapter rapidement pour arriver à un délai d'appel tout à fait convenable", détaille pour Hospimedia le Dr Hervé Roy, responsable du Samu-Centre 15 au CHU. Pour y parvenir, le nombre d'assistants de régulation et de médecins régulateurs a été renforcé et 12 étudiants en médecine sont venus en renfort. Pour garantir l'accès au Samu-Centre 15 aux signalements d'urgences non-Covid, des salles de débordement ont été mises en place, avec des postes de travail téléphoniques et informatiques supplémentaires. Un serveur vocal interactif permet depuis deux semaines de faire un tri en amont entre les urgences en lien avec le Covid-19 ou non. "Il réoriente les appels liés au Covid vers les salles de débordement et ça permet un délai de réponse au 15 tout à fait adapté, même pour les urgences non-Covid”, affirme le Dr Hervé Roy.

Une perte de chance non négligeable

Les précautions sont pourtant prises dans tous les hôpitaux pour éviter la contamination des patients. Dans les services classiques comme dans les services d'urgences, des circuits distincts ont été mis en place pour séparer les patients Covid et non-Covid. Malgré ce système permettant d'assurer l'étanchéité des zones sanctuarisées, les patients n'osent plus se rendre à l'hôpital. Avec des conséquences désastreuses pour leur santé. "Un bébé est arrivé déshydraté parce que les parents ne voulaient pas venir par peur d'attraper le virus alors que leur médecin leur avait dit la veille d'aller aux urgences, raconte à Hospimedia le Dr Fabienne Dalmon, chef de service pédiatrie au CH Métropole-Savoie. Ils n’ont pas voulu déranger, ils retardent leur plainte et tolèrent des choses qu'ils ne tolèreraient pas d'habitude.

D'autant que les symptômes se confondent parfois avec ceux du Covid-19, comme ce fut le cas d'un jeune diabétique arrivé quasiment dans le coma aux urgences pédiatriques du CH Métropole-Savoie. Ses symptômes n'avaient pas alerté ses parents, dans le contexte de l'épidémie. Avant l'apparition du virus, les urgences pédiatriques voyaient passer jusqu'à 80 enfants par jour, leur nombre est passé à moins de 20 actuellement. Tous les hôpitaux appellent ainsi leurs patients à ne pas hésiter à venir aux urgences en cas de nécessité. "Il y a de réelles pertes de chance à ne pas venir à l'hôpital lorsque votre santé est en jeu", insiste le Pr Luc-Marie Joly, chef du service des urgences adultes du CHU de Rouen (Seine-Maritime) dans un communiqué. Nous sommes là pour soigner tout le monde."


Moins de grippe, plus d'accidents domestiques

L'épidémie et le confinement qui en a résulté ont vu changer les motifs de venues aux urgences. Avec parfois des évolutions positives. “Le nombre de passage aux urgences a baissé nettement et il y a beaucoup moins d'accidents sur la voie publique”, témoigne le Dr Hervé Roy, responsable du Samu-Centre 15 au CHU de Dijon-Bourgogne. Côté urgences pédiatriques, le CH Métropole-Savoie constate que le confinement a permis de limiter le partage de microbes chez les enfants et a entraîné la fin des épidémies de gastro-entérite, de grippe ou de bronchiolite. Cependant, les accidents domestiques sont de plus en plus nombreux. Le service SOS Mains du CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle) a constaté une nette augmentation de personnes victimes de blessures nécessitant une intervention chirurgicale en urgence, ce qui l'a conduit à s'organiser avec une filière Covid-19 (lire notre article). Les centres antipoison signalent eux aussi une augmentation du nombre d'intoxications, ce qui a donné lieu à des recommandations de la part de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

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Perrine Debacker, Agathe Moret, Clémence Nayrac et Jérôme Robillard

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